Orange veut devenir une banque mobile et un poids lourd des objets connectés

L’opérateur compte réaliser 1 milliard d’euros en 2018 dans ces deux activités de diversification. Il va lancer « une offre élargie de banque mobile » en France et en Espagne dans les mois qui viennent, avec des partenaires.
Delphine Cuny
« L'univers de la banque sur mobile offre des perspectives de croissance importantes, nous allons y concentrer nos efforts » a déclaré Stéphane Richard en dévoilant son plan stratégique à cinq ans, Essentiels 2020.

Orange ne veut plus se contenter de faire des expérimentations de paiement sans contact et du transfert d'argent par téléphone mobile dans les pays africains : le PDG Stéphane Richard a expliqué mardi que l'opérateur télécom a l'ambition de lancer « une offre élargie de banque mobile » d'ici à 2018 dans ses « trois grands marchés européens », la France et l'Espagne, en plus de la Roumanie où il vient de le faire.

« L'univers de la banque sur mobile offre des perspectives de croissance importantes,  nous allons y concentrer nos efforts » a déclaré Stéphane Richard en dévoilant son plan stratégique à cinq ans, Essentiels 2020.


En France, il a lancé de façon assez confidentielle, dans cinq villes, Caen, Lille Nice, Rennes et Strasbourg, Orange Cash avec Visa, une application mobile de paiement sans contact (technologie NFC) qui permet de transformer son smartphone en porte-monnaie électronique.

Décupler le chiffre d'affaires en banque mobile


Concrètement, l'opérateur a l'intention d'y réaliser quelque 400 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018, soit 10 fois plus qu'en 2014, dont la moitié en Europe, l'autre en Afrique. Actuellement, l'activité génère un peu moins de 50 millions d'euros quasi exclusivement en Afrique, où son service Orange Money compte 13 millions d'utilisateurs dans 13 pays : l'objectif est d'atteindre les 30 millions en 2018.

« Plus de 4,5 milliards d'euros ont été échangés via Orange Money l'an dernier, c'est l'équivalent de 20% du PIB du Mali » relève Marc Rennard, le directeur exécutif chargé des opérations en Afrique et au Moyen-Orient. « Orange Money permet de fidéliser les clients et d'augmenter de 2 euros l'ARPU », le revenu moyen par abonné.


Dans les pays africains, l'opérateur s'associe généralement à une banque ou obtient le statut d'émetteur de monnaie électronique (Mali, Côté d'Ivoire, Sénégal).

« Nous avons le potentiel de conquérir une part de marché significative dans le mobile banking » a déclaré Laurent Paillassot, le directeur général adjoint, chargé de l'expérience client et des activités de finance sur mobile. Il a rejoint Orange en septembre après avoir dirigé le LCL, GE Money Bank et travaillé dans le groupe Caisse d'Epargne.


Voilà les acteurs bancaires prévenus. L'opérateur a toutefois l'intention de privilégier les partenariats, comme il l'a fait en Pologne avec mBank, filiale de banque directe de Commerzbank, en capitalisant sur son important réseau physique de distribution.

La lame de fond des objets connectés et l'or des données

L'autre pari 2020 d'Orange concerne les objets connectés, ce qui apparaît comme un prolongement naturel de son cœur de métier. L'opérateur table sur un chiffre d'affaires de 600 millions d'euros en 2018 dans ce domaine, multiplié par six par rapport à l'an dernier. Orange veut être présent sur « l'ensemble de la chaîne de valeur » : ce chiffre inclut à la fois la vente d'objets en magasin, en particulier dans les futurs 40 « mégastores » qui vont ouvrir, et « la fourniture de services à valeur ajoutée autour de ces objets », dans la santé, le bien-être ou la maison connectée, à l'image de son bouquet de services HomeLive (sécurité, détecteur de fumée, caméra, thermostat connecté, etc), qui a séduit 10.000 clients en France et sera lancé dans d'autres pays d'Europe ; sans oublier l'analyse des données et les solutions de connectivité pour les entreprises (cartes SIM machine-à-machine ou M2M).

« C'est une véritable lame de fond : l'émergence des objets connectés qui sont sur le point d'investir massivement nos vies. C'est une nouvelle ère, celle de l'internet des objets. On estime qu'il y aura plus de 25 milliards d'objets connectés aux réseaux dans le monde en 2020 » a fait valoir Stéphane Richard. « La connectivité sera en quelque sorte l'oxygène des objets connectés. »

Le cabinet d'études marketing GfK considère que les objets connectés constituent « un marché potentiel colossal », prédisant qu'il devrait s'en vendre 2 milliards d'unités en France entre 2015 et 2020 (montres et bracelets connectés, électronique de loisirs, domotique, etc).

Orange va créer  « une plateforme rassemblant toutes les données des objets connectés, ouverte à de multiples partenaires » : il s'agit en fait de Datavenue, une plateforme dédiée à la collecte, au stockage, à l'agrégation et la sécurisation des données, « dans le total respect de la vie privée des utilisateurs » insiste Orange, qui sera ouverte aux développeurs et à des entreprises partenaires, tels que Netatmo, Schneider Electric, Seb, Société Générale, Suez Environnement, TF1, etc.

« Nous allons devenir un opérateur de données pour les entreprises » a d'ailleurs déclaré Stéphane Richard mardi.

Ce milliard d'euros de nouveau chiffre d'affaires généré par ces deux diversifications devrait permettre de compenser la baisse de certaines recettes, notamment celles issues de la voix traditionnelle sur le réseau fixe mais aussi celles du contrat d'itinérance avec Free Mobile...

Delphine Cuny

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Commentaires 4
à écrit le 18/03/2015 à 10:33
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A nous de savoir ce qui est bon ou mauvais pour nous. On a commencé par le téléphone mobile, ce qui était un vrai progrès. Aujourd'hui on en est au smartphone a mon sens pas très utile. Quand je vois dans la rue ou sur les terrasses de café tous ces...

à écrit le 18/03/2015 à 9:56
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Très bon plan pour eux !!

à écrit le 17/03/2015 à 21:50
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Bravo! C'est le simple filon pour devenir riche sans dépenser plus!

à écrit le 17/03/2015 à 20:33
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La téléphonie qui veut se lancer dans le bancaire, tu m'étonnes!!! Les banques privées sont les seule entreprises a avoir le droit de créer de l'argent Ex Nihilo. 95% de l'argent en circulation dans le monde est de l'argent dette, donc créé par...

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