Une appli pour choisir son donneur de sperme, entre Tinder et eugénisme

Plus importante banque de sperme de Londres, la London Sperm Bank a lancé une appli qui permet de choisir son donneur de sperme "à la carte" et même paramétrer des alertes en fonction de critères précis. Par le passé, l'institution s'est fait taxer d'eugénisme.
Laszlo Perelstein
Une fois le bon donneur trouvé, l'application permet en quelques tapotements sur l'écran de régler les quelque 950 livres (1.100 euros, soit le même prix que sur le site Internet) pour faire livrer l'échantillon de sperme à une clinique de fertilité.

Couleur des yeux, taille, poids, nationalité mais aussi... origine ethnique et race. La Banque de sperme de Londres (London Sperm Bank ou LSB) a mis en ligne depuis le 21 septembre sur l'App Store et sur Google Play une application qui permet de "commander un papa" à la carte, façon Tinder et autres applis de rencontres.

Outre les différents critères d'apparence physique, les utilisateurs ont accès à un court CV rédigé par l'un des nombreux donneurs anonymes de sperme -la LSB se targue de détenir 25.000 fioles de sperme, ce qui en fait la plus importante banque de sperme au Royaume-Uni-, mais également aux impressions du personnel médical l'ayant rencontré, son niveau d'études ou encore ses informations médicales. Aucune photographie n'est toutefois accessible. Dans son "profil étendu", le "donneur 1062"  est ainsi décrit comme "timide au premier abord" mais s'est révélé être un "penseur profond" au fur et à mesure de l'avancée du programme.

Une fois le bon donneur trouvé, l'application permet en quelques tapotements sur l'écran de régler les quelque 950 livres (1.100 euros, soit le même prix que sur le site Internet) pour faire livrer l'échantillon de sperme à une clinique de fertilité.

"Wish list" et eugénisme

Malgré la pléthore de candidats, il est toutefois possible pour certains couples et femmes seules de ne pas trouver le profil "idéal", d'où la mise en place d'une "wish list" avec alertes. Une option propre à l'application -qui est essentiellement une copie conforme du site Internet déjà existant- et qui vient rappeler que les banques de sperme frôlent souvent de très près la frontière avec l'eugénisme. La London Sperm Bank avait ainsi fait la Une de nombreux journaux l'année passée en refusant les dons d'hommes atteints de dyslexie, d'autisme ou de troubles du déficit de l'attention.

Bien que répondant aux normes de la Human Fertilisation and Embryology Authority (la HFEA, l'autorité gouvernementale en charge de la régulation de la fécondation in vitro, l'insémination artificielle et le stockage de sperme et embryons humains), l'application a été critiquée par des groupes "pro-vie" (ou "pro-life", adversaires notamment de l'avortement libre).

Interrogée par le Times, Josephine Quintavalle, fondatrice du groupe de pression catholique Comment on Reproductive Ethics ("Commentaire sur l'éthique de la reproduction"), a ainsi regretté cet "ultime dénigrement de la paternité", critiquant la "reproduction à travers le téléphone mobile" qui engendre des "pères numériques".

Laszlo Perelstein

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.