Think Tech Summit : Les NFT, bulle spéculative ou futur de la finance ?

DEBAT. NFT : trois lettres qui ont fait une entrée remarquée dans l'univers de la tech. Ces jetons non fongibles sont des certificats d'authentification d'objets digitaux basés sur la blockchain, dont les prix se sont envolés en quelques mois. Arnaque ou futur du digital ? Lors du Think Tech Summit organisé par la Tribune le 28 mars au Grand Rex, deux experts ont exposé leurs arguments pour et contre.
« Il faut désormais se positionner sur le nouveau hand spinner (toupie) technologique qu'est le DAO », a prédit Gilles Cadignan, CEO de Woleet, lors du Think Tech Summit 2022 organisé par La Tribune.
« Il faut désormais se positionner sur le nouveau hand spinner (toupie) technologique qu'est le DAO », a prédit Gilles Cadignan, CEO de Woleet, lors du Think Tech Summit 2022 organisé par La Tribune. (Crédits : dr la tribune)

Si vous êtes prêt à acheter le premier SMS de l'histoire pour 107.000 euros ou le premier tweet de Jack Dorsey, fondateur de Twitter, pour 2,4 millions c'est que vous faites partie des 2% de Français qui ont choisi d'investir dans les NFT, principalement des jeunes, selon une étude de l'Adan (Association pour le développement des actifs numériques).

Pour tous les autres, ces trois lettres mystérieuses signifient "Non-Fungible Token" ou jetons non fongibles (uniques). Il s'agit de fichiers numériques (photos, vidéos, messages, fichiers audio, etc.) auxquels sont attachés un certificat d'authenticité stocké dans la blockchain. À ne pas confondre avec les cryptomonnaies, comme le Bitcoin ou l'Ether, qui servent notamment à acheter ces NFT.

Lire aussi 9 mnCrypto-actifs : les startups françaises s'organisent autour de la NFT Factory

En 2014, l'artiste et cofondateur de la plateforme Monegraph Kevin MacCoy tweete sur le transfert de propriété d'une de ses œuvres digitales via le logiciel Readymade NFT. Mais c'est en 2017 que la hype autour de ces jetons explose avec les CryptoKitties (chats virtuels) considérés comme les premiers véritables NFT. La collection de CryptoPunks, petits personnages utilisés comme avatars par des stars comme Snoop Dog ou Jay Z, a atteint la somme de 1,6 milliard de dollars. D'où l'accusation récurrente de bulle spéculative associée à ces fichiers numériques. Jérôme de Tychey, fondateur de Cometh, un jeu qui repose sur la blockchain et les NFT et président d'Ethereum France, est un défenseur convaincu de ces jetons non fongibles.

« Vive les NFT qui offrent un nouveau medium d'expression artistique, qui ont engendré une première licorne made in France avec Sorare (éditeur de cartes virtuelles de footballeurs qui a levé 680 millions de dollars en septembre 2021 NDLR) et dont l'interopérabilité qu'ils permettent offre une perspective nouvelle pour le jeu en réseau ! » s'est-il exclamé sur la scène du Grand Rex. Gilles Cadignan, fondateur et président de Woleet, une solution de certification des documents d'entreprises grâce au protocole Bitcoin, est loin de partager cet enthousiasme : « ces trois lettres sont comme une incantation. Quand on les prononce, on est tout de suite à la mode. Mais rappelez-vous les ICO (levées de fond en cryptomonnaies) de 2018 censées révolutionner le financement des startups. On est en 2022 et plus personne ne fait d'ICO ... ».

Une spéculation réservée aux initiés

Pour  Gilles Cadignan, les NFT sont clairement une arnaque destinée à siphonner l'argent de « personnes crédules » par des « petits malins » qui surfent sur cette nouvelle vague. Une vague qui, d'après lui, est déjà retombée : « il faut désormais se positionner sur le nouveau hand spinner (toupie) technologique qu'est le DAO ». Le DAO (Decentralized Autonomous Organization) est une organisation décentralisée dont les règles de gouvernance sont automatisées et inscrites de façon immuable dans une blockchain, une sorte de fonds de capital-risque décentralisé. Pour lui, cette « hystérie » autour des NFT engendre des excès et des arnaques, comme le "wash trading", soit le fait de racheter ses propres œuvres pour faire monter la cote.

« Ça existe, certes. Mais c'est fait en toute transparence sur la blockchain » tempère Jérôme de Tychey. La technologie NFT a quand même permis de sécuriser les échanges de ces tokens qui représentent des œuvres ou d'autres fichiers. « Est-ce vraiment disruptif ? Pas vraiment. Le marché de l'art classique et celui des NFT sont toujours séparés », insiste Gilles Cadignan. L'effet de mode va-t-il s'effondrer bientôt comme le prophétise le fondateur de Woleet ?

« Pour les vignettes Panini des années 70, c'était le même principe : vingt ans plus tard, elles valaient beaucoup plus cher. Un effet nostalgie qui a fonctionné aussi pour les MoonCats, un ancêtre des CryptoKitties qui ont connu récemment un revival » lui répond Jérôme de Tychey. Les valorisations stratosphériques des NFT posent question et fascinent à la fois. Le collage numérique « Everydays : The First 5000 days » de l'artiste Beeple a été vendu 69 millions de dollars, soit plus qu'un Manet ou un Picasso.

Faut-il se lancer dans cette forme de spéculation ? « Je ne m'y risquerai pas. C'est un marché naissant mais l'engouement a créé un appât du gain qui attire des acteurs peu fiables. Mieux vaut jouer sur notre jeu vidéo et accumuler gratuitement des NFT » propose Jérôme de Tychey. Gilles Cadignan renchérit : « il faut faire très attention. On a le droit d'aimer une croûte, même numérique, mais il ne faut pas espérer la revendre cent fois plus cher. Seuls les initiés peuvent y parvenir ». Avertissement sans frais aux chercheurs d'or numérique.

Lire aussi 10 mnA quoi sert un NFT ? Le marché des jetons numériques uniques en six questions

____

VOIR le Think Tech Summit en intégralité et le débat (à 6h03)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 05/04/2022 à 8:46
Signaler
Ils se font du fric par centaine de milliards déjà avec nos données consuméristes qui ont encore moins de valeur donc faire du fric avec rien ou pas grand chose les attirera forcément. Regardez le succès du bitcoin !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.