Huawei en France, la drôle de guerre de la 5G

RIFIFI DANS LES TÉLÉCOMS - ÉPISODE 1/3. Les télécoms sont devenus, encore plus en ces temps de pandémie, un actif stratégique majeur, d'où des relations parfois tumultueuses avec l'Etat. La Tribune vous raconte en trois épisodes - la 5G, les tentatives de consolidation, le rôle de l'opérateur historique Orange - comment Emmanuel Macron est intervenu à de nombreuses reprises auprès des quatre opérateurs privés français. Aujourd'hui, les craintes de l'Etat vis-à-vis de la place de Huawei dans les réseaux 5G ont donné lieu, en coulisse, à de vives passes d'armes entre les patrons des télécoms et l'exécutif.
De gauche à droite: Patrick Drahi (Altice/SFR), Stéphane Richard (Orange), Emmanuel Macron, Xavier Niel (Iliad/Free) et Martin Bouygues (Bouygues Telecom).
De gauche à droite: Patrick Drahi (Altice/SFR), Stéphane Richard (Orange), Emmanuel Macron, Xavier Niel (Iliad/Free) et Martin Bouygues (Bouygues Telecom). (Crédits : Reuters)

Ce dimanche 24 mars 2019, des drapeaux chinois flottent sur Monaco. Xi Jinping, le président chinois est attendu au palais princier. C'est la première fois qu'un chef d'Etat chinois visite officiellement la Principauté. Le soir même, il a mis le cap sur Beaulieu-sur-Mer, près de Nice, pour dîner avec le couple Macron, avant d'entamer, le lendemain matin, une visite d'Etat dans l'Hexagone. Derrière les sourires officiels, l'escapade monégasque de Xi Jinping irrite l'Elysée. Au Château, la visite est perçue comme une manière pour la Chine de soutenir Huawei.

De fait, alors que de nombreux pays européens prennent des mesures pour écarter l'industriel chinois, Monaco, de son côté, lui déroule le tapis rouge. À l'origine, c'est le prince Albert lui-même qui a sollicité Huawei pour nouer un accord dans la 5G en Principauté. Celui-ci est signé le 7 septembre 2018, à Pékin, en présence du prince et de Ren Zhengfei, le chef de file et fondateur de Huawei, avec Monaco Telecom, détenu à 55% par Xavier Niel, via sa holding personnelle NJJ Capital. Trois semaines plus tard, l'opérateur dévoile son nouveau réseau 5G en grande pompe lors du Monaco Yacht Show. L'événement est une nouvelle fois fêté en présence d'Albert II. A l'époque, l'état-major de l'opérateur annonce que la Principauté sera totalement couverte en 5G en juillet 2019, une première en Europe. En deux ans, Monaco est donc devenue la vitrine de Huawei et de sa technologie sur le vieux continent. Ce n'est pas un hasard si le groupe chinois a décidé d'installer son centre de R&D en France à Sophia Antipolis, la « Silicon Valley » du Sud de la France près de Nice.

> ÉPISODE 2 À SUIVRE : Macron et les télécoms, des liaisons dangereuses

Monaco Telecom appartient donc à Xavier Niel, le fondateur de Free. Et selon nos informations, quelques jours avant la visite de Xi Jinping à Monaco, Emmanuel Macron a demandé lors d'un conseil de défense au ministre Bruno Le Maire de convoquer le grand patron des télécoms pour lui demander de se tenir à l'écart de la visite officielle chinoise. La perspective de voir Xi Jinping visiter Monaco Telecom et son réseau 5G Huawei, qui a un temps été envisagée en présence de Xavier Niel, insupportait l'Elysée. Au final, le patron de Free ne s'est pas déplacé sur le Rocher. Et aucune escapade chez Monaco Telecom ne figurait dans le programme officiel du président chinois. Signe du malaise : Xavier Niel n'était pas non plus présent au dîner d'Etat organisé le lundi 25 mars, en l'honneur de Xi Jinping, à l'Elysée. Quelques jours avant ladite convocation par Bruno Le Maire, Xavier Niel ne manquait pas d'exprimer son insatisfaction auprès de ses proches devant le « traitement » qu'il subissait du gouvernement.

