Qui diffusera la Ligue 1 ces trois prochaines saisons, et de quelle manière ? Aujourd'hui l'incertitude demeure. La défaillance de Mediapro l'hiver dernier, qui s'était engagé à diffuser 80% du championnat de France contre 780 millions par an, continue de miner le secteur du football. Pour la saison qui vient de s'achever, une rustine a été posée : Canal+ en profité pour récupérer les droits au rabais, contre un petit chèque de 35 millions d'euros.
Mais la Ligue de football professionnel (LFP) peine, encore, à boucler la diffusion des matchs pour la période 2021-2024. La chaîne cryptée, désormais en position de force, se dit prête à mettre la main au portefeuille. Mais à ses conditions, et pas à n'importe quel prix. Selon L'Equipe, le groupe de Vincent Bolloré serait prêt à mettre 350 millions d'euros par an sur la table pour arracher les plus belles affiches : celles du dimanche soir et du samedi après-midi. Elle souhaiterait qu'un autre diffuseur se charge des autres matchs, comme de la Ligue 2. Cela pourrait être, par exemple, DAZN, dont Maxime Saada a rencontré le président du conseil de surveillance, Kevin Mayer, la semaine dernière à Roland-Garros. La plateforme de streaming dédiée au sport pourrait être intéressée, elle qui diffusera prochainement la Serie A italienne...
Canal+ prié de « revoir sa position »
Vendredi dernier, Maxime Saada s'est invité à l'assemblée générale de la LFP. Il a affirmé que Canal+ ne les lâcherait pas... à condition qu'un autre diffuseur l'accompagne pour les matchs de second rang. Outre DAZN, BeIN Sport pourrait remplir ce rôle. Mais la chaîne qatari semble, pour l'instant, traîner les pieds. Amazon et Discovery pourraient, possiblement, sortir du bois.
En attendant un dénouement, les clubs, lourdement touchés par la crise sanitaire, redoutent de ne pouvoir sortir la tête de l'eau. Cette situation inquiète Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football (FFF), qui appelle la chaîne cryptée à « revoir sa position ». Rappelant que les clubs affichent des pertes cumulées « de l'ordre du milliard, voire 1,1 milliard » d'euros, il espère qu'une solution sera vite trouvée.
« Il faut arrêter les histoires »
« Maintenant, il faut arrêter les histoires, souligne-t-il selon L'Equipe. Canal et beIN sont nos partenaires naturels et ils doivent se mettre à un niveau normal. On était à 1,3 milliard d'euros (avant la défaillance de Mediapro), c'était peut-être beaucoup avec un partenaire qui nous avait fait miroiter des sommes importantes. Mais je constate que les Anglais restent à plus de 2 milliards, que les Allemands sont à 1,3 milliard, que les Espagnols et les Italiens sont à 1,2 milliard. On ne peut pas être à 500 (millions d'euros) et dire merci Canal. »
L'ennui, c'est que Canal+ et la LFP s'affrontent aussi devant les tribunaux. Et le groupe de Maxime Saada ne compte pas s'engager avant que ces problèmes soient réglés. Canal+ a notamment contesté devant la justice la décision de la LFP de ne remettre en vente que les droits acquis par Mediapro. La chaîne cryptée souhaite rendre ses droits acquis en 2018 pour 330 millions d'euros par an jusqu'en 2024. Elle estime que ce montant est trop élevé, et juge que Mediapro a faussé la concurrence. Canal+ a été débouté, au mois de mars, par le tribunal de commerce de Paris. Mais le groupe a décidé de faire appel. En outre, la chaîne a également saisi l'Autorité de la concurrence pour les mêmes motifs.
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