Pour Huawei, ce serait une révolution. Après avoir passé tant d'années à développer ses propres smartphones pour fait jeu égal avec Apple et Samsung, le groupe de Shenzhen va-t-il jeter l'éponge ? Possible. Selon l'agence Reuters, le géant des télécoms discute d'une vente de ses marques haut-de-gamme P et Mate. « Les discussions entre le premier équipementier télécoms mondial et un consortium emmené par des sociétés d'investissement soutenues par les autorités de Shanghai sont à un stade préliminaire même si elles ont commencé il y a plusieurs mois », écrit l'agence économique, citant des sources proches du dossier. Celles-ci précisent, toutefois, que rien n'est fait, et que l'état-major du groupe chinois n'a pas encore pris de décision définitive. Un porte-parole de Huawei a de son côté balayé ces « rumeurs non fondées ». « Huawei n'a pas de projet en ce sens », a-t-il renchéri.
Pour Huawei, la cession de ses marques emblématiques P et Mate pourrait signer la fin de son aventure dans les smartphones. Il s'agirait d'un sacré virage pour le mastodonte chinois, qui a investi énormément de ressources, ces dernières années, pour se développer sur ce marché stratégique. Aujourd'hui, les smartphones pèsent lourd dans le business de Huawei. Les ventes des terminaux Mate et P ont représenté près de 33 milliards de dollars au troisième trimestre 2020 selon le cabinet d'étude IDC. Il pesaient, sur cette période, pas moins de 40% du chiffre d'affaires du groupe !
Les sanctions américaines continuent de miner le groupe
Ce n'est certainement pas par plaisir que Huawei se délesterait de ses précieux smartphones premium, où il est devenu une référence. Le groupe pâtit de lourdes sanctions américaines, qui l'empêchent de s'approvisionner en puces et technologies « made in USA ». Ces interdictions menacent directement sa capacité à développer et à vendre ses smartphones. En novembre dernier, Huawei s'est déjà séparé de sa marque de terminaux à bas prix Honor. Le simple fait qu'il envisage de vendre ses marques premium semble illustrer ses difficultés à garder la tête hors de l'eau.
En outre, cela signifie sans doute qu'aux yeux de Huawei, l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche ne changera pas grand-chose à la politique des Etats-Unis à son égard. Ce qui ne serait, d'ailleurs, guère surprenant. Certes, Donald Trump a mené la vie dure au groupe chinois, l'accusant notamment d'espionnage pour le compte de Pékin. Mais avant lui, Barack Obama, dont Joe Biden a longtemps été le vice-président, s'était déjà montré très méfiant à l'égard de Huawei. Ce dernier a notamment été écarté, en 2013, d'un projet de câble sous-marin transatlantique.
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