Comment Hivebrite est devenue l'une des rares startups françaises qui réussit mieux à l'international

La pépite parisienne fondée en 2015 réalise plus la moitié de ses revenus aux Etats-Unis et a su séduire la plupart des grandes ONG, associations et grandes écoles grâce à son logiciel de création et d'animation de leurs communautés. Prochaine étape : conquérir le Cac 40, grâce à une nouvelle levée de fonds de 15 millions d'euros.
Sylvain Rolland
Hivebrite compte à ce jour un peu moins de 200 employés dans le monde, dont plus de 120 en France, à Paris. (Photo de l'équipe française)
Hivebrite compte à ce jour un peu moins de 200 employés dans le monde, dont plus de 120 en France, à Paris. (Photo de l'équipe française) (Crédits : DR)

Quel est le point commun entre les universités de Stanford, Princeton et Yale, la fondation Obama ou encore le géant de l'aéronautique Boeing ? Tous sont américains... et tous utilisent les services de la startup française Hivebrite pour gérer et animer leurs immenses communautés. Sous les radars en France, malgré un indéniable succès, la pépite fondée à Paris en 2015 revendique plus de 1.000 clients dans le monde, dont 40% sont des ONG et 40% des grands groupes. Et c'est pourquoi son fondateur et Pdg, Jean Hamon, a réussi à lever 54 millions de dollars depuis sa création (environ 51 millions d'euros), dont 15 millions d'euros annoncés en octobre 2023 auprès des fonds Quadrille (France) et Insight Partners (Etats-Unis), pour poursuivre et amplifier sa croissance de 45% par an ces deux dernières années. Ce montant s'ajoute notamment aux 20 millions d'euros levés en 2020 levés auprès des mêmes investisseurs et sur la base de la même valorisation, pour compléter une Série B de 35 millions d'euros.

Des outils clés en main pour animer des communautés

Le succès de Hivebrite réside dans son concept. Au début des années 2010, alors qu'il était étudiant à l'INSEAD, prestigieuse école de commerce française, Jean Hamon constate qu'il manque un outil pour mieux interagir avec la communauté des élèves et anciens élèves. « J'aurais aimé pouvoir me connecter à une plateforme privée, réservée à la communauté de l'INSEAD, qui aurait été dotée d'un annuaire, d'un site internet, d'un forum, pour être au courant des opportunités du réseau. Une sorte de mélange entre Facebook et LinkedIn, mais plus confidentiel car créé par et pour une communauté spécifique. Cet outil n'existait pas alors j'ai décidé de le créer », raconte-t-il à La Tribune.

Une fois diplômé, l'entrepreneur en herbe créé donc Hivebrite, spécialiste des solutions de gestion et d'engagement des communautés. Concrètement, il s'agit d'un logiciel vendu en marque blanche, et qui permet à ses clients de créer leur propre plateforme pour animer et développer leurs communautés. Les associations et ONG ont rapidement mordu à l'hameçon, car l'outil s'adapte à toutes les tailles d'organisations. « C'est vraiment à la carte, selon les besoins », précise le fondateur. « Certains clients veulent juste un site internet, un annuaire et un forum de discussions. D'autres prennent davantage d'options comme une application mobile, la possibilité de créer des groupes privés, la création et la gestion d'événements, des campagnes de communications ou encore des récoltes d'argent », ajoute-t-il.

International dès le début

Problème : la gestion des communautés n'est pas encore perçue comme un enjeu stratégique pour de nombreuses entreprises et organisations françaises. « On avait du mal à percer en France car le sujet était mal compris. Heureusement, très vite notre solution a été identifiée par des grosses ONG à l'international. Cela a généré une forte demande aux Etats-Unis et on a surfé sur la vague », relate Jean Hamon.

De fait, Hivebrite est devenue internationale quasiment dès sa création, et fait partie d'une minorité de startups françaises qui réalisent davantage de chiffre d'affaires à l'étranger qu'en France. Aujourd'hui, plus de la moitié (52%) des revenus -qui s'établissent à 25 millions de dollars-, viennent des Etats-Unis. Le reste se répartit entre la zone Europe et Moyen-Orient (44%) et la zone Asie-Pacifique (4%), que l'entreprise identifie également comme un levier de développement grâce à la levée de fonds. L'Hexagone représente une grande partie des revenus européens, mais ne pèse que 8% du total.

Dans le détail, le monde de l'éducation pèse 20% du chiffre d'affaires de Hivebrite, avec notamment les universités de Princeton, Stanford et Yale qui utilisent ses solutions pour gérer des communautés de milliers de personnes. Mais ce sont surtout les ONG et les associations de toutes tailles qui se saisissent de l'outil. L'ONU s'en sert pour faire connaître ses projets, tandis que la Fondation Obama l'utilise pour développer ses modules de formation, entre autres exemples.

Depuis quelques années, Hivebrite s'ouvre aussi, avec succès, au monde de l'entreprise, qui pèse aujourd'hui 40% des revenus et qui représente le principal levier de croissance de l'entreprise. Le New York Stock Exchange (NYSE), la bourse new-yorkaise, a créé via Hivebrite une communauté pour mettre en relations les membres du conseil d'administration des entreprises cotées avec des femmes et des candidats issus de la diversité, pour encourager les conseil d'administration des entreprises à s'ouvrir à des profils encore trop peu représentés.

Objectif : devenir le « Apple des communautés »

Les caisses pleines dans une période où le financement des startups est devenu très compliqué, Hivebrite compte utiliser l'argent de sa dernière levée de fonds pour améliorer l'expérience utilisateur -notamment en intégrant de l'intelligence artificielle pour automatiser certaines fonctionnalités, conquérir davantage d'entreprises (dont les grands groupes du CAC40), et s'installer dans de nouveaux territoires -défricher l'Asie et renforcer les positions en France et en Europe. L'entreprise compte à ce jour un peu moins de 200 employés dans le monde, dont plus de 120 en France, à Paris.

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A terme, Hivebrite se voit comme le « Apple des communautés » : une véritable plateforme personnalisable et modulable à l'envi pour ses clients, avec de plus en plus de modules maisons proposés, tout en étant compatible avec d'autres outils du marché. « On est compatibles avec tous les outils complémentaires comme Shopify pour nos clients qui veulent vendre via leur plateforme, mais on a aussi beaucoup de clients qui quittent certains outils pour adopter les nôtres, notamment ceux de gestion d'événement ou la messagerie. Se positionner comme un community hub et un magasin applicatif à la Apple est un angle de croissance très intéressant car notre concurrence est essentiellement indirecte, nous sommes les seuls à réunir et harmoniser tous les outils dont on peut avoir besoin pour gérer une communauté », dévoile l'entrepreneur. A moins que la croissance et le potentiel de la startup n'aiguise les appétits d'un acteur du private equity ou d'un géant du numérique...

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 21/10/2023 à 17:38
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Sympa ce "machin" qui ne sert à rien mais qui doit quand même servir à justifier et encadrer des "choses"( dont j'ignore l'existence!) mais qui doivent bien exister 😃.

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