La revue « T » consacre sa prochaine édition au made in France

Pour son deuxième numéro, « T » la revue bimestrielle de La Tribune décrypte un écosystème plus que jamais dans l’air du temps : le made in France. Entre concept marketing, tendance conso, stratégie de relance …. Pas facile de s’y retrouver ! "Fabriquer (tout) français ? Le nouveau rêve de l’Hexagone…" Résumé d’une édition dédiée à la relocalisation et à la fabrication française.
(Crédits : La Tribune)

Face à la crise de la Covid-19, la tendance made in France s'est accélérée à grand pas. Au point que certains y voient une économie en passe d'être « démondialisée ». Pas si sûr pour autant ! Car à l'heure de la globalisation, la notion de dépendance et de souveraineté se doit d'être avant-tout stratégique.  Et si la réindustrialisation et la relocalisation sont des axes majeurs de la relance par les territoires, tout fabriquer en France est-il vraiment envisageable et souhaitable ? Voire possible ?

 Pour « T », l'économiste Isabelle Mejean explique dans un grand entretien, les limites d'une politique de relocalisation des industries française. Selon la spécialiste du commerce international :

« Dépendre d'un seul pays pour l'approvisionnement d'un produit est clairement une source de risques. D'où l'idée de diversifier les sources d'approvisionnement. Cela vaut sans doute mieux, dans certains cas au moins, que de vouloir tout produire sur place en France. »

Le ton est donné, relocaliser, d'accord, mais pas à tout prix. Même son de cloche chez l'économiste Nicolas Bouzou dont « T » publie un texte inédit « Misère du mercantilisme », et pour qui il vaudrait mieux subventionner les investissements des entreprises plutôt que l'acte de relocalisation en lui-même. Un nouvel équilibre d'interdépendance serait-il donc en voie d'apparition ? Sans doute. Et l'histoire de la mondialisation n'en est pas à ses premières transformations comme le démontre si bien François Roche dans son dossier consacré à l'évolution des échanges commerciaux à travers les siècles. Doit-on parler de démondialisation ou de changement de nature des échanges ? Car il semblerait bien que la circulation des idées et des services ait pris largement le pas sur les produits manufacturés.

 Qu'est-ce-que le made in France ?

D'ailleurs, qu'est-ce-qu'un produit made in France en réalité ? Quelle est la véritable valeur des labels ? Car si acheter français est un geste de patriotisme économique de plus en plus répandu, l'opacité règne dans la jungle des législations, appellations et autres labels. Un marquage non obligatoire, qui se veut néanmoins gage de consommation responsable de plus en plus affirmée. D'autant plus que la COVID-19 a accéléré le mouvement made in France. Car face à la paralysie des échanges commerciaux, la peur du manque s'est installée et, effet boule de neige, l'envie de tout fabriquer en France est devenue une obsession. Bon pour les emplois et les territoires, pour l'environnement et la santé, sans oublier la préservation des savoir-faire : l'achat de produits français séduit les profils les plus divers. Reste à généraliser le mouvement, y compris de la part des entreprises elles-mêmes. Mais quand la relocalisation se présente plutôt comme une aventure voire un vrai parcours du combattant, le rêve se transforme parfois en cauchemar. Face à l'imbroglio administratif et législatif, certaines entreprises ont parfois regretté leur retour. Et même si d'autres, plus stratégiques, l'ont parfaitement réussi comme la très célèbre marque Kusmi Tea, relocaliser n'est pas si simple. En revanche, créer sur place s'avère beaucoup plus facile :  jeunes pousses et autres startuppers se multiplient sur le créneau made in France. Une tendance éthique, responsable, durable et créatrice d'emplois, une tendance dont le succès ne cesse de faire ses preuves, comme le raconte Thomas Huriez le fondateur de la marque de jean 1083 et Kareen Maya Levy la cofondatrice de la marque Kippit.

Un consensus patriotique

En réalité, il y a tout lieu de croire qu'un réel consensus existe entre consommateurs et entreprises qui semblent aller dans la même direction patriotique. Chez Krys group, pionner du made in France (l'opticien a relocalisé en 1998), son directeur général Jean-Pierre Champion l'affirme haut et fort : « Il existe un intérêt collectif à réindustrialiser la France ». Et ce n'est pas Arnaud Montebourg qui le contredira, qui quelques pages plus loin, confirme sa passion pour la réindustrialisation ; convaincu que le coronavirus accélère la démondialisation qu'il appelle de ses vœux et qu'il voit comme une libération. Une vision bien plus modérée pour Olivier Bogillot, président de Sanofi France qui, à la lumière de la crise sanitaire, estime que la souveraineté de notre industrie pharmaceutique doit se faire à l'échelle européenne avec une meilleure coordination entre les États membres et davantage d'investissements communs.

En tout état de cause, des expertises partagées sur une certaine idée de la relance par la relocalisation, excepté pour les régions comme l'Occitanie, les Hauts-de-France et la région Centre-Val de Loire, qui en ont fait leur combat. Tout comme l'association des maires ruraux de France dont « T » édite en exclusivité le Manifeste pour une relance par le local.

 Quant à la perception du made in France vu de l'étranger... N'en déplaise aux plus chauvins, le succès est très relatif. Selon le « Made-In Country Index », une étude réalisée en 2017 auprès de consommateurs de 52 pays sur leur perception des produits selon leur origine, la fabrication française n'arrive que huitième. L'Allemagne profite de la fameuse Deutsche Qualität, la Suisse de l'effet « statut » de ses produits, l'Italie de l'originalité de son design et le Japon de sa haute technologie.

Finalement, chacun sa spécialité. Et c'est peut-être cela qui est réellement en jeu : la préservation des savoir-faire.

Autant d'analyses et décryptages à découvrir dans « T », la revue qui raconte toutes transformations, et dont le numéro consacré au made in France sort en kiosque et libraire le 15 décembre.

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Commentaires 6
à écrit le 03/12/2020 à 23:15
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On est tout à fait capables de fabriquer en France et à bas coûts, on a les machines, la technologie les techniciens les créatifs, on bute souvent sur des détails, en premier la logistique que gèrent bien mieux nos voisins allemands, pourquoi on s'es...

à écrit le 02/12/2020 à 10:57
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On peut se douter que c'est la vision financière qui sera a l'honneur sans que cela apporte la moindre information au quidam de base!

à écrit le 02/12/2020 à 9:01
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en premier il faut dénoncer ceux qui ont détruis le travail manuel en france. ceux qui ont favorisé les délocalisations car sans analyse de cette destructions d'emploi rien ne pourra se refaire au idees de certain écolos la france devrait encore...

le 02/12/2020 à 9:49
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délocaliser a souvent, je crois, été fait pour maintenir des prix bas à l'achat du consommateur (et peut-être marger plus aussi ??). Les médicaments, du moins la substance active (qui sera mis en œuvre avec un excipient, mis en forme, en boite ailleu...

le 02/12/2020 à 13:04
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a photo 73 prix bas c'est une fause reponse le principal ete de conserver le pleine emploi combien coute l'indemnisation des sans emploi et puis combien d'euro sont dispersé a travers le monde a cause de la couverture social distribue a des pers...

à écrit le 02/12/2020 à 8:24
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Oui tout ceci ressemble encore à une fusée éclairante afin que l'on ne voit pas le bilan déplorable politico-financier français d'en bas, encore une chimère que l'on nous expose afin que l'on ne se dise pas que notre classe dirigeante a totalement fa...

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