"Être un bon développeur implique bien plus que de la rapidité"

Antoine Leblanc, développeur logiciel chez Criteo, l'entreprise de "reciblage" publicitaire a remporté jeudi le concours du meilleur développeur de France, organisé dans l'école 42 fondée par Xavier Niel. Il raconte son parcours, sa passion et sa vision du code. Interview.
Antoine Leblanc, au début du concours du meilleur développeur de France 2015.

La Tribune - Comment devient-on le meilleur développeur de France ?

Antoine Leblanc - Je ne pense pas être un si bon développeur. Il n'y avait que 1.000 participants à ce concours alors qu'il y a bien plus de développeurs en France. En outre, même s'il est de très bonne facture, ce concours ne mesurait qu'un aspect précis du code : la rapidité. Il fallait finir les exercices proposés le plus vite possible. Etre un bon développeur implique bien plus que cela.

Ainsi, dans ce concours, je n'ai pas eu besoin d'écrire du code qui soit lisible, maintenable (facile à modifier, que l'on peut continuer à développer, ndlr), réutilisable et documenté (accompagné d'un commentaire pour savoir à quoi il sert ou comment il fonctionne, ndlr). Même si les derniers exercices, plus durs, demandaient une certaine réflexion.

Par ailleurs, je me suis formé sur mon temps libre à des mini-concours de programmation sous forme de jeux, comme CheckiO. Je me suis ainsi habitué par goût à des aspects que l'on retrouvait dans les épreuves du concours du meilleur développeur de France.

Comment se sont déroulées les épreuves ?

Il y avait sept exercices à finir le plus vite possible. Il fallait écrire du code et soumettre des réponses, en espérant que le code rentré produise l'effet désiré. Chaque exercice était accompagné d'une consigne qui décrivait le type de problème à résoudre. Nous recevions des données détaillées de façon très précise, ainsi que les types de données que l'on devait obtenir à la fin de l'exercice. À chaque exercice réussi, on passait à la question suivante.

Les problèmes à résoudre étaient simples au départ : le premier, par exemple, consistait à faire une somme de nombres entiers en écrivant un programme.

Mon épreuve préférée était l'avant-dernière. On récupérait une carte en 2D d'un désert avec une symbolique indiquant quelles parties étaient composées de sable et lesquelles étaient constituées de sables mouvants. On devait écrire un programme qui déterminait quel était le plus grand nombre de pas à faire dans le pire des cas sur les sables mouvants pour rejoindre la terre ferme. C'était bien plus complexe à coder.

En parallèle, nous pouvions savoir à chaque exercice terminé à quelle place nous étions et combien de secondes nous séparaient du premier.

Au final, personne n'a terminé le dernier exercice, et j'étais le premier à finir l'avant-dernier d'où ma première place. L'année dernière j'avais fini 5e. Cette année, j'ai eu de la chance: j'ai pu choisir un langage informatique que je maîtrisais: le Python.

Qu'est-ce qui dans votre parcours vous a poussé à développer cette passion pour le code ?

Cela a commencé en terminale. Sur ma calculatrice, j'ai découvert qu'il y avait une option qui permettait de créer des programmes. J'ai appris le langage de programmation et réalisé des choses simples.

Après le bac j'ai fait l'Epita, une école d'ingénieurs, jusqu'au master. J'ai travaillé sur la théorie des jeux. Après avoir obtenu mon diplôme, j'ai créé une entreprise avec des amis dans laquelle on voulait développer des jeux vidéo de grande envergure. Mon rôle était de réaliser le code du jeu (comment les personnes et objets interagissent entre eux et avec l'environnement). Mais la société n'a pas marché. En 2012, nous avons mis la clé sous la porte. J'ai rejoint Criteo la même année.

Aujourd'hui, en fonction de l'envie et du moment, je développe pendant mon temps libre des petits jeux vidéo, des logiciels de bases de données, des bibliothèques de traitement de couleurs. Je ne pense pas être le seul, beaucoup de développeurs cultivent cette passion pendant leur temps libre.

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Commentaires 23
à écrit le 21/03/2015 à 19:07
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Conclusion , rien ne remplace la passion ... bien loin des nuls qui nous gouvernent et parasitent les entrepreneurs...

à écrit le 17/03/2015 à 22:49
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Il faudrait inviter beaucoup plus de dévelopeurs de toute la France pour avoir une crédibilité...Et avoir des problèmes plus compliqués et dans vrais langages comme le C ou le C++... bref...

le 14/04/2015 à 19:06
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Vous savez que le Python est aujourd'hui le langage le plus enseigné en Amérique du Nord? Après le C évidemment. Et oui le Python est un vrai langage de POO, utilisé par une grande part des nouvelles startups... Faut évoluer un peu, le C++ c'était pe...

à écrit le 16/03/2015 à 14:28
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Chouette, un développeur qui va m'écrire un logiciel capable de traduire automatiquement du flash en html pour que je puisse jouer sans m'arracher les derniers cheveux qu'il me reste. Bon je rêve. Vous faites un beau travail, bravo, restez toujours...

