Après le débat sur la régulation des GAFA, se pose désormais celui de la régulation de l'IA. Les dirigeants des principaux acteurs de l'IA, dont Satya Nadella (Microsoft), Sundar Pichai (Google), Sam Altman (OpenAI) et Dario Amodei (Anthropic), sont conviés à une rencontre à la Maison Blanche ce jeudi pour évoquer avec Joe Biden, sa vice-présidente et des membres du gouvernement américain les risques liés à l'intelligence artificielle (IA).
« Notre objectif est d'avoir une discussion franche sur les risques actuels et à court-terme que nous percevons dans les développements de l'IA », promet le carton d'invitation. Washington reconnait qu'elle envisage de prendre « des mesures à prendre pour réduire ces risques et d'autres façons de travailler ensemble pour nous assurer que le peuple américain bénéficie des avancées dans l'IA tout en le protégeant des dangers ».
Depuis novembre 2022, le succès spectaculaire du robot conversationnel ChatGPT, et des versions ultérieurement élaborées par l'entreprise OpenAI, a électrisé la course à cette technologie entre les géants du numérique, qui investissement tous massivement pour rattraper leur retard, de Google au chinois Baidu.
Des robots bientôt « plus intelligents que les humains » ?
La capacité du robot à tenir une conversation et à fournir des réponses étayées et très rapides à une infinité de questions a également subjugué le grand public, et soulevé de nouvelles inquiétudes bien que l'IA soit déjà présente dans les algorithmes des réseaux sociaux, des sites de recrutement ou des appareils électroménagers.
Le patron d'OpenAI Sam Altman, en pointe sur ce sujet, anticipe ainsi l'avènement prochain d'une IA dont les programmes seront « plus intelligents que les humains en général ». Parmi les risques possibles, évoqués par les spécialistes de l'IA eux-mêmes dont l'entrepreneur Elon Musk dans une tribune qui a fait date : la disparition massive d'emplois dont certains emplois qualifiés comme les professeurs, la désinformation de masse ou la discrimination par des algorithmes.
La régulation, pas encore d'actualité
La Maison Blanche scrute attentivement le sujet. Elle a déjà publié fin 2022 un « plan pour une Déclaration des droits sur l'IA », qui fixe de grands principes généraux tels que la protection contre les systèmes dangereux ou faillibles. Le président Joe Biden exhorte les entreprises du secteur à « s'assurer que leurs produits sont sûrs avant de les mettre à disposition du grand public », rappelle là aussi l'invitation.
La mise en place d'une régulation est-elle pour autant d'actualité ? Lancée dans une guerre technologique avec la Chine dans laquelle l'IA est un enjeu clé, Washington pourrait craindre de brider l'innovation en matière d'IA et de perdre l'avantage technologique qu'il semble avoir pris vis-à-vis de Pékin.
De la même manière, les Etats-Unis ont jusqu'ici renoncé à durcir la régulation des GAFA ou à casser leurs monopoles du fait de l'atout incontournable qu'ils représentent pour leurs intérêts, notamment en termes de collecte de données. De la même manière, l'IA est autant un sujet de société que de rivalité géoplitique.
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