Intérim : Randstad mise sur le mobile pour ferrer les PME

Le géant du travail temporaire s’est allié avec CornerJob, spécialiste du recrutement sur mobile, pour proposer ses services aux TPE et aux PME. Pour Randstad, il s’agit d’un marché aussi important que stratégique, mais qui était, jusqu’alors, difficile à adresser.
Pierre Manière
François Béharel, le président de Randstad France.

Parfois, la rencontre entre un grand groupe traditionnel et une startup permet de décloisonner un marché. C'est du moins ce qu'espèrent Randstad et CornerJob. Ce mardi, l'antenne française du géant néerlandais de l'intérim et des services en ressources humaines s'est allié avec le spécialiste du recrutement sur mobile. But de la manœuvre : proposer des offres de travail temporaire aux plus de 3 millions de TPE et de PME de l'Hexagone, via l'appli de CornerJob.

Avec ce service, baptisé « m-intérim », les dirigeants d'entreprises peuvent proposer des missions de travail temporaire en quelques clics via l'appli. Les candidats, pour leur part, postulent à ces offres géolocalisées à partir de leur smartphone. L'entreprise n'a alors plus qu'à présélectionner les profils qui l'intéressent. Via une messagerie intégrée, elle peut discuter avec les candidats pour vérifier qu'ils correspondent à ses desiderata. Dès lors, la PME dispose de 24 heures pour arrêter son choix, et envoyer une demande d'embauche à l'heureux élu. Ce qui permet, au passage, aux candidats écartés de tout de suite se projeter sur d'autres offres.

Des algorithmes pour trier les candidats

Jusqu'à ce niveau-là, tout est directement géré par CornerJob. La startup s'occupe de tout ce qui relève du dépôt des annonces, des candidatures, ainsi que les mises en relation entre employeurs et employés. Elle s'appuie d'une part, en France, sur une empreinte d'environ 330.000 utilisateurs par mois et de près de 40.000 entreprises. Et ce dans des secteurs aussi variés que la restauration, l'hôtellerie, l'industrie ou la construction. D'autre part, elle compte sur ses algorithmes maisons pour aider les entreprises à dénicher les meilleurs profils selon leurs besoins.

C'est une fois qu'employeur et intérimaire se sont trouvés que Randstad entre dans la danse. Dans la foulée, Randstad Direct, sa plateforme digitale dédiée au travail temporaire, contacte le candidat retenu. S'il est nouveau, il s'agit d'abord de constituer et de vérifier son dossier. Il y a d'abord un volet administratif. De la carte d'identité au RIB, en passant par la Carte Vitale, Randstad collecte tous les documents et informations nécessaires. Le groupe passe ensuite au crible le CV, les diplômes et l'expérience du candidat. L'objectif étant de s'assurer qu'il n'a rien enjolivé, et surtout de vérifier s'il est compétent. Un point essentiel lorsque celui-ci est, par exemple, amené à travailler sur un chantier où la méconnaissance des règles de sécurité peut s'avérer tragique. En cas de doute, Randstad peut convoquer l'intéressé dans une de ses 730 agences pour un entretien approfondi. In fine, le groupe finalise le contrat de travail, facture la PME et rémunère l'intérimaire.

Décharger l'entreprise de l'administratif

A en croire CornerJob et Randstad, la solution est gagnant-gagnant. Si le premier, en tant que place de marché, offre un boulevard pour chasser les TPE, les PME et attirer les candidats, le second s'occupe de toute la partie contractuelle et de la vérification des profils. « Un volet qui est difficile à digitaliser », constate François Béharel, le président de Randstad France. Côté prix, CornerJob et Randstad ont fait le choix « d'un tarif fixe journalier », dixit David Rodriguez, le patron de la place de marché. « Celui-ci est dégressif selon la durée du contrat, détaille-t-il. Cela va de 24 euros pour des  missions très courtes de quelques heures ou d'une journée, à 17 euros par jour et par personne embauchée. »

Les deux groupes fondent beaucoup d'espoirs dans « m-intérim ». Ils misent sur la simplicité revendiquée de ce service pour séduire les chefs d'entreprises. « En couvrant tout le processus, de l'offre d'emploi jusqu'à la fiche de paie, on leur permet de recruter très rapidement », insiste David Rodriguez. François Béharel, lui, est persuadé qu'en « déchargeant l'entreprise des tâches administratives et du contrôle des candidats », cette alliance fait sauter un des verrous du marché. A ses yeux, un chef d'entreprise n'a, au quotidien, que peu de temps et d'énergie à consacrer au recrutement, synonyme de paperasse, de plongée dans le droit du travail, et d'entretiens pas toujours probants.

Vers un rachat de CornerJob ?

Surtout, François Béharel compte sur cette nouvelle offre pour renforcer le poids des PME dans son portefeuille vis-à-vis des « grands comptes » (comme les sous-traitants automobiles ou les cadors du BTP), qui n'ont de cesse de tirer les prix vers le bas. Aujourd'hui, les petites et moyennes entreprises pèsent environ 40% du chiffre d'affaires du groupe en France - soit 2,8 milliards d'euros en 2015. Avec CornerJob, François Béharel espère en ferrer davantage. « Jusqu'à présent, on a eu du mal à adresser les TPE et les PME. On était incapable d'avoir une structure de coûts pour les visiter », constate, sans ambages, le grand patron. « Il est intenable, en termes de business model, de payer des commerciaux en voiture pour toquer aux portes de ces 3 millions d'entreprises... », renchérit-il. Avant de percevoir dans sa nouvelle offre - et plus largement dans le digital -, une opportunité de choix pour toucher ces clients.

Si l'expérience « m-intérim » est concluante en France, François Béharel espère l'étendre à d'autres pays. Il songe notamment à l'Italie et à l'Espagne, où CornerJob est déjà implanté. Au passage, le président de Randstad France n'exclut pas un rachat pur et simple de son partenaire : « Je n'ai pas à juger du moment... Avec tout ce qu'on a fait récemment, tout est possible. Mais là, ce n'est pas le sujet. » L'appétit viendra, sans doute, si les PME répondent présent.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 05/04/2017 à 22:54
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De toute façon ils seront toujours meilleurs qu'un drh pour recruter, fonction amenée à disparaitre heureusement.

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