Frédéric Bardeau (Simplon.co) transforme les "décrocheurs" en développeurs

Simplon.co forme les jeunes des quartiers défavorisés et les chômeurs de longue durée au métier de codeur. Un ascenseur social et professionnel au succès grandissant, puisque la startup compte aujourd'hui 43 écoles dans le monde.
Pierre Manière
Frédéric Bardeau, Simplon.co, fondateur de Simplon.co.
Frédéric Bardeau, Simplon.co, fondateur de Simplon.co. (Crédits : DR)

« Ce n'est pas pour moi. » Cette affirmation, lancée par de nombreux jeunes défavorisés lorsqu'on leur parle du métier de développeur informatique, Frédéric Bardeau la combat au quotidien. Car à ses yeux, cette profession, justement, ne concerne pas que les cadors en maths. Ou plutôt, canarde-t-il, « les jeunes mâles blancs très diplômés qui jouent à Warcraft ».

Cette conviction, cela fait cinq ans que l'entrepreneur de 44 ans la met en musique avec Simplon.co, sa fabrique de codeurs. Depuis 2013, il accueille dans cette école de développement informatique située à Montreuil, dans une ancienne usine de ballons de baudruche, des jeunes défavorisés et des chômeurs de longue durée. Ces derniers sont formés gratuitement, puis épaulés dans leurs démarches pour trouver du travail.

Ces dernières années, Simplon.co a fait des petits en France et à l'étranger. Aujourd'hui, l'initiative totalise 43 centres et forme environ 1.000 personnes par an. Outre l'Hexagone, Simplon.co est présent en Belgique, en Italie, en Espagne, au Sénégal ou encore à Beyrouth. « On ouvre de nouveaux centres de formation dans tous les territoires un peu défavorisés », explique Frédéric Bardeau. Ceux-ci voient le jour « soit de notre propre initiative, soit via des partenariats » avec des acteurs locaux.

En France, le gros des élèves est recruté parmi les "décrocheurs"

L'idée de lancer Simplon.co et de transformer les besoins grandissants en spécialistes du code informatique en ascenseur social et professionnel ne vient pas de lui. En 2013, deux de ses anciens étudiants au Celsa, où il enseigne la communication, lui font part de cette idée de former les populations défavorisées au métier de développeur.

Alors à la tête de l'agence Limite, spécialisée dans la communication des ONG et autres acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS), Frédéric Bardeau est tout de suite conquis. L'école voit le jour dans la foulée. Elle est ainsi, dès le début, pensée comme un centre de formation à vocation inclusive, et surtout pas élitiste.

En France, le gros des élèves est recruté parmi les « décrocheurs ». C'est-à-dire  « ceux qui quittent le système scolaire sans qualification », rappelle Frédéric Bardeau. Ensuite, « la seconde population, ce sont les demandeurs d'emploi de longue durée ». En parallèle, Simplon.co, où 40% des élèves sont des femmes, élargit les bénéficiaires de ses formations à d'autres populations, comme les handicapés ou les réfugiés.

D'après Frédéric Bardeau, cette philosophie porte aujourd'hui ses fruits.

« Notre taux d'insertion professionnelle est de 80 % dans les six mois à compter de la fin de la formation », affirme-t-il.

Les développeurs de la fabrique trouvent in fine du travail dans des startups, des PME, ou en choisissant de se mettre à leur compte. Surtout, les grandes entreprises, à l'instar d'Accenture ou Capgemini, qui peinent à recruter suffisamment de développeurs, n'hésitent plus à toquer à la porte de Simplon.co. « Il y a deux ans, nous n'aurions jamais imaginé placer des réfugiés syriens à la DSI de BNP Paribas », poursuit-il. Aujourd'hui, « ils recrutent par paquets de sept ou huit développeurs à la fois ».

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 19/10/2018 à 12:56
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c'est triste d'en arriver la, meme si c'est une belle initiative! il en faudrait plus et on pourrait financer ca en retirant du salaire a tous ces profs toujours plus nombreux et incompetents qui ne pensent qu'a l'argent au lieu de former les jeune...

à écrit le 19/10/2018 à 8:21
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"« Il y a deux ans, nous n'aurions jamais imaginé placer des réfugiés syriens à la DSI de BNP Paribas »" Heu...

le 19/10/2018 à 19:59
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Ouech 80% de place soit 15% qui continuent ou se mette a leur compte rets 65% dont 20% en cdd et 40% en cdd,ca fait peu!!!!! Un senior qui souhait intégrer la formation M.Bardeau revoyez votre methode de sélection!! quel taux de senior handica...

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