Un duo franco-britannique veut acheter les activités digitales et de cybersécurité d'Atos

Le groupe français de conseil informatique OnePoint associé au fonds d'investissement anglo-saxon ICG propose à Atos de lui acheter Evidian, sa branche d'activités digitales et de cybersécurité qui doit regrouper toute les activités en forte croissance du groupe pour une valeur d'entreprise de 4,2 milliards d'euros. Face au refus d'Atos, les prétendants demandent aux administrateurs de reconsidérer leur offre.
(Crédits : STEPHANE MAHE)

En grande difficulté depuis des mois, Atos suscite les convoitises. Du moins ses activités au fort potentiel de croissance. Le groupe français de conseil informatique OnePoint (400 millions d'euros de chiffre d'affaires et 3.000 collaborateurs) associé au fonds d'investissement anglo-saxon ICG cotée à la Bourse de Londres (68 milliards de dollars d'actifs sous gestion) est prêt à lui acheter Evidian, sa branche d'activités digitales et de cybersécurité qui doit regrouper toute les activités en forte croissance du groupe (en numérisation, cybersécurité, serveurs haute performance et supercalculateur) pour une valeur d'entreprise de 4,2 milliards d'euros. Une lettre d'intention proposant de faire une offre d'achat a été rejetée à « l'unanimité » par le conseil d'administration d'Atos (dans lequel figure Edouard Philippe, Ndlr), a indiqué le groupe d'informatique et de cybersécurité jeudi soir.

« Après examen attentif de cette marque d'intérêt préliminaire et non engageante, (...) le conseil d'administration (...) a constaté à l'unanimité que celle-ci n'est pas dans l'intérêt de la société et de ses parties prenantes », a indiqué Atos.

Une position qui ne décourage pas les prétendants. Dans une conférence de presse téléphonique jeudi soir, le fondateur et président de la société Onepoint, David Layani, s'est voulu rassurant en précisant que son offre était « amicale » et qu'elle visait  à constituer « un nouveau champion français de la stratégie, du conseil, de la tech et de la data ». Invitant le conseil à revoir sa position, il a ajouté qu'Atos de détenir jusqu'à 30% de la nouvelle entité, qui permettrait de créer 20.000 nouveaux emplois en Europe, dont 10.000 en France.

« On demande au conseil d'administration de prendre le temps de reconsidérer sa position », a déclaré le patron d'Onepoint.

L'Etat suit de près Atos (Thales aussi)

La situation d'Atos est suivie de près par l'État et le gouvernement. Le groupe, longtemps présidé par l'actuel commissaire européen Thierry Breton (jusqu'en 2019), a de gros contrats en cours avec l'État, y compris des contrats militaires, puisqu'il fournit des systèmes de communications sécurisées pour les armées, en concurrence avec Thales. Atos détient aussi les dernières activités de fabrication de serveurs de haute performance et supercalculateurs encore en Europe, héritées de l'ancien Bull.

Alors que l'on prête souvent l'intention à Thales de vouloir acheter les activités de cybersécurité d'Atos, le directeur général finance de Thales Pascal Bouchiat avait répété, lors de la présentation des résultats semestriels le 20 juillet dernier, que le groupe était « intéressé par les actifs de cybersécurité disponibles », à acquérir « de manière amicale », sans donner plus de précisions.

Bien avant la communication du conseil d'Atos, l'action du groupe avait grimpé fortement jeudi en fin de séance sur fond de rumeurs sur cette opération, clôturant à 8,65 euros, en hausse 10,64%. Ceci alors que le groupe français n'a cessé de dégringoler en Bourse depuis des mois, victime de résultats économiques médiocres, à rebours de la tendance des marchés du numérique, et d'un manque de confiance des investisseurs dans la capacité de la direction du groupe à redresser la barre.

Scission d'Atos

Pour rappel, Rodolphe Belmer, le directeur général aujourd'hui en partance chez TF1, avait présenté un plan de séparation d'Atos en deux entités, l'une regroupant les activités en forte croissance, l'autre les activités historiques du groupe, et notamment l'infogérance (gestion de parc informatique pour compte de tiers). Cette scission du groupe est en cours de réalisation, sous la houlette du président du conseil d'administration, Bertrand Meunier. Ce dernier est confronté à la fronde de petits actionnaires qui réclament son départ. Estimant qu'il n'est pas à la hauteur pour mener cette grande restructuration. Ils tentent de fédérer au moins 5% des droits de vote pour obtenir une assemblée générale extraordinaire, avec difficulté car le capital d'Atos est très dispersé.

(avec Reuters et AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 30/09/2022 à 9:19
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