Cookies : la CNIL fait pleuvoir les mises en demeure pour l'anniversaire du RGPD

Le jour du troisième anniversaire de l'entrée en vigueur du RGPD, la CNIL a annoncé une vingtaine de mises en demeure pour non-respect de la réglementation sur les cookies publicitaires. Des géants du Net américains sont concernés. Mais les autorités de protection de la vie privée, à commencer par la CNIL, ont peu utilisé la puissance du RGPD depuis son entrée en vigueur.
Sylvain Rolland
Derrière l'annonce symbolique, l'apparente sévérité de la CNIL ne se retrouve pas dans l'analyse des amendes infligées aux géants du Net depuis 2018.
Derrière l'annonce symbolique, l'apparente sévérité de la CNIL ne se retrouve pas dans l'analyse des amendes infligées aux géants du Net depuis 2018. (Crédits : DR)

Joyeux anniversaire le RGPD ! Coïncidence ou pas, la Commission nationale informatique et libertés (CNIL), gendarme français des données personnelles, a annoncé ce 25 mai, jour du troisième anniversaire de l'entrée en vigueur du Règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD), "une vingtaine de mises en demeure" concernant "principalement d'importantes sociétés de l'économie numérique", dont des "acteurs internationaux" qui ne sont pas nommés. L'objet de son courroux ? Ces acteurs ne respectent pas la législation en matière de cookies.

Lire aussi 4 mnRGPD : neuf notions essentielles à retenir

"Refuser le traçage doit être aussi facile que l'accepter"

L'autorité dit avoir effectué une série de contrôles en avril et avoir constaté qu'un "certain nombre d'organismes ne permettaient toujours pas aux internautes de refuser les cookies aussi facilement que de les accepter", explique le régulateur dans un communiqué. Les mises en demeure étant non publiques, les noms de ces organismes n'ont pas été dévoilés, et ceux-ci disposent d'un mois pour se mettre en conformité, sous peine de devoir payer une amende pouvant grimper jusqu'à 4% de leur chiffre d'affaires mondial. Mais les indications sont claires : des géants du Net américains sont concernés.

"Il s'agit de la première campagne de vérifications et de mesures correctrices depuis l'expiration (le 1er avril) du délai accordé aux acteurs pour mettre en conformité leurs sites et applications mobiles aux nouvelles règles en matière de cookies. Des actions similaires seront conduites au cours des prochains mois", rappelle la Cnil.

En octobre 2020, la Commission nationale informatique et libertés avait publié sa "recommandation" sur la publicité ciblée, fruit d'un long travail de concertation pour appliquer les principes du Règlement général européen sur la protection des données (RGPD), entré en vigueur en 2018.

Celui-ci prévoit notamment un consentement explicite au recueil des données personnelles. Concrètement, le régulateur souhaite que sur les bandeaux de recueil du consentement, le bouton "Refuser tout" soit aussi facile d'accès que "Tout accepter". Or, chacun a pu constater sur le Net que c'est aujourd'hui très loin d'être le cas : parfois le bouton "tout accepter" est bien plus visible que le bouton "Refuser tout", et parfois même, cette dernière option est reléguée soit en petits caractères, soit tout en haut de la page pour pousser l'internaute à accepter le traçage car il n'aurait pas vu tout de suite le bouton pour refuser.

La Cnil avait laissé six mois aux éditeurs de sites et d'applications mobiles pour s'adapter. Dans l'intervalle, elle avait toutefois sanctionné Google et Amazon avec des amendes record de 100 et 35 millions d'euros en raison de bandeaux d'information non conformes, sur la base d'une législation antérieure au RGPD.

Lire aussi 3 mn"Les amendes de la Cnil contre Amazon et Google ne sont pas que symboliques"

Bilan contrasté du RGPD en terme d'amendes

Avec ce tir groupé annoncé le jour de l'anniversaire du RGPD, la Cnil envoie un signal clair : l'autorité de contrôle entend pleinement jouer son rôle de vigie du respect de la législation et dégainer l'arme des sanctions dès que nécessaire. Elle indique également que sa patience a des limites : maintenant que la période de mise en conformité est terminée, les organisations récalcitrantes doivent accélérer si elles veulent éviter une amende.

Mais derrière le coup de com', cette apparente sévérité ne se traduit pas vraiment dans les faits. Depuis 2018, les autorités européennes de protection des données, notamment la CNIL mais aussi son équivalente irlandaise, pays où Google et Facebook ont leur siège européen, n'ont pas vraiment utilisé toute la latitude que le RGPD leur laisse en matière d'amendes. La règlementation stipule en effet qu'en cas de manquement, l'amende peut grimper jusqu'à 4% du chiffre d'affaire mondial, ce qui se chiffre en milliards d'euros pour les fameux Gafa, souvent montrés du doigt. Mais l'amende la plus importante a été celle infligée à Google, de 100 millions d'euros, pour non-respect des règles sur les cookies. Une somme importante mais qui reste une goutte d'eau pour le géant américain.

Lire aussi 4 mnCookies : la Cnil serre (un peu) la vis pour donner un vrai choix aux internautes

Sylvain Rolland

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 27/05/2021 à 9:32
Signaler
Deux heures pour accéder à internet à cause d'eux tandis qu'ils ne protègent que des données peu importantes à savoir celles liées à notre consommation tandis qu'ils livrent nos informations les plus sensibles comme la santé aux hackers de toutes sor...

à écrit le 26/05/2021 à 9:52
Signaler
J'avoue ne pas dépasser la première marche d'un site lorsque je suis dans l'impossibilité de refuser clairement. Mais il est plus facile de distribuer des amendes automatiques à des automobilistes que d'assumer un rôle régalien pour le respect de ce...

à écrit le 26/05/2021 à 8:49
Signaler
Étonnant effectivement quand on sait que la cnil a validé le vote parlementaire sur proposition gouvernementale du transfert de nos données médicales vers les usa parce ça «  coûterait trop cher et trop de temps «  de financer un système français mai...

à écrit le 26/05/2021 à 8:14
Signaler
........Google en tète !

à écrit le 25/05/2021 à 20:12
Signaler
Et concernant le président macron? toutes les publicités d'état, sont avec lui, c'est comme saddam hussein et d'autres dictateurs ! Alors sans doute une question d'oseille a la fin, mais cela montre actuellement que question démocratie, l'état c'e...

à écrit le 25/05/2021 à 19:29
Signaler
La CNIL doit être dans ses petits souliers après avoir donné au USA Nos données médicale . C'est quand même autres chose qu'une acceptation de traçage publicitaire sur le site de carrefour . 3 millions pour carrefour ,la prison pour la CNIL ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.