Le Campus Cyber, lieu-totem de la cybersécurité française, ouvre ses portes à La Défense

Inspiré par Station F et par le Cyber-Spark israélien, le premier Campus Cyber français réunit 1.800 experts issus de l'État (la Gendarmerie nationale, l'Anssi, des centres de recherche comme l'Inria), de grands groupes (Atos, Thales, Orange, Vinci, IBM...), de startups et de centres de formation. L'objectif : faire rayonner la cyber française auprès des jeunes, à l'international, et stimuler des collaborations pour créer de nouvelles solutions capables de répondre aux défis des industriels et de mieux lutter contre le cybercrime.
Sylvain Rolland
La Tour Eria, à La Défense, accueille le Campus Cyber.
La Tour Eria, à La Défense, accueille le Campus Cyber. (Crédits : FM pour La Tribune)

La cyber française a enfin son vaisseau-amiral. Sobrement nommé Campus Cyber, il se situe dans l'immense Tour Eria, 26.000 mètres carrés à La Défense. Après une gestation de plus d'un an, le projet, symbole des ambitions d'Emmanuel Macron dans la cybersécurité, est inauguré ce mardi 15 février par le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, et son secrétaire d'État à la Transition numérique, Cédric O.

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La crème de la crème des experts cyber français

Comme son faux frère Station F à Paris pour le numérique, le Campus Cyber se veut le lieu-totem de l'ensemble de l'écosystème cyber français. Dès son lancement, il accueille sur 11 étages plus de 1.800 experts venus du privé comme du public. L'État, actionnaire à hauteur de 44%, y délocalise une partie de ses effectifs cyber du ministère de l'Intérieur, des Armées, de l'Éducation nationale, ou encore de la Gendarmerie et de la Police nationale ainsi que de l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (Anssi). Des centres de formation et de recherche (dont l'Inria) y prennent aussi leurs quartiers.

Du côté du privé, qui regroupe 56% de l'actionnariat au total, une centaine d'entreprises ont réservé des espaces de travail, à commencer par la quasi-intégralité du CAC40, dont Atos, Accenture, Capgemini, Orange, Bouygues, LVMH, Thales, Safran, Airbus ou encore Sopra Steria. L'espace entreprises accueille aussi des startups cyber, dont Sekoia, Gatewatcher ou Tehtris -qui vient de gagner un prix du concours 10.000 startups pour changer le monde organisé par La Tribune, afin de stimuler les collaborations entre les pépites cyber et les grands groupes.

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Créer les licornes et les standards cyber souverains de demain

En mettant au même endroit tous les acteurs français de la cyber, le Campus vise à créer des synergies inédites et à leur permettre de co-construire les futurs standards de la cybersécurité de demain. L'enjeu est énorme : les cyberattaques explosent dans le monde depuis deux ans. Elles viennent principalement de réseaux cybercriminels organisés et motivés par l'appât du gain. Des projets impliquant grands groupes, recherche publique, État et startups, autour de problématiques spécifiques comme la sécurisation des objets connectés ou la voiture autonome de demain, doivent être lancés. L'un des premiers concerne d'ailleurs les secteurs banque et assurance.

« Huit banques dont les plus grandes, comme BPCE, BNP Paribas, Société Générale, Crédit Mutuel ou la Banque de France, et, du côté des assureurs, Generali et Axa notamment, ont décidé de partager un espace pour réunir leurs experts cyber et mettre en commun, ensemble, de nouvelles solutions pour mieux se sécuriser collectivement ainsi que leurs clients », nous raconte Michel Van Den Berghe, le président du Campus Cyber, dans un entretien exclusif. « Ces solutions deviendront peut-être des standards européens et mondiaux, et ce seront des solutions souveraines », ajoute-t-il.

Car, en plus des ravages de la cybercriminalité à but économique, les États et les organisations sont aussi confrontées à un regain d'attaques d'origines étatiques, reflet des tensions géopolitiques mondiales. D'où la présence du ministère des Armées, de l'Anssi ou encore d'antennes de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale.

Cette urgence de développer le secteur de la cybersécurité en France pousse également le Campus Cyber à mettre l'accent sur la formation (10% des espaces sont alloués à des écoles) et sur l'éclosion de startups cyber. Un startup studio, un accélérateur et un "espace pépites" à loyer réduit sont présents. Si certaines startups françaises (notamment CybelAngel, Tehtris et Gatewatcher) peuvent prétendre au statut de licorne dans les prochaines années, la cyber n'est aujourd'hui pas bien représentée dans la liste des licornes tricolores, avec seulement Ledger, spécialisée dans la sécurisation des crypto-actifs.

Sylvain Rolland

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