Quand Niel compare Macron à Trump

L'épisode monégasque illustre les tensions qui peuvent exister en coulisses entre Xavier Niel et Emmanuel Macron sur le dossier des télécoms. Le tycoon est pourtant généralement présenté comme un proche du président de la République. « Pour un patron, être proche du pouvoir n'est pas forcément un avantage. Regardez Pinault avec Chirac, ou Bouygues avec Sarkozy », a l'habitude de rappeler Alain Minc. Ainsi, en début d'année, le patron de Free n'a pas hésité à fustiger « une décision du prince » concernant la nomination de la députée Laure de La Raudière à la présidence de l'Arcep, le régulateur des télécoms. Un choix « incohérent »« aberrant pour la concurrence » a-t-il critiqué sur BFM Business, puisque l'élue a travaillé plus de dix ans chez France Télécom entre 1990 et 2001. Aux yeux de Xavier Niel, l'Elysée a tout faux, et ses mots sont particulièrement virulents à l'égard du Château : « Je ne suis pas sûr que Donald Trump aurait osé faire un truc comme ça aux USA », a-t-il lancé quelques jours, à peine, après l'attaque du capitole par les partisans du président américain. C'est peu dire que cette comparaison d'Emmanuel Macron avec Donald Trump n'a guère été appréciée en haut lieu.

Si le dossier Huawei a empoisonné les relations entre Xavier Niel et l'exécutif, il en est de même avec les autres patrons des télécoms françaises. A l'automne 2018, à Bercy, les services de Bruno Le Maire sont à cran. Ils viennent d'apprendre que Patrick Drahi, le propriétaire de SFR, mécontent des services de Nokia, veut davantage recourir à Huawei. Les antennes du géant chinois sont déjà déployées sur la moitié du réseau mobile de l'opérateur au carré rouge. Non seulement Patrick Drahi veut aller « un peu au-delà » de ce seuil, assure une source proche du dossier. Mais il envisage aussi de déployer ses équipements en Ile-de-France.

Aux yeux du gouvernement, ces perspectives sont intolérables. L'exécutif et les services de renseignement se méfient du géant chinois, soupçonné d'être à la botte de Pékin du fait d'une gouvernance opaque, et dont on redoute que les infrastructures servent à des fins d'espionnage. Surtout, SFR viendrait violer de vieilles règles informelles définies il y a près de dix ans entre l'Etat et les opérateurs. Celles-ci sont claires : les opérateurs télécoms peuvent recourir aux services de Huawei, mais dans une limite de 50% de leur réseau. Huawei est banni des « cœurs de réseau », des infrastructures sensibles où transitent toutes les communications. Pas question, en outre, de déployer des antennes du groupe chinois à Paris, en Ile-de-France, et près des lieux de pouvoir. Le gouvernement, très agacé par l'initiative de SFR, veut mettre les points sur les « i ». Lors d'une rencontre discrète, le ministre Bruno Le Maire monte en première ligne pour sonder Patrick DrahiSelon une source proche du dossier, le message de l'exécutif est ferme : les règles informelles restent d'actualité, et demeurent identiques pour la 5G.

Bras de fer entre Drahi et Le Maire sur Huawei

Entre les deux camps, le climat est électrique. D'après une autre source proche du dossier, Patrick Drahi a essayé de passer en force. « Il a tenté le coup, raconte notre interlocuteur. Il renouvelait ses équipements de réseau mobile, et il est probable que la proposition faite par les Chinois était à un prix très concurrentiel. » L'exécutif a surtout été échaudé que le magnat des télécoms envisage de déployer du Huawei à Paris. « Ils étaient furax, affirme un autre connaisseur du dossier. Tous les opérateurs travaillent avec Huawei. Mais là, cela concernait toute l'Ile-de-France... » SFR a finalement temporisé. Patrick Drahi a indiqué qu'il continuerait à respecter les règles informelles. Une source proche de l'opérateur minimise aujourd'hui la volonté d'installer du Huawei en Ile-de-France. SFR se serait cantonné, jure-t-elle, à « faire miroiter l'Ile-de-France » au groupe chinois dans le cadre de ses négociations commerciales. Interrogés par La Tribune, Bercy et SFR ont après coup démenti toute tension.

