
Pour 3 milliards de dollars, Facebook achetait Oculus VR, qui avait développé un des premiers casques de réalité virtuelle. C'était il y a 5 ans, et depuis, le marché de la réalité virtuelle et augmenté n'a pas récolté le succès espéré. Mais il aurait pu en être autrement. L'auteur Blake Harris, qui travaillait à l'époque sur le virage de l'entreprise de Mark Zuckerberg vers la VR, révèle que Facebook avait considéré l'achat de Unity en 2015, pour développer ce nouveau secteur. Créée en 2005, Unity propose un moteur graphique et une plateforme, très utilisée par les développeurs de jeux vidéo, mais aussi par ceux d'autres secteurs comme l'automobile ou l'architecture. L'entreprise a levé au total plus de 600 millions de dollars et est valorisée à 3 milliards de dollars.
La VR et l'AR, "prochaine révolution majeure de l'informatique"
A l'occasion de la promotion de son livre « the History of the Future », axé sur le conflit autour de l'acquisition d'Oculus, Blake Harris affirme avoir eu accès à plus de 25.000 documents de l'entreprise, parmi lesquels un mail de Mark Zuckerberg, au sujet de l'achat d'Unity. Adressé au CEO d'Oculus et à d'autres dirigeants du groupe, le message daté du 22 juin 2015 détaille la vision du patron de Facebook sur l'avenir de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée. Harris a accepté que TechCrunch publie le message en entier sur son site.
Dans son mail, le fondateur du réseau social appuyait fortement le projet d'acquisition d'Unity. Il était prêt à y consacrer "plusieurs milliards de dollars". Et pour cause : Mark Zuckerberg estime alors que la VR et l'AR sont « la prochaine plateforme informatique majeure ». Il évalue à 10 ans leur adoption par le plus grand nombre. L'acquisition d'un acteur majeur du secteur lui apparaît d'autant plus essentielle que Zuckerberg estime Facebook "plus fragile" sur le mobile que Google et Apple, qui disposent de la maîtrise des terminaux avec leur système d'exploitation propriétaire (Android pour Google, iOS pour Apple).
Le patron de Facebook voyait donc le casque de réalité virtuelle comme un terminal à part entière, et faisait de la conquête du standard technologique pour en développer les futures applications, un enjeu crucial pour ne plus être « vulnérable » face à ses concurrents et assurer la pérennité de l'entreprise. Oculus aurait ainsi permis la maîtrise du matériel tandis qu'Unity était le chaînon manquant pour développer les applications nécessaires à l'adoption de la technologie par le plus grand nombre.
Mais tout a fini par dérailler
Le fondateur se projetait alors sur une stratégie long terme : il s'attendait à ce que son entreprise « acquiert une entreprise de réalité augmentée » dans les années suivantes, mais aussi à ce que ponctuellement elle renforce ses équipes en compétence par des rachats de startups de développement d'applications VR.
Mais finalement, le rachat ne s'est pas fait et le futur alternatif dans lequel Facebook a fait de la VR la nouvelle technologie majeure parait bien loin. Après un conflit étalé sur 3 ans avec les co-fondateurs d'Oculus, dont son sulfureux cofondateur Palmer Luckey, Facebook semble avoir revu ses ambitions à la baisse. Seuls deux des créateurs de l'entreprise de VR sont restés. Facebook a finalement produit deux nouvelles déclinaisons de leur technologie : l'Oculus Go (version low cost, déjà en vente) et l'Oculus Quest, qui sortira au printemps 2019.
Quant au marché de la VR, il se recentre autour du jeu vidéo. Certains titres, comme Beat Saber, qui s'est vendu à environ 500000 exemplaires en quelques mois, (estimations de Steam Spy) se taillent un joli succès. Au troisième trimestre, Oculus a ainsi vendu 491000 casques (Rift et Go), et représente plus de 25% du marché d'après CSS Insight. Mais la dynamique reste à la baisse des ventes, alors que même le jeu « blockbuster » Marvel Powers United VR, n'a pas réussi à lancer le marché. On est donc loin des prévisions de Zuckerberg.
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