Les nouveaux éditeurs d'information en ligne toujours déficitaires

De Rue89 à Atlantico, en passant par le HuffPost et Slate, l'offre de sites d'actualité est pléthorique. Seul Mediapart, au modèle payant, est bénéficiaire.
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Internet, la panacée pour la presse ? Ce n'est pas si simple, comme le montrent les comptes, tous dans le rouge, des sites d'information « pure players » créés de zéro, sans être adossés à la notoriété d'un journal papier. À l'exception de Mediapart, seul site à avoir choisi le modèle payant par abonnement, à raison de 9 euros par mois hors promotions, et sans aucune publicité. Lancé en mars 2008 par Edwy Plenel et d'anciens journalistes du « Monde », le site a profité de ses scoops sur l'affaire Bettencourt en 2010 pour s'imposer : il compterait plus de 55.000 abonnés et a dégagé un bénéfice de 500.000 euros en 2011 pour un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros.

Gratuits, les autres sites ont tous misé sur la publicité, mais les recettes ne permettent pas pour l'instant de supporter les coûts d'une rédaction suffisamment étoffée. Bakchich, qui employait près d'une trentaine de journalistes en 2007, a déposé son bilan en 2009, fermé début 2011 puis rouvert en juin dernier avec... un seul salarié. Rue89, lancé en 2007 par des anciens de « Libération », vient de s'adosser au groupe « Nouvel Observateur », contrôlé par Claude Perdriel, faute de moyens pour se développer : le site, qui s'était décliné en mensuel papier pour attirer les annonceurs, a perdu 400.000 euros en 2011 pour un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros. Leader des pure players avec 1,8 million de visiteurs uniques par mois (juste derrière LePost, filiale du « Monde » qui vient de fermer pour céder la place à la version française du Huffington Post), contre 6 à 7 millions pour les sites du « Figaro » et du « Monde », Rue89 a été racheté sur la base d'une valorisation de 7,5 millions d'euros. Slate.fr, lancé en 2009 par Jean-Marie Colombani comme une déclinaison du magazine en ligne américain du même nom, vend des contenus au portail d'Orange et utilise la régie publicitaire du site de streaming musical Deezer ; il espère sortir du rouge en 2013.

Malgré cette difficulté à monétiser l'audience, les nouveaux projets foisonnent. En mars dernier, Atlantico s'est lancé avec l'objectif d'atteindre la rentabilité en trois ans : il a déjà atteint plus d'un million de visiteurs uniques mensuels et prépare une nouvelle levée de fonds de 1 à 1,5 million d'euros pour poursuivre son essor. Il y a une semaine, le site américain Huffington Post a ouvert son site français, en partenariat avec « Le Monde », avec une équipe restreinte de 8 journalistes et se donne deux ans pour atteindre l'équilibre.

Afin de nourrir leurs flux, tous ces sites pratiquent le « journalisme de liens », qui consiste à réorienter les internautes vers des articles sélectionnés sur d'autres sites et s'appuient fortement sur les contributions extérieures, généralement bénévoles. Le HuffPost, lancé en 2005 aux États-Unis par Arianna Huffington, a érigé la pratique en système et en modèle économique. Ce qui lui a valu un procès de blogueurs, las d'être non rémunérés, alors que le site américain, qui attire 36 millions de visiteurs uniques par mois soit plus que celui du « New York Times », est largement rentable depuis 2010. Le groupe Internet AOL l'a racheté pour la bagatelle de 315 millions de dollars il y a un an.

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Commentaire 1
à écrit le 07/02/2013 à 15:22
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Mediapart seul business model rentable, un journal très à gauche c'est quand même le comble ! En tout cas ça devrait en faire réfléchir certains...

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