La startup Bop.fm se veut la « Suisse » du streaming musical

Venue se présenter à la conférence LeWeb, la startup de San Francisco est un agrégateur universel de sites musicaux qui promet l’accès à tous les contenus, quelle que soit la source. Son cofondateur et directeur général Shehzad Daredia explique son modèle économique encore émergent.
Delphine Cuny
« Nous avons créé une maison pour toutes les chansons sur Internet » explique Shehzad Daredia.

Ecouter n'importe quelle chanson, découvrir n'importe quel artiste gratuitement (ou presque), partager sa musique avec ses amis qu'ils soient abonnés au même service de streaming que vous ou pas du tout : c'est la promesse de Bop.fm, une startup de San Francisco que l'on surnomme déjà « la Suisse de la musique numérique. » Son cofondateur et directeur général, Shehzad Daredia, qui avait présenté son site l'an dernier à la conférence LeWeb, est revenu cette année pour dévoiler à Paris son application mobile gratuite Bop.fm qui vient de sortir sur l'App Store d'Apple, une version Android suivra début 2015.

Le startupper de 30 ans, passé par l'accélérateur vedette de la Silicon Valley, Y Combinator, a voulu apporter une solution à la fragmentation des droits et des plateformes d'écoute en faisant éclater ces silos et en permettant à chacun de constituer ses listes de chansons universelles.

« Nous avons créé une maison pour toutes les chansons sur Internet. Nous sommes un agrégateur, nous allons chercher automatiquement un titre où qu'il soit, sur Spotify, Deezer, Napster, iTunes, Google Play ou Amazon, YouTube ou SoundCloud, etc. Nous sommes complètement agnostiques vis-à-vis des différents services. Nous nous concentrons sur la musique, pas sur la source. Et nous n'hébergeons pas de contenus nous-mêmes » explique à La Tribune Shehzad Daredia.

Un utilisateur qui n'est pas abonné à un service de streaming pourra au moins écouter gratuitement la chanson qu'il souhaite sur YouTube mais sera invité à l'entendre avec un son de meilleur qualité sur Deezer ou Spotify par exemple, voire à le télécharger.

 Démonstration de l'application

Le Sonos du Web, le Bitly de la musique

Le jeune entrepreneur observe que la musique numérique s'est encore plus fragmentée cette année avec le lancement du service de streaming d'Amazon ou l'exemple de Taylor Swift, l'artiste qui vend le plus aux Etats-Unis, qui a décidé de retirer tout son catalogue de Spotify.

« Techniquement, cela a été un vrai challenge d'intégrer toutes les interfaces de programmation (API) des différents services. Il n'y a pas l'équivalent du numéro international normalisé du livre (ISBN) dans la musique, il a fallu le créer pour indexer tous les titres, afin de pouvoir trouver une chanson, même si elle disparaît d'une plateforme. Nous offrons la même interopérabilité que le fabricant d'enceintes Sonos propose au niveau du matériel. Nous sommes le Sonos du Web » résume-t-il.

Le cofondateur de Bop.fm se compare aussi à Bitly, le réducteur d'adresses Internet (URL), très utilisé sur les médias sociaux, puisqu'il fournit un lien permanent vers des titres, pour la musique. La startup de sept personnes a levé 2 millions de dollars il y a six mois auprès du fonds Charles River Ventures.

Le site Web de Bop.fm a passé le cap des 50 millions de chansons écoutées en juillet dernier. Shehzad Daredia ne communique pas le nombre d'utilisateurs mais assure avoir enregistré « une croissance plutôt sympathique et l'application mobile va clairement nous permettre d'accélérer. L'avenir de notre entreprise se jouera sur le mobile. » Si le site et l'application ont une portée mondiale, Bop.fm doit prendre en compte les différences de droits, de dates de sortie pays par pays « c'est notre algorithme qui s'en charge. Nous mettons à jour les sources en temps réel. »

Un modèle d'affaires en construction

Quel modèle d'affaires pour ce service gratuit qui met l'accent sur la découverte et le partage et n'a pas à supporter les coûts des reversements aux ayants droit ?

« Pour l'instant, nous nous concentrons sur l'expérience utilisateur, la monétisation n'est pas notre priorité. Mais nous gagnons déjà de l'argent avec l'affiliation : nous prenons une commission sur les abonnements réalisés via notre service ou sur les téléchargements » explique Shehzad Daredia.

Il assure que « les services de streaming musical apprécient Bop.fm car nous sommes un canal marketing pour eux, nous facilitons la monétisation de leurs services. » Bop.fm est en quelque sorte un « over-the-top » des acteurs « over-the-top » : il ajoute une couche de service et de logiciel « par-dessus » le service de streaming qui opère lui-même « au-dessus » des réseaux des opérateurs télécoms.

La startup envisage d'autres sources de revenus, la vente de forfaits d'Internet mobile, la recommandation de produits, la commercialisation de données d'usage compilées et anonymisées, etc. Google avec YouTube et même Facebook mettent de plus en plus l'accent sur la musique, « un des contenus les plus partagés sur Internet », mais Bop.fm ne les perçoit pas vraiment comme de possibles concurrents mais plus comme des partenaires. Voire, qui sait, des acquéreurs potentiels ?

Voir sa présentation à la conférence LeWeb

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 11/12/2014 à 18:29
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Lire la Tribune en musique et chansons grâce à l'information contenue dans cet article, voilà qui change. Merci

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