L'épisode constitue un électrochoc. Avec l'arrivée imminente de la 5G, le gouvernement doit décider si Huawei aura toujours sa place dans les réseaux français. Il faut tout réexaminer, y compris les règles informelles. Il faut dire que la 5G ne vise pas, à terme, qu'à connecter les particuliers : elle a été développée pour permettre une numérisation massive des villes et des entreprises, rendant cette technologie encore plus sensible. « L'usage principal de la 5G n'est en réalité pas grand public. C'est d'abord une technologie "Machine to Machine", qui permettra l'établissement des voitures connectées, des villes intelligentes, et de la numérisation de la santé », nous expose un expert, ancien salarié d'Orange. Autrement dit, la 5G permettra l'interconnexion numérique de nombreux réseaux stratégiques pour le fonctionnement d'un pays ou d'une ville (électricité, énergies, transports...).

Au moment de la prise de bec entre le gouvernement français et SFR, le contexte international se tend à l'égard du groupe chinois. Le dossier Huawei devient un enjeu géopolitique. Les Etats-Unis et l'Australie ont déjà chassé Huawei du marché de la 5G. La Grande-Bretagne de Boris Johnson s'engage dans la même voie. L'administration Trump, dont l'essor de Huawei illustre la volonté de la Chine de lui contester son leadership technologique et économique, accuse le groupe d'espionnage au profit de Pékin. Elle se lance alors dans un lobbying effréné pour forcer les Européens à boycotter Huawei à leur tour, et pousse chaque pays à choisir son « camp ». « Il y a tout de même une grande hypocrisie américaine dans ce dossier quand on sait que les smartphones Apple sont fabriqués en Chine. Apple, comme de nombreuses firmes de la tech américaine, est en réalité une firme sino-américaine », constate un responsable au sein de la majorité à l'Assemblée. Reste qu'aujourd'hui, les Chinois de Huawei commencent à produire leurs propres puces microprocesseurs, une petite révolution, un saut technologique qui est vécu par Washington comme une véritable déclaration de guerre.

Le dossier Huawei, « un véritable imbroglio »

Dans ce contexte épineux, le gouvernement français doit arbitrer en fonction de plusieurs considérations. Il est tiraillé entre des impératifs de sécurité nationale (Huawei est-il un acteur de confiance ?), d'impact économique (une interdiction de Huawei retarderait le déploiement de la 5G et la numérisation des entreprises) et diplomatique (il ne faut pas froisser Pékin, un important partenaire commercial). « Ce dossier est un véritable imbroglio ! s'exclame une source gouvernementale. En effet, s'y conjuguent des intérêts diplomatiques, économiques, et de souveraineté, tant sur le plan industriel que militaire, mais ils ne vont pas tous dans le même sens ».

Un dossier complexe qui amène le gouvernement à faire évoluer sa communication en fonction des circonstances. Car si la présence de Huawei dans les réseaux français préoccupe depuis longtemps les pouvoirs publics, leurs motifs d'inquiétude ne sont plus les mêmes qu'il y a deux ans. En 2019, Bruno Le Maire et Bercy brandissaient le risque d'espionnage chinois : « Avec la 5G, les données sensibles seront dans les cœurs de réseaux et dans les antennes relais, expliquait le ministre au Sénat en février 2019. Cela veut dire que toutes les antennes relais que vous avez dans vos territoires sont susceptibles de faire l'objet d'espionnage. » Aujourd'hui, ces craintes ont, de manière surprenante, disparu des discours officiels.

Lorsqu'en juillet dernier, Guillaume Poupard, le directeur général de l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (Anssi), lève en partie le voile sur ce qui s'apparente à un bannissement progressif de Huawei du marché français de la 5G (en précisant immédiatement que ce « bannissement » ne serait pas « total »), il justifie cette décision par des considérations de souveraineté. Pas question que les réseaux télécoms, vitaux pour le pays et son économie, soient à la merci de la Chine en cas de conflit. Mais, tout dernièrementle 11 janvier, le patron de l'Anssi a estimé que désormais, le risque d'espionnage lié à la 5G le préoccupait bien moins que la perspective qu'un Etat ou des pirates informatiques soient en mesure d'« éteindre » les réseaux. Les conséquences d'un tel switch off seraient « seraient absolument terribles pour notre économie, a-t-il affirmé sur BFM Business. C'est une bombe nucléaire numérique. »

Huawei, une menace pour la sécurité nationale ?

