Le secrétaire général de SFR s’en va à son tour

Après deux années de service, Régis Turrini, le lobbyiste en chef de l’opérateur au carré rouge, quitte un groupe en difficulté et en pleine refonte stratégique.
Pierre Manière
Avant SFR, Régis Turrini a notamment dirigé l’Agence des participations de l’Etat (APE). Il a également œuvré, chez Vivendi, à la vente de SFR à Altice en 2014.
Avant SFR, Régis Turrini a notamment dirigé l’Agence des participations de l’Etat (APE). Il a également œuvré, chez Vivendi, à la vente de SFR à Altice en 2014. (Crédits : DR)

Il ne sera pas resté bien longtemps. Après deux années de service, Régis Turrini, le secrétaire général de SFR, a rendu son tablier. Altice, la maison-mère de l'opérateur au carré rouge, a annoncé la nouvelle ce lundi dans un communiqué. Régis Turrini est remplacé par Arthur Dreyfuss. Ce dernier, qui était jusqu'alors directeur de la communication d'Altice, conserve néanmoins ses anciennes fonctions. Selon le communiqué, Emmanuelle Lévine, la directrice juridique de SFR, quitte, elle aussi, l'opérateur. Arrivée en 2016 en provenance d'Areva, elle est remplacée par Michel Matas, qui a notamment été directeur juridique de Numericable-Completel.

Contacté par La Tribune, Régis Turrini n'a pas donné suite à nos sollicitations. Toutefois, il ne serait guère surprenant que l'ancien dirigeant de l'Agence des participations de l'Etat (APE), aussi passé par Vivendi où il avait travaillé à la vente de SFR à Altice en 2014, ait voulu changer d'air.

Selon Le Monde, Régis Turrini « rêvait depuis le départ d'un poste ayant un caractère plus stratégique et plus international ». Ce « rêve » apparaissait vraisemblablement crédible lorsque Patrick Drahi, le fondateur et propriétaire d'Altice, multipliait jusqu'à il y a peu les acquisitions d'opérateurs télécoms à travers le monde. Mais les difficultés récentes de SFR - qui ont provoqué une sévère dégringolade en Bourse d'Altice au mois de novembre - l'ont contraint à troquer sa politique de fusions-acquisitions contre une autre, moins reluisante, de réduction de la dette. Dans ce contexte, Régis Turrini a peut-être senti qu'il n'arriverait pas à ses fins auprès de Patrick Drahi...

Un rôle difficile de premier lobbyiste

Cantonné à un rôle de premier lobbyiste de SFR, il a dû, en outre, justifier auprès des pouvoirs publics et des régulateurs les changements de stratégie de SFR. Une position plutôt inconfortable, car Régis Turrini a souvent dû répondre à des avalanches de critiques.

Un exemple ? En juillet dernier, SFR avait jeté un pavé dans la mare en affirmant qu'il voulait fibrer 100% de l'Hexagone d'ici à 2025, seul et sans argent public. Ce projet avait suscité l'ire de nombreuses collectivités locales. Celles-ci le percevaient comme un torpillage du Plan France Très haut débit (PTHD), qui vise à apporter un Internet ultra-rapide à tous les Français à l'horizon 2022.

Cinq mois plus tard, les difficultés de SFR ont finalement obligé sa direction à enterrer le projet. Et c'est Régis Turrini, lors d'une conférence organisée par l'Arcep, le régulateur des télécoms, qui s'y est collé.

« Force est de constater que nous n'avons pas su créer les conditions nécessaires pour emporter l'adhésion du plus grand nombre », a-t-il lâché, estimant que le projet « a peut-être été présenté maladroitement ».

La sortie de Régis Turrini vient allonger une impressionnante liste de départs chez SFR ces derniers mois. Jusqu'alors DG d'Altice et Pdg de SFR, Michel Combes a notamment été remercié, au mois de novembre, payant ainsi les déboires du deuxième opérateur français. Un départ qui se situe dans le sillage de celui de Michel Paulin, l'ancien DG de SFR, qui a quitté le navire courant septembre.

Pierre Manière

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