Les dirigeants de Twitter "empoisonnent" la tentative de rachat d'Elon Musk

Twitter a déclenché une clause dite de la "pilule empoisonnée" en réponse à l'OPA hostile d'Elon Musk. Si le milliardaire obtient plus de 15% des actions, la société envisage de brader ses actions pour tous les autres actionnaires. L'objectif ? Augmenter le prix à débourser pour le milliardaire, dont l'offre s'élève à 54,20 dollars par action, soit 43 milliards de dollars pour l'intégralité des parts.
(Crédits : Reuters)

Le conseil d'administration de Twitter contre-attaque. Visé depuis le 14 avril par une offre publique d'achat (OPA) hostile de la part d'Elon Musk, le réseau social a pris vendredi des mesures destinées à empêcher le milliardaire de racheter facilement des actions. Il fait ainsi barrage à sa tentative de sortir la société de la Bourse.

Les dirigeants ont déclenché la clause dite de la "pilule empoisonnée" dans le jargon financier. Concrètement, le groupe californien prévoit de brader ses actions pour tous les autres actionnaires, si Elon Musk dépasse les 15% d'actions de Twitter sans l'accord du conseil d'administration. L'homme le plus riche du monde a annoncé début avril qu'il détenait 9,2% du capital de la société, ce qui fait de lui le premier actionnaire.

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Renchérir le prix du rachat

La stratégie de Twitter a pour objectif de renchérir grandement le prix que l'entrepreneur devrait débourser pour mettre totalement la main sur le réseau social. Le plan doit "réduire la possibilité qu'une entité, une personne ou un groupe ne prenne le contrôle de Twitter en accumulant des titres sur le marché sans payer à tous les actionnaires une prime appropriée ou sans donner suffisamment de temps au conseil d'administration pour prendre des décisions éclairées", précise l'entreprise basée à San Francisco dans un communiqué. Elon Musk a proposé à rachat à 54,20 dollars par action, soit 43 milliards de dollars pour l'intégralité de la société. Il a présenté ce prix comme son unique et dernière offre, puisqu'elle offre une prime de 38% aux actionnaires par rapport au cours du titre début avril, avant qu'il ne commence son offensive. Si certains analystes jugent l'offre correcte, plusieurs actionnaires l'ont déjà déclarée insuffisante.

"C'est une tactique de défense qui était prévisible", a réagi l'analyste Dan Ives, de Wedbush, auprès de l'AFP. Mais elle ne sera pas perçue "de façon positive" par les actionnaires, prédit-il, étant donné le risque de "dilution" du capital. Autre problème de cette stratégie, d'après l'analyste : le plan sera "certainement contesté en justice" par certains actionnaires, car le conseil d'administration a l'obligation d'agir dans l'intérêt de la société et d'augmenter sa valeur pour les actionnaires.

Les dirigeants de Twitter avaient déjà tenté de satisfaire l'appétit de Musk en lui proposant de siéger au conseil d'administration la semaine dernière, en échange de quoi il s'engageait à ne pas prendre plus de 14,9% des parts dans les 90 jours suivants. Après avoir laissé entendre qu'il accepterait, le milliardaire fantasque a posé un lapin au conseil le jour où il devait y entrer.

Elon Musk continue son travail de sape

Vendredi, Elon Musk a tweeté "Merci pour le soutien !" en réponse à un sondage réalisé par un compte non-vérifié, "Bitcoin Archive", intitulé "Voulez-vous qu'Elon Musk achète Twitter ?" auquel 73% des 19 494 votants ont répondu "oui".

Depuis le début de son offensive, il instrumentalise son compte Twitter suivi par 82 millions de comptes -dont certains très grands fans- pour mettre en avant la masse de soutiens dont il dispose pour son projet. Par exemple, le jour de la publication de l'OPA, il avait aussi posé sa propre sondage à son audience : "Faire de Twitter une entreprise privée à 54,20 dollars devrait relever des actionnaires et non du CA". Plus de 83% des 2,9 millions de votes sont allés au "oui".

Mais l'influence et la pression exercées par Elon Musk ne laissent pas beaucoup de champ libre aux dirigeants de Twitter, ont commenté à l'AFP les analystes de Wedbush Securities, qui ont prédit une victoire du milliardaire après de nombreux rebondissements. "Le conseil va chercher quelqu'un ou un groupe qui leur fasse une meilleure offre. Mais il va être difficile pour d'autres enchérisseurs d'émerger" a souligné Dan Ives dans une analyse publiée sur le Daily Mail jeudi. Si Elon Musk a déclaré qu'il n'était pas sûr de réussir son coup d'éclat, les alternatives à son offre ne sont pas évidentes.

"Les acheteurs logiques ne sont pas nombreux : il faut un gros acteurs de la tech, imposant mais pas suffisamment pour déclencher l'antitrust", diagnostiquait à La Tribune Jacques-Aurélien Marcireau, co-directeur des gestions actions chez Edmond de Rothschild Asset Management. Puisque les Gafam ne peuvent se positionner sur le dossier, il faudrait qu'un acteur tech de "seconde ligne" se déclare intéressé, à l'image du géant du logiciel Salesforce, qui avait tenté de racheter le réseau social en octobre 2019, pour la moitié du prix proposé par Musk.

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Commentaires 2
à écrit le 18/04/2022 à 20:34
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Comme précisé par Dorsey le board de Twitter est illégitime (cf. participation au capital) et agit contre les intérêts des actionnaires. Il suffirait que les actionnaires actuels de Twitter agissent de concert via une association d'investisseur...

à écrit le 16/04/2022 à 17:54
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La vérité est ailleurs ! D'un côté un réseau social qui ne rapporte pas ,une offre de 54 milliards ,hallucinant moi je vends de suite et à moi la belle vie ! D'un autre côté ,un multimilliardaire ,qui va créer son propre internet dans l'espace avec...

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