Reste que derrière ces discours offensifs du patron de l'Anssi, il semble qu'au sein du gouvernement et des services de l'Etat, le cas Huawei ne fait toujours pas l'unanimité. Les services de renseignements - en tête la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ayant en charge le contre-espionnage économique, mais aussi le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) - voient Huawei comme une menace ultime pour la sécurité nationale. Ils n'ont pas manqué de le faire savoir, et leur activisme joue un rôle clé dans la tentative d'éviction de Huawei. Ce qui fait, aujourd'hui encore, grincer des dents chez les groupes de télécoms. « Le patron d'un service de renseignement décrira toujours un monde où tout va mal, où tout va péter, affirme le chef de file d'un grand opérateur. Mais la réalité est plus nuancée. Si l'on devait démontrer, dans un pays, que Huawei a réalisé une  interception ou un switch off, ce sera terminé pour eux... »

À première vue, les arguments de l'Anssi ou des services de renseignement contre Huawei semblent avoir convaincu en partie le gouvernement. C'est ainsi qu'en février 2019, un projet d'amendement a été déposé au Sénat sur « la sécurité des télécoms » dans le cadre des discussions sur la loi Pacte. Un amendement finalement rejeté par le Sénat qui estime alors que le sujet mérite un débat approfondi.

Le « sujet Huawei » revient alors à l'Assemblée Nationale à l'été 2019 sous la forme d'une proposition de loi « visant à préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale de la France dans le cadre de l'exploitation des réseaux radioélectriques mobiles », portée par de nombreux députés de la majorité. Au sein même de celle-ci, les nuances existent au sujet de Huawei entre Eric Bothorel, député de Lannion, pôle historique de la recherche française sur les télécoms, qui souhaite diminuer l'influence du géant chinoise en Europe, et Jean-René Cazeneuve, député du Gers et ancien directeur général adjoint de Bouygues Telecom, qui n'a pas signé la proposition de loi. « Car, au final, l'adoption de cette loi va amener SFR comme Bouygues à démanteler certaines de leurs antennes Huawei. C'est ce qu'a demandé l'Etat à ces opérateurs, qui ont immédiatement déposé des recours auprès du Conseil Constitutionnel, sous la forme de QPC [Question prioritaire de constitutionnalité, Ndlr], nous explique une source au sein de la majorité. Le Conseil a finalement répondu que ces derniers pouvaient difficilement contrevenir à la demande du gouvernement, mais qu'il était nécessaire d'ouvrir des négociations autour d'une éventuelle indemnisation ».

L'ambiguïté de l'exécutif agace les opérateurs

En parallèle de SFR et Bouygues Telecom, Free peste contre la « loi Huawei ». Dans le cadre de son application, les opérateurs de Patrick Drahi et de Martin Bouygues ont été autorisés à conserver Huawei, pour quelques années, dans certains territoires. En revanche, Orange et Free, qui n'ont jusqu'à présent jamais utilisé d'antennes chinoises en France, ont été priés de ne pas y recourir, du tout, pour la 5G. Inacceptable pour l'opérateur de Xavier Niel, qui souhaite que tous les acteurs soient logés à la même enseigne. « Cette rupture d'égalité pose problème », a fustigé Thomas Reynaud, le directeur général d'Iliad, en conférence de presse le 3 septembre dernier. Xavier Niel a-t-il un temps envisagé de recourir à Huawei pour son réseau 5G en France ? En Suisse, Salt, un autre opérateur du « trublion des télécoms », n'a pas hésité à se tourner vers l'équipementier chinois alors qu'il était historiquement lié à Nokia.

