Finis les goodies aussi inutiles que négatifs pour l'environnement, place aux dons pré-financés ! Pour son nouveau projet entrepreneurial après la licorne des mobilités BlaBlaCar, Frédéric Mazzella, 46 ans, veut révolutionner le mécénat d'entreprise. Sa nouvelle plateforme, Captain Cause, cofondée avec Georges Basdevant, se conçoit comme « la brique qui manquait entre les entreprises et les projets à impact ». Il y avait urgence : aujourd'hui, à peine 9% des entreprises françaises pratiquent le mécénat, pour un total de plus de 2 milliards d'euros de dons en 2018, d'après une enquête d'Admical de novembre 2020.
Parmi ces entreprises mécènes, 96% sont des TPE et des PME, qui récoltent 23% du montant total. Problème : la gestion des dons est un casse-tête, surtout pour une petite structure. « Gérer les dons aux associations est très complexe et chronophage, surtout pour les petites et moyennes entreprises. Captain Cause leur permet de simplifier tout le processus grâce à une plateforme en ligne, tout en démultipliant leur impact car on peut engager leur écosystème de salariés, clients et partenaires », décrit Frédéric Mazzella à La Tribune.
La collaboration au cœur de la plateforme
Concrètement, Captain Cause permet aux entreprises, notamment les TPE et les PME, de financer et de suivre des associations grâce à une plateforme dédiée. « Plutôt que de distribuer des goodies pour les fêtes de fin d'année par exemple, l'entreprise oriente une partie de son budget marketing ou communication au financement de dons qu'elle distribue à qui elle veut : clients, fournisseurs, partenaires, employés. Chacun peut ensuite dépenser son don prépayé pour soutenir l'association de son choix », décrit l'entrepreneur. Un mode "téléthon" est aussi possible : pendant quelques minutes, tout le monde aiguille de l'argent pour une association.
Pour l'heure, une quarantaine d'associations sont disponibles sur la plateforme. « 1/10.000è des associations reçoivent un tiers des dons car les gens donnent aux structures qu'ils connaissent », ajoute Frédéric Mazzella. Pour mieux partager le gâteau, Captain Cause fait donc office de tiers de confiance. « Les associations présentes sur la plateforme sont sélectionnées en amont donc de confiance, ce qui permet de soutenir davantage de petites structures inconnues ou locales », poursuit l'entrepreneur. Pour figurer sur la plateforme, celles-ci doivent être « d'intérêt général, apolithiques, areligieuses, et dans les domaines de l'environnement, du social ou de la santé », décline-t-il. A terme, Frédéric Mazzella aimerait que Captain Cause fonctionne comme un label pour les associations, et que les utilisateurs notent les projets qu'ils soutiennent, notamment en prenant en compte la transparence des associations sur l'utilisation des fonds.
Lancé début 2022 avec le statut de société à mission, Captain Cause regroupe une équipe de 8 personnes dont les deux cofondateurs. A l'exception de Frédéric Mazzella, tous les autres salariés ont moins de 30 ans. « J'apporte mon expérience et ma notoriété au service d'un projet avec un fort potentiel d'impact. La nouvelle génération d'actifs est parfaitement consciente de l'urgence climatique et du fait que le statut quo dans nos modes de vie nous amène tout droit dans le mur. Le salut viendra de méthodes différentes, et ça commence par soutenir les projets innovants et allouer les ressources des entreprises pour leur marketing et leur image de marque de manière plus utile », ajoute-t-il.
3,5 millions d'euros levés
Pour l'heure, Captain Cause compte seulement une dizaine de clients, dont Great Place to Work, d'après Frédéric Mazzella. Sa levée de fonds de 3,5 millions d'euros, annoncée en fin de semaine, vise à gonfler rapidement ce chiffre, notamment à l'approche des fêtes de fin d'années, période où les entreprises sont prêtes à dépenser pour des cadeaux. Les fonds OneRagtime, MAIF Impact, daphni via son fonds digital retail Dastore, VNV Global et AFI, ont apporté leur soutien financier.
La startup utilise la fintech Mangopay pour gérer la partie administrative, technique et le paiement. Les sommes allouées par ses clients sont versées via un fonds de dotation créé par Captain Cause, puis sont transférées directement aux projets choisis. Conformément au business model des plateformes, la startup prélève une commission sur chaque transaction. Son rêve : atteindre le milliard d'euros... non pas de valorisation pour devenir une licorne comme BlaBlaCar, mais de dons d'ici à cinq ans.
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