Atos, Idemia : et si Thales ne souhaitait se concentrer que sur sa croissance organique

En dépit des rumeurs de marché insistantes, Thales reste essentiellement focalisé sur sa croissance organique, qui explose. Le groupe de technologies doit d'ailleurs embaucher 11.000 personnes dans le monde en 2022.
Michel Cabirol
Thales va embaucher 11.000 personnes environ dans le monde en 2022.
Thales va embaucher 11.000 personnes environ dans le monde en 2022. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Atos, Idemia... Le nom de Thales fait aujourd'hui trembler les grands groupes français spécialisés dans la sécurité, et plus précisément ceux qui possèdent des actifs dans la cyber et/ou la biométrie. Poussées par l'adage bien connu "on ne prête qu'aux riches", les rumeurs de marché concernant les intentions du groupe de technologies vont bon train. Et Thales, qui va annoncer jeudi d'excellents résultats 2021, se préparerait à lancer des opérations agressives sur Atos, voire sur Idemia.

Toutefois, selon nos informations, il souhaite se concentrer essentiellement sur sa croissance organique sans pour autant dédaigner des acquisitions, comme celle par exemple de la pépite technologique iXblue. D'autant que Thales doit embaucher cette année 11.000 personnes dans le monde pour livrer toutes les commandes gagnées en 2021, dont le niveau est exceptionnel. Le groupe n'a d'ailleurs jamais embauché autant de personnes sur une année.

Atos doit rester "désirable"

A qui profite les rumeurs de marché ? A Atos, dont les résultats 2021 ont confirmé qu'il était en grande difficulté avec une perte de près de 3 milliards d'euros et un chiffre d'affaires en baisse de 4,3% en organique. A l'État, qui s'inquiète de la santé financière d'un géant de la sécurité et de l'informatique avec qui il a passé un certain nombre de contrats sensibles. Et puis le groupe dirigé désormais par Rodolphe Belmer, doit rester sous le pavillon tricolore pour des raisons de souveraineté.

En dépit de cette catastrophe financière, Atos doit encore rester a tout prix "désirable" pour les marchés avec des prétendants séduisants. C'est dans ce cadre que Thales, après Orange fin 2020, semble à contrecoeur jouer le rôle d'un faire-valoir de luxe dans cette manip pour éviter qu'Atos ne se noie complètement.

Cyber, biométrie : Thales naturellement intéressé

Si le groupe de technologies vend ses activités de transports ferroviaires à Hitachi Rail, ce n'est pas à l'évidence pour se diversifier à présent dans l'informatique. La stratégie de Thales est claire : le groupe veut se concentrer sur trois pôles d'excellence : Défense, Aéronautique/Espace et Sécurité/Identité numérique. Et Thales a été également très clair, il a démenti être en discussion avec Atos dans un communiqué publié début février. En revanche, le groupe, qui réalise un chiffre d'affaires de 1 milliard d'euros dans la cyber, n'en reste pas moins intéressé "par tout actif de cyber-sécurité qui serait disponible à la vente", y compris bien sûr par ceux d'Atos. Mais ce dernier a confirmé qu'il n'était pas vendeur. Fin de l'histoire entre deux groupes qui ont déjà ferraillé très durement sur le dossier Gemalto ?

S'agissant des rumeurs sur une potentielle opération de Thales sur Idemia détenu par le fonds américain Advent, les autorités de la concurrence s'y opposeront. Mais là aussi, naturellement le groupe présidé par Patrice Caine reste intéressé par toutes les activités de biométrie en vente, y compris celles d'Idemia. Et si le nom de Thales a circulé sur la filiale française d'Advent spécialisée dans la sécurité numérique, là aussi encore, cela semble être pour des raisons de désirabilité. Décidément, on ne prête qu'aux riches et Thales est en pleine forme.

Michel Cabirol

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