à écrit le 16/03/2015 à 11:35
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Et dire que l'on se moquait de ces petites écoles privées ! Le classement 2015 de l'Usine Nouvelle des écoles d'ingénieurs fait une belle part aux écoles dont l'industrie a besoin.

le 16/03/2015 à 12:41
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Classement sans aucune valeur, car les meilleurs écoles sont publiques et gratuites : Normale Sup - Polytechnique - Mines - Ponts et chaussées - Ecole Centrale etc. Mais ça, chut, faut pas le dire, c'est pas politiquement correct.

le 16/03/2015 à 20:34
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Centrale fût privée; Supélec fût privée.

le 16/03/2015 à 21:58
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Les meilleurs ecoles? Pour la france peut etre ici a Londres a HK ou a los angeles on prefere un bon developeur aussi capable de monter un boite qu un mec qui parle pour ne rien dire et qui se pretend l elite (l elite de quoi?)

le 17/03/2015 à 22:54
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L'élite en France, c'est ceux qui ont fait un bac scientifique avec mention, puis maths sup- maths spé et réussi des concours difficiles et sélectifs, pour intégrer une école prestigieuse. Quant à Londres ou HK, des polytechniciens y bossent comme tr...

le 21/03/2015 à 18:50
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L'élite : le type qui à 30 , 40 , 50, 60 ... 90 ans vous place encore le nom de son diplôme dans les 3 premières phrases d'une discussion lorsque vous lui posez une question dérangeante . Quant au monde de la finance, un peu d'humilité ..., lorsqu'on...

à écrit le 15/03/2015 à 19:19
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Sympa le métier de développeur auquel il n'y a que très peu de chômage. Mais attention aux personnes qui veulent se lancer dans ce métier. L'atout numéro un pour réussir, c'est d'avoir la vocation et si vous n'avez pas la vocation et que vous voul...

le 15/03/2015 à 19:32
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Oups ! je reécris mon mesage vus les fautes^^ Sympa le métier de développeur auquel il n'y a que très peu de chômage. Mais attention aux personnes qui veulent se lancer dans ce métier. L'atout numéro un pour réussir, c'est d'avoir la vocation et si...

le 16/03/2015 à 5:16
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Je me suis toujours demandé si on devait placer les langages informatiques à côté des langues vivantes( ou mortes), savoir parler 15 langages ça en jette un peu dans une conversation. Je crois qu'un informaticien connaît 4 ou 5 langages informatiques...

le 18/03/2015 à 11:47
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L'essentiel de ce que vous dites est assez vrai concernant le métier de développeur. En revanche, que c'est aberrant de lire "être assez intelligent (bac+2 [...])". L'intelligence ne se mesure pas en nombre d'années d'études, les études apportero...

à écrit le 15/03/2015 à 15:26
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Coquille "le plus vite vote possible" y a un 'vote' en trop

à écrit le 15/03/2015 à 14:55
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Fermons L ENA et ouvrons ce genre d'écoles base sur l intelligence Les énarques apprennent à mentir tricher embrouiller l'école repose juste sur du relationnel

le 15/03/2015 à 15:29
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Les gens à l'ENA, me semble, apprennent à gérer l'Etat, l'administration Française. C'est tellement complexe comme système qu'il faut passer par cette école pour "avoir les clés du permis de conduire". Simplifions le fonctionnement et ça sera à la po...

le 15/03/2015 à 17:44
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Les énarques sont des managers du secteur public, ni plus ni moins. Mais comme l'économie administrée c'est fini, c'est le pantouflage qui pose problème.

le 15/03/2015 à 18:26
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Il faut séparer l'étage de régulation/contrôle et les opérations. Les opérations de service public se gèrent comme des entreprises, pas besoin d'une formation particulière à l'administration (d'ailleurs les opérateurs de service public peuvent être d...

le 16/03/2015 à 5:10
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Du temps de Copé en ministre, il y avait un jeu vidéo qui permettait de simuler grossièrement et d'apprendre à équilibrer le budget de la France, j'ai réussi et le prix était je crois bien me souvenir la visite guidée du ministère, bon je ne suis pas...

le 16/03/2015 à 6:50
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L'ENA était sûrement une très bonne école à ses débuts mais a force de répéter aux élèves qu'ils seront "l'élite" de la France ils finissent par le croire.

le 16/03/2015 à 12:39
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Et alors, biensur sur qu'ils sont l'élite. En quoi ça vous gene qu'il y a une élite ? La jalousie ? Il y a toujours eu des premiers de la classe et des cancres ! On ne peut pas comparer les deux ! C'est comme mélanger les torchons et les serviettes. ...

le 18/03/2015 à 16:04
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L'ENA l'élite ? Sur le papier surement mais en réalité ils font plutôt couler la France non ? L'élite est plus censé la faire avancer non ?

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