En pleine crise du coronavirus, WeWork navigue en eaux troubles

Après une année noire en 2019, WeWork a annoncé jeudi revoir à la baisse ses prévisions pour 2020 en raison de la pandémie du coronavirus. Le géant américain de la location de bureaux se dit pourtant prêt à traverser la crise économique actuelle grâce à 4,4 milliards de dollars de liquidités.
Anaïs Cherif
La licorne américaine WeWork a enregistré des pertes de 1,25 milliard de dollars sur le seul troisième trimestre de l'année 2019, selon les derniers chiffres communiqués.
La licorne américaine WeWork a enregistré des pertes de 1,25 milliard de dollars sur le seul troisième trimestre de l'année 2019, selon les derniers chiffres communiqués. (Crédits : Reuters)

Touché, mais pas coulé ? C'est le message adressé jeudi par WeWork à ses investisseurs. En pleine pandémie de coronavirus, qui provoque un ralentissement mondial de l'économie, le champion de la location de bureaux a annoncé "ne pas être en mesure de tenir les objectifs initialement fixés pour l'année 2020", sans en chiffrer l'impact.

Il se veut néanmoins rassurant et se dit prêt à surmonter les défis posés par la crise du coronavirus grâce à 4,4 milliards de dollars de liquidités dont il disposait à la fin de 2019. La pépite californienne de coworking maintient également le déploiement de son plan quinquennal de croissance, qui table sur un chiffre d'affaires de 7,7 milliards de dollars et l'ouverture de 1,2 million d'espaces de bureaux d'ici à 2024.

Pour autant, l'entreprise continue de creuser massivement ses pertes. WeWork accusait ainsi de 1,25 milliard de dollars de pertes sur le seul troisième trimestre de l'année 2019, selon les derniers chiffres communiqués. En comparaison, il avait enregistré une perte de 1,6 milliard de dollars pour la totalité de l'année 2018. En cause : un modèle économique bancal, qui n'a toujours pas démontré sa capacité à engranger des profits.

Lire aussi : Après WeWork, la fin des valorisations excessives ?

Des bureaux ouverts, en dépit du confinement

Lancée à New York en 2010, WeWork revendique 847 établissements "ouverts ou sur le point d'ouvrir" dans 118 villes et 37 pays. Alors que près de 3 milliards de personnes dans le monde sont appelées à se confiner afin de limiter la propagation du coronavirus, WeWork a pour l'instant fait le choix de laisser ses bureaux ouverts - à l'exception de certains immeubles en Chine et en Inde.

"WeWork est un fournisseur de services et nous avons l'obligation de garder nos bâtiments ouverts", a écrit le nouveau Pdg Sandeep Mathrani, dans un mémo adressé mardi aux employés américains et canadiens. "Nos membres comptent sur nous pour rester ouverts afin qu'ils puissent diriger leurs entreprises, générer des revenus, payer leurs employés et continuer à servir leurs propres clients."

Alors que les Etats-Unis subissent à leur tour l'épidémie de coronavirus, ce choix a fait polémique dans la presse américaine. Dans cette même note, la jeune pousse incitait certains de ses employés à venir travailler physiquement dans les bureaux en échange d'une prime de 100 dollars par jour et jusqu'à 500 dollars par semaine, a rapporté le New York Times.

La pépite, qui revendiquait 662.000 membres à la fin de l'année, devrait néanmoins connaître une baisse de fréquentation. D'une part, son offre, très flexible, permet de louer des bureaux à la journée ou au mois sans engagement. D'autre part, les déplacements sont appelés à être drastiquement réduits en raison du confinement.

Bientôt lâché par SoftBank, son principal investisseur ?

WeWork tente de se relancer après une incroyable descente aux enfers en 2019. Présentée comme l'un des modèles de réussite de l'économie de partage, la jeune pousse a vu sa valorisation dégringoler en seulement deux petits mois, passée de 47 milliards de dollars début septembre à 8 milliards fin octobre.  Ce qui lui suffit, néanmoins, pour rester l'une des licornes les mieux valorisées au monde (ndlr, ces startups non cotées et valorisées plus d'un milliard de dollars).

Mais son projet d'introduction en Bourse a été avorté ; environ 2.400 employés du groupe (soit près de 20% de ses effectifs totaux) ont été virés en novembre et son fantasque cofondateur, Adam Neumann, a été poussé vers la sortie. Il a été remplacé à la mi-février par Sandeep Mathrani, un vétéran du secteur immobilier.

Son principal investisseur, le géant japonais des télécoms et des technologies SoftBank, l'a sauvé in extremis de la déroute. Fin octobre, il s'est engagé à débloquer d'urgence 8 milliards de dollars. Le plan de sauvetage de SoftBank prévoyait initialement un prêt de 5 milliards de dollars, auquel devait s'ajouter 3 milliards pour obtenir 60 % des parts de l'entreprise -  contre un tiers aujourd'hui. Mais le géant japonais chercherait à revenir sur ce dernier point, selon des informations dévoilées par le Wall Street Journal à la mi-mars. Le conglomérat japonais, également très endetté, a d'ailleurs annoncé lundi une vaste opération de rachat de ses propres actions pour faire taire les inquiétudes de ses investisseurs concernant ses paris financiers et la soutenabilité de son modèle.

Lire aussi : SoftBank lance une vaste opération de désendettement

Anaïs Cherif

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