Dans la Silicon Valley aussi, la tech se mobilise contre le racisme

Suite aux manifestations de grande ampleur qui parcourent l'Amérique depuis l'assassinat de George Floyd, les entreprises des nouvelles technologies s'impliquent dans la lutte contre les inégalités. Mais certains doutent de leur sincérité.
(Crédits : Reuters)

Géants de la Silicon Valley, startups et fonds d'investissement sont nombreux à se mobiliser suite à l'assassinat de George Floyd par un policier de Minneapolis, qui a suscité une vague d'indignations et de manifestations dans tout le pays. Tim Cook, le directeur général d'Apple, a apporté son soutien au mouvement dans une lettre ouverte, Mark Zuckerberg a affirmé dans une tribune que son entreprise devait faire davantage pour lutter contre le racisme et les inégalités, tandis que les employés de Google ont respecté 8 minutes et 46 secondes de silence en la mémoire de George Floyd, correspondant au temps pendant lequel l'homme a été maintenu au sol et étouffé.

Mais ces entreprises ont aussi joint le geste à la parole, principalement sous la forme de donations en faveur de diverses associations. Google a ainsi annoncé mercredi 3 juin que 12 millions de dollars seraient versés à plusieurs groupes luttant contre le racisme, tandis que YouTube, qui appartient à Google, a promis un don d'un million dans un tweet.

Facebook et Amazon vont tous deux verser 10 millions de dollars à diverses associations engagées dans la lutte contre les discriminations et l'aide à la communauté afro-américaine. Uber va donner un million de dollars pour réformer le système judiciaire américain. Jack Dorsey, le CEO de Twitter, a pour sa part versé 3 millions de dollars au Know Your Rights Camp, un programme d'éducation pour les jeunes Afro-Américains défavorisés, lancé par le joueur de football américain et activiste Colin Kaepernick.

Financer les entrepreneurs afro-américains

À ces sommes débloquées par les géants des nouvelles technologies s'ajoutent différentes initiatives de la part des fonds d'investissement en capital-risque, grands argentiers de l'industrie de la tech. L'un des plus célèbres d'entre eux, Andreessen Horowitz, a ainsi lancé un nouveau fonds, The Talent x Opportunity (TxO). Doté de 2,2 millions de dollars, il aura pour mission d'investir dans les jeunes pousses lancées par des entrepreneurs issus de communautés défavorisées.

« Nous sommes en quête d'entrepreneurs qui possèdent un gros potentiel, mais n'ont pas eu l'occasion de pouvoir l'exprimer. Leurs produits peuvent être en lien ou non avec les technologies de pointe, ils doivent venir de communautés défavorisées (tous les profils sont les bienvenus), et, dans l'idéal, proposer un modèle d'affaires original ou s'attaquer à un marché de niche », affirme l'entreprise.

Ces entrepreneurs en herbe se verront attribuer des financements, bien sûr, mais ils auront aussi l'occasion de se faire un réseau et de participer à des formations.

Work-Bench, un investisseur new-yorkais, a affirmé de son côté mettre en place des initiatives pour financer davantage d'entrepreneurs issus de la communauté afro-américaine, notamment à travers des partenariats avec des fonds d'investissement gérés par des personnes issues de cette communauté. Nommés Cleo Capital, Backstage Capital, Precursor Ventures ou encore Harlem Capital, ces derniers ont connu un certain essor aux États-Unis au cours des dernières années et visent notamment à donner leur chance aux entrepreneurs issus de la communauté noire.

Le biais des algorithmes

Car cette dernière reste très largement exclue de l'industrie des nouvelles technologies. Alors qu'ils comptent pour 13% de la population active, les Afro-Américains représentent 2% seulement des cadres des startups, selon Kauffman Fellows, un programme de formation pour investisseurs. Et parmi les dirigeants d'entreprise du Fortune 500, trois seulement sont issus de cette communauté.

Pour remédier à ce problème, la plupart des grandes entreprises de la Silicon Valley se sont dotées de programmes visant à diversifier les profils de leurs employés. Mais bien que des progrès aient été réalisés, les inégalités demeurent. Si Facebook a doublé son nombre d'employés afro-américains depuis 2014, la part de ses derniers dans ses effectifs atteint à peine 4%. Google fait à peine mieux : 5,5% des personnes embauchées l'an passé par l'entreprise étaient noires, contre 4,8% en 2018.

Dans ce contexte, les récentes actions de l'industrie sont accueillies avec circonspection, certains y voyant une stratégie de communication. D'autres pointent la duplicité de ces entreprises, qui tout en parlant et agissant en faveur de l'égalité, contribuent par d'autres moyens à aggraver les discriminations que subit la communauté afro-américaine. Des employés d'Amazon se sont ainsi mobilisés pour critiquer le fait que leur entreprise continue de vendre des technologies de surveillance à la police.

YouTube et Facebook sont de même critiqués pour la façon dont leurs algorithmes favoriseraient la polarisation des utilisateurs et l'adoption de points de vue extrêmes. D'autres, encore, ont dénoncé le fait que les algorithmes d'intelligence artificielle de la Silicon Valley, notamment utilisés par la justice américaine, sont biaisés à l'encontre des Afro-Américains.

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Commentaire 1
à écrit le 12/06/2020 à 9:38
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"Mais certains doutent de leur sincérité" Les râleurs habituels ceux dotés d"une "mauvaise digestion" dont dirait Nietzsche puisque il est évident que leur intérêt premier est l'égalité entre tous, leur business se reposant sur les actes du plus ...

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