Elon Musk, un actionnaire activiste qui "trolle" Twitter ?

En une semaine, Elon Musk est devenu le premier actionnaire de Twitter, a été annoncé au conseil d'administration, puis a finalement refusé le siège, avant de publier une série de messages moqueurs contre le réseau social. En refusant un siège parmi les directeurs, le milliardaire s'évite la contrainte de ne pas pouvoir monter au-delà de 15% du capital, et garde sa totale liberté de parole pour critiquer l'actuelle direction.
François Manens
(Crédits : Reuters)

Drôle de conclusion à une étrange semaine pour Twitter. Elon Musk a refusé au dernier moment le siège au conseil d'administration du réseau social qu'on lui avait offert quatre jours plus tôt, suite à son entrée fracassante au capital.

C'est le CEO de Twitter lui-même, Parag Agrawal, qui a relayé ce lundi 11 avril le message envoyé aux employés de l'entreprise pendant le week-end. On y apprend que le milliardaire fantasque a tout bonnement posé un lapin aux dirigeants, alors qu'il avait laissé entendre publiquement qu'il siègerait. "La nomination d'Elon au conseil d'administration devait entrer en vigueur le 9 avril, mais Elon nous a annoncé le même jour qu'il ne le rejoindrai pas", écrit Agrawal, avant d'ajouter, "Elon est notre plus gros actionnaire et nous resterons ouvert à ses idées". Une heure après le message du CEO, le principal concerné a tweeté l'emoji "pouffe de rire", sans de plus amples commentaires.

Elon Musk, un actionnaire activiste par le "troll"

Dès l'annonce de son entrée au capital de Twitter, Musk s'était fait remarqué par un sondage sur la création -controversée- d'un bouton "modifier" sur la plateforme. Le jour même, Twitter annonçait qu'il travaillait depuis l'an dernier sur cette fonctionnalité, après s'être refusé à le faire pendant des années. Le milliardaire a ainsi vampirisé l'annonce de son nouveau jouet.

Suite à son refus de siéger, Elon Musk a "trollé" [se moquer et faire perdre du temps, ndlr] de plus belle le réseau social. Il s'est fendu pendant le week-end de tweets lunaires dont il a le secret, supprimés depuis. Dans le premier, il proposait un sondage, avec une réponse "oui" ou "bien sûr" à la question "faut-il supprimer le 'w' de Twitter ?". Dans le second, il suggérait de "convertir le siège de Twitter à San Francisco en abri pour les sans-domicile fixe", car "personne ne s'y déplace de toutes façons". Ces deux messages au ton particulièrement léger pour un premier actionnaire ont été supprimés depuis, mais un troisième reste en ligne. "Est-ce que Twitter meurt ?", interroge Musk à ses plus de 80 millions d'abonnés, affirmant que la majorité des comptes les plus suivis de la plateforme ne publient que trop rarement, et que ce serait mauvais signe.

Avant même ces pirouettes du milliardaire, Parag Agrawal commençait déjà à s'agacer de la situation. "Il y aura des distractions, mais nos priorités et nos objectifs restent les mêmes", lançait-il à ces employés. Même si Elon Musk ne siège pas, ses frasques vont forcément impacter Twitter, à l'image de sa valorisation en Bourse, et il semble décidé à endosser le costume d'actionnaire activiste.

La question est désormais de savoir où le Sud-Africain s'arrêtera : la place au siège de l'entreprise qu'il a refusé le contraignait à ne pas prendre plus de 14,9% des parts de l'entreprise pendant 90 jours (il en possède déjà 9,2%). Elon Musk a une vision particulière de la modération sur les réseaux sociaux et de la liberté d'expression, et ses joutes pour l'instant bon enfant avec la direction de Twitter pourraient prendre une autre tournure à l'avenir.

François Manens

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Commentaires 5
à écrit le 13/04/2022 à 9:36
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Je viens d'apprendre que facebook avait censuré une vidéo de Pierre Emmanuel Barré, cela ne m'étonnait pas car il va loin il fait beaucoup de bien d'ailleurs mais pourtant sur celle censurée il n'y avait aucune raison qu'elle le soit dans de nombreus...

à écrit le 12/04/2022 à 2:27
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A quoi bon siéger au board lorsqu'un simple message sur Twitter permet de faire plier la direction sur le révisionnisme des messages...

à écrit le 11/04/2022 à 20:16
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" En refusant un siège parmi les directeurs, le milliardaire s'évite la contrainte de ne pas pouvoir monter au-delà de 15% du capital" Bah on se doute que les autres doivent être milliardaires aussi ou pas loin non ?

le 12/04/2022 à 20:08
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Sauf que les autres réinjectent probablement leur bonus dans une pseudo-diversification en ETF issus du même émetteur (e.g. BlackRock) plutôt que faire un coup de poker quitte ou double sur la vache à lait Twitter sous perfusion des fonds de pensi...

le 13/04/2022 à 10:51
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Donc c'est bien ce que je dis, je parlais pas du fond là mais de la forme, donc on ne peut pas dire "le milliardaire" pour définir un individu tandis que les autres sont aussi milliardaires.

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