Si dans cette affaire Huawei, les opérateurs défendent chacun leur intérêts, tous dénoncent le fait que les intentions de l'exécutif sur Huawei sont restées trop longtemps floues. En février 2020, c'est-à-dire plus de six mois après l'adoption de la « loi Huawei », ils ne savaient toujours pas sur quel pied danser : « Le gouvernement ne nous dit pas clairement aujourd'hui s'il souhaite que Huawei soit interdit en France », fustigeait à l'époque Didier Casas, alors président de la Fédération française des télécoms, le lobby du secteur et DG adjoint de Bouygues Telecom.

Et pour cause : Emmanuel Macron reste « très ambigu » sur le dossier Huawei, comme plus généralement vis-à-vis de la Chine. Si le président n'hésite pas, dans un cadre privé, à multiplier les critiques à l'égard des patrons français et des relais d'affaires qu'il estime bien trop proches des intérêts chinois, l'hôte de l'Elysée doit bien composer avec d'autres considérations, tant politiques, économiques, que diplomatiques, comme nous le souligne un membre influent de LREM : « La meilleure preuve est que Xavier Niel continue son offensive sur le dossier Huawei, il n'a pas abandonné. Il ne faut pas oublier que son beau-père, Bernard Arnault, réalise une bonne partie du chiffre d'affaire de LVMH avec la Chine. Or, se fâcher avec les Chinois, c'est fermer la porte à Arnault. A un an de la présidentielle, ce n'est pas la meilleure idée. Par ailleurs, la France est également impliquée avec la Chine sur le dossier du nucléaire. Enfin, sur le plan strictement diplomatique, l'Elysée attend de voir quelle va être la position de la nouvelle administration Biden vis à vis de la Chine ».

Huawei s'est enraciné au cœur du pouvoir

Sur la 5G comme sur bien d'autres dossiers, les Chinois parient en réalité sur le long terme, et font le constat que les Européens, et en particulier la France, ont perdu la maîtrise technique de leurs réseaux : « C'est vrai, depuis la dilution d'Alcatel [l'équipementier télécoms français a été vendu à Nokia en 2015, Ndlr], on n'a pas les moyens de faire totalement sans Huawei. Il faut se rappeler qu'Alcatel dans les années 1990 avait 56% du marché mondial sur les infrastructures réseaux. On avait un leader mondial, on se retrouve avec un nain. C'est d'ailleurs en 2007, lors du lancement de la 3G en France que Huawei commence à s'y implanter... et on s'en étonne qu'aujourd'hui ? », se désespère un ancien ingénieur télécom.

Voilà pourquoi ces dernières années, Huawei s'est enraciné au cœur du pouvoir économique et politique en France. Face à la Seine, son siège de Boulogne-Billancourt côtoie le gratin du monde de la tech et des médias. Ses voisins ne sont autres que TF1, Canal+, Cisco, Microsoft et bientôt Orange, qui y construit non loin son nouveau navire amiral. Huawei a récemment marqué les esprits en installant un nouveau centre de recherche au 103 rue de Grenelle, dans le 7ème arrondissement de Paris. Ce laboratoire se trouve à proximité de Matignon, de tous les plus importants ministères et de l'Assemblée nationale. La bâtisse, elle-même, revêt une portée symbolique forte. Il s'agit du « sanctuaire de l'histoire des télécoms » françaises écrit l'agence de l'architecte Philippe Chiambaretta, qui a travaillé à sa restructuration. Cet hôtel particulier, qui a vu le jour en 1838, a hébergé le ministère de l'Intérieur et les services télégraphiques nationaux, puis le premier ministère des Postes et Communications, l'ORTF, et des bureaux de France Télécom jusqu'au début des années 2000. « Il est dominé par la tour Chappe, du nom de l'inventeur du télégraphe optique qui la coiffait », précise l'agence de Chiambaretta.

