Deux ans après avoir touché le fond, WeWork entre enfin en Bourse en s'alliant avec un SPAC

Le géant américain du coworking va enfin réussir à entrer à Wall Street grâce à une fusion avec BowX, un véhicule déjà coté. La nouvelle entité est valorisée environ 9 milliards de dollars, bien loin des 47 milliards de valorisation théorique du champion des bureaux partagés en 2019.
Sa fusion avec BowX, véhicule (ou SPAC) déjà coté à New York, a été actée mardi. L'introduction en Bourse est annoncée pour demain.
Sa fusion avec BowX, véhicule (ou SPAC) déjà coté à New York, a été actée mardi. L'introduction en Bourse est annoncée pour demain. (Crédits : Reuters)

Deux ans après son plongeon vertigineux qui a fait couler beaucoup d'encre, jusqu'à figurer dans une sériele champion de la location de bureaux WeWork entre enfin à Wall Street. En effet, sa fusion avec BowX, un SPAC coté à New York, a été actée mardi 19 octobre et la nouvelle entité, valorisée environ 9 milliards de dollars, sera cotée dès jeudi 21 octobre sous le symbole "WE". Le recours à un SPAC (Special purpose acquisition company) déjà coté permet à Wework de s'introduire en Bourse plus facilement qu'en passant par une entrée classique.

| Lire: Comprendre le fonctionnement des SPAC en 10 points

C'est un nouvel horizon qui s'ouvre pour WeWork qui avait abandonné son projet d'introduction en Bourse en 2019, après une série de déboires. Cet abandon constituait en effet l'épilogue de plusieurs semaines agitées pour WeWork, qui n'arrivait pas à attirer les investisseurs en raison de pertes très élevées et d'un modèle économique particulièrement exposé en cas de retournement économique, reposant sur des baux de long terme mais des locations d'espaces sur de courtes périodes.

Valorisée 47 milliards de dollars début 2019 par le groupe japonais SoftBank, l'un de ses plus gros investisseurs, WeWork avait alors senti le sol se dérober sous ses pieds quand le gouffre financier où se trouvait l'entreprise avait été révélé au grand jour en octobre de la même année. L'entreprise avait été sauvée de la faillite in extremis grâce à l'injection de 8 milliards de dollars par Softbank.

Pour sortir de la spirale infernale, le géant américain qui dispose de 762 espaces de travail dans 38 pays et 150 villes, avait nommé à sa tête en février 2020 Sandeep Mathrani, un vétéran du secteur immobilier au profil plus consensuel que celui d'Adam Neumann, son co-fondateur et ancien patron, dont les frasques avaient fini par lasser les investisseurs et poussé vers la sortie avec une grosse indemnité de départ. La nouvelle équipe dirigeante a procédé ensuite à une cure d'austérité, supprimant plusieurs milliers de postes dans le monde et réduisant le nombre de leurs contrats de location.

"WeWork s'est transformé grâce à la restructuration de ses activités et de sa structure financière, au réajustement de son portefeuille immobilier et, surtout, au recadrage de son produit de référence", a indiqué à l'AFP Anthony Yazbeck, directeur des opérations du groupe.

Changement de stratégie

Connu à ses débuts pour viser un public jeune, constitué en grande partie de travailleurs indépendants, WeWork s'est d'avantage tourné vers des entreprises de plus de 500 salariés à la recherche d'espaces de travail au cœur des métropoles, où se situent généralement les bureaux WeWork. Elles représentent aujourd'hui un peu plus de la moitié de la clientèle, contre 42% fin 2019.

A Paris par exemple, l'agence de communication Dentsu a décidé de s'installer dans un bureau WeWork, dans le 17e arrondissement. "On voulait des bureaux plus sympas avec plus d'espace collaboratif qu'avant", explique Pierre Calmard, le PDG de Dentsu France. "L'idée c'est d'aller au travail pour y trouver un vrai plaisir et y rencontrer ses collègues plutôt que ce soit un passage obligé ou un rituel du lundi matin 9h00 au vendredi 19h00."

Il faut dire que la pandémie, malgré les confinements qui ont vidé les bureaux dont ceux de WeWork, a accéléré le travail hybride (avec une partie en télétravail). WeWork mise en effet sur la pérennisation des nouveaux modes d'organisation du travail dans le monde post-pandémique. Dentsu permet par exemple à ses collaborateurs de venir au bureau autant de jours qu'ils le souhaitent dans la semaine en alternance avec le télétravail.

Durant la crise du Covid-19, le géant américain a également lancé un abonnement mensuel, donnant accès aux espaces communs de n'importe quel immeuble du groupe dans le monde, ainsi qu'un service de paiement à la demande dans plusieurs pays (dont les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie), permettant de louer des salles à l'heure ou à la journée.

Certains clients se sont toutefois plaints des conditions contractuelles imposées par WeWork au plus fort des confinements. WeWork avait en effet fait le choix de laisser ses bureaux ouverts au début de l'épidémie - et donc de continuer à facturer les clients -, et incitait même certains de ses employés à venir travailler physiquement dans les bureaux en échange d'une prime de 100 dollars par jour et jusqu'à 500 dollars par semaine, selon le New York Times.

Aujourd'hui, WeWork continue de perdre de l'argent, mais espère devenir rentable au premier trimestre de l'an prochain.

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