Portée par les juteux contrats militaires, Palantir engrange pour la première fois un bénéfice net

Nouveau logiciel pour l'armée, collecte de données clés sur le front pour la prise de décision, supply chain... en 2022, la société Palantir a fait une impressionnante récolte de contrats militaires. Des fruits qui permettent aujourd'hui à la société de sortir du rouge et envisager la rentabilité sur toute l'année 2023. Dans la Silicon Valley, les critiques fusent contre ces activités.
Alex Karp, CEO et cofondateur de Palantir qui a dû répondre aux critiques sur les missions de l'entreprise basée en Californie.
Alex Karp, CEO et cofondateur de Palantir qui a dû répondre aux critiques sur les missions de l'entreprise basée en Californie. (Crédits : REUTERS/Mike Blake)

Palantir, la société de big data choyée par les services secrets américains, connait une période faste. Dans le contexte de la guerre en Ukraine menée par la Russie et les tensions internationales avec la Chine, l'entreprise californienne a engrangé en 2022 une série de contrats militaires, pour un total de plusieurs centaines de millions de dollars. Résultat, pour la première fois depuis sa création, ce spécialiste américain de l'analyse de données a annoncé lundi avoir gagné de l'argent sur un trimestre.

Au quatrième trimestre 2022, la société basée à Palo Alto a ainsi enregistré un bénéfice net de 31 millions de dollars. Mieux, elle prévoit d'être dans le vert sur l'ensemble de l'année 2023, selon un communiqué. Une prouesse pour un groupe qui emploie près de 3.000 personnes et dont les investissements dans les nouvelles technologies sont colossaux.

La performance n'est pas due au hasard au vu de la récolte faite par ses commerciaux il y a quelques mois. A l'automne 2022, l'entreprise bouclait par exemple un contrat avec l'armée américaine pour « soutenir toutes les branches des services armés, de l'état-major interarmées et des forces spéciales dans le test, l'utilisation et la mise à l'échelle de l'intelligence artificielle (IA) et des capacités d'apprentissage automatique (ML) à travers le département de la défense (DoD). Le contrat est d'une valeur maximale de 229 millions de dollars sur un an », précisait-elle. Un mois plus tard, elle rempilait sur un contrat de 59 millions de dollars afin d'agréger des données sur les fronts militaires et ainsi aider les généraux à une prise de décision plus rapide. Le champ d'action de ses logiciels couvre aussi la maîtrise de la supply chain des armées.

La collaboration avec le laboratoire de l'armée remonte d'ailleurs à 2018 mais elle s'est nettement accélérée ces dernières années, avec en point d'orgue un contrat de 800 millions de dollars dès 2019 pour la création d'un nouveau logiciel. « Les forces armées de notre pays ont besoin de logiciels de premier ordre pour remplir leurs missions actuelles tout en développant rapidement les capacités dont elles auront besoin pour les combats de demain », avait annoncé Akash Jain, CTO et président de la branche Palantir USG (US government).

Le spectre de Palantir s'est même étendu au-delà des Etats-Unis avec en décembre la signature d'un contrat avec le ministère de la Défense du Royaume-Uni pour un montant de 75 millions de livres (85 millions d'euros).

La Silicon Valley au service des armées

Cette collaboration rapprochée avec le secteur de la Défense soulève d'ailleurs des critiques sur la côte Ouest. Le CEO Alex Karp a du réagir en début d'année à la polémique, invitant les salariés de la Silicon Valley qui ne seraient pas à l'aise à travailler avec l'armée « à ne pas travailler ici », lit-on sur Fortune. Assez secrète sur ses activités, Palantir avait fait son entrée à Wall Street en septembre 2020.

Et Alex Karp célèbre d'abord les résultats : « Palantir est rentable. C'est un moment important pour nous et ceux qui nous ont soutenu », a relevé le co-fondateur et directeur général, cité dans le document. Dans son board d'actionnaires, elle compte notamment Peter Thiel, l'un des poids lourds de la Valley à l'origine de PayPal.

Dans la foulée, l'action a pris plus de 20% dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York.

Face aux critiques, la direction répond par « la demande incessante des entreprises »

Couvée à son démarrage en 2003 par la CIA, la société a commencé par développer des logiciels pour des opérations d'antiterrorisme, cherchant notamment à identifier des informations en plongeant dans les bases de données. Elle a par la suite proposé ses services à d'autres agences de renseignement, puis à des entreprises.

Dans une lettre accompagnant la publication des résultats, M. Karp a mis en avant « la demande incessante » en logiciels de la part des entreprises.

« À nos débuts, beaucoup doutaient de notre capacité à devenir plus qu'un fournisseur spécialisé de logiciels pour une poignée de clients gouvernementaux, sans parler de générer des revenus significatifs auprès de clients gouvernementaux. Ils avaient tort », a-t-il souligné.

Sur l'ensemble de l'année 2022, Palantir a dégagé un chiffre d'affaires de 1,9 milliard de dollars, en hausse de 24%, mais reste dans le rouge avec un déficit de 374 millions de dollars.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 14/02/2023 à 22:02
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Lisez l'interview du patron de Palantir dans les Echos de la semaine dernière : ça vaut son pesant de poil à gratter.

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