Huawei, qui ne lésine pas sur les efforts de lobbying, mise sur l'aura de personnalités économiques, politiques et scientifiques, pour s'imposer dans le paysage français et favoriser ses relations avec les autorités. Sa plus belle prise est sans doute Jean-Louis Borloo. L'ancien ministre de l'Economie de Nicolas Sarkozy a siégé pendant quatre ans, jusqu'en 2020, au conseil d'administration de Huawei France. Un ancien secrétaire d'Etat, le socialiste Jean-Marie Le Guen, l'a remplacé. Depuis la rentrée, c'est l'ex-président de la prestigieuse Ecole Polytechnique, Jacques Biot, qui assure la présidence du board. Toutes ces personnalités, rompues à la communication et aux médias, n'ont qu'un objectif : fondre et intégrer Huawei dans le pays. Le groupe chinois, qui compte près de 1.000 employés en France, veut s'y ancrer durablement. Outre ses laboratoires de recherche, Huawei est en train bâtir sa première usine hors de Chine dans l'Hexagone. Située à Brumath, à une dizaine de kilomètres de Strasbourg, elle fabriquera des équipements 5G, et emploiera dans un premier temps 300 personnes. Histoire de bien montrer à l'Elysée et au gouvernement français que le géant chinois n'a pas dit son dernier mot sur la 5G en France.

> ÉPISODE 3 A SUIVRE : Chez Orange, le coup d'Etat permanent

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 52
à écrit le 29/01/2021 à 14:20
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:20
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:19
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:19
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:18
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:17
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:17
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:17
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:16
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:16
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:16
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:16
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:16
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:16
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:15
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:15
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:15
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:14
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:14
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:13
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:13
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:12
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:12
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 29/01/2021 à 14:12
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:17
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:17
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:16
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:16
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:15
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:13
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:13
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:13
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:12
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:12
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:12
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:12
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:11
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:10
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:10
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:09
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 18:09
Signaler
Enlevé moi de votre liste ca m'intéresse pas ! Svp..

à écrit le 26/01/2021 à 13:51
Signaler
Huawei devrait ouvrir "courant 2023" en Alsace son premier site de production d'équipements, notamment liés à la 5G, en dehors de la Chine. Les travaux de construction de l'usine, qui sera dédiée aux stations de base, pourraient débuter dès cette ann...

à écrit le 25/01/2021 à 19:45
Signaler
niels pro Huawei et gouvernement chinois? je boycotte Free

à écrit le 25/01/2021 à 19:42
Signaler
Je ne veux plus recevoir de email....

à écrit le 25/01/2021 à 17:28
Signaler
La question est de savoir pourquoi a t on besoin de la 5G? Sommes nous des nomades? Ou bien cela va t'il être réservé a certaine application de surveillance?

le 26/01/2021 à 13:29
Signaler
Ben oui, c'est ça le but surveiller l'ensemble de la population ,les chinois l'ont bien compris .D'ailleurs,en novembre dernier ,la Chine à mis en orbite 13 nouveaux satellites, dont le tout premier satellite 6G au monde. Cette technologie devrait of...

à écrit le 25/01/2021 à 10:53
Signaler
Qui a besoin de la 5G si ce n'est pour "le flicage" et l'augmentation des données inutiles?

à écrit le 25/01/2021 à 9:09
Signaler
Quoi de plus normal/ Un industriel et peut-être plus particulièrement dans notre pays est avant tout un acteur économique non pas sur l’hexagone mais au niveau international. Un certain nombre d’industriels sont cocoricos lorsque le chant du coq l...

à écrit le 25/01/2021 à 8:28
Signaler
Ce n'est pas clair, et je suis entièrement d'accord avec vous, parce que tous les protagonistes sont de bons gros hypocrites ne disant ni la vérité, ni ce qu'ils pensent réellement. Ce qu'ils racontent aux médias n'a que peu à voir avec ce qu'ils...

à écrit le 25/01/2021 à 8:13
Signaler
Ne manquez pas de précommander "Oxymore" de Jean Tuan chez C.L.C. Edition (sortie 10 mars 2021). L'auteur observateur attentif de la Chine le pays de son père, nous dévoile les desseins secrets de la Chine avec l'installation de la 5G en France. Un n...

le 25/01/2021 à 9:54
Signaler
Il me semble avoir lu quelque part que dans un lointain passé la Chine impériale dans toute sa puissance, préférait aux guerres des échanges commerciaux en créant des dettes à son avantage avec nos quelque 3000 milliards de dettes publiques nous somm...

le 26/01/2021 à 9:54
Signaler
@Albert. C'est bien de connaitre l'histoire. Les chinois ont tres bonne memoire, ce qui n'est pas le cas du francais. Vous serez mange tot ou tard. Votre credit est mort. En 22 votez mieux.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.