Pass French Tech : comment la France déroule le tapis rouge pour ses champions

Axelle Lemaire a présenté mardi les 48 startups qui bénéficient du Pass French Tech, une initiative publique visant à tout mettre en œuvre pour faciliter le développement, notamment international, des pépites françaises en hypercroissance. Suffisant pour favoriser l’essor de licornes bleu-blanc-rouge ?
Sylvain Rolland
La secrétaire d'Etat au numérique, Axelle Lemaire, a présenté les 48 startups qui participent au programme Pass French Tech.

"Ca fait du bien de se sentir aimé comme ça !" Un verre de champagne à la main, deux dirigeants de startups éclatent de rire dans le salon de l'hôtel de ville du IIIè arrondissement de Paris, où Axelle Lemaire vient de terminer son deuxième discours de la journée - après une première cérémonie à Bercy - à la gloire des pépites de l'innovation à la française.

La secrétaire d'Etat au numérique, arborant fièrement sur sa veste un coq d'or -l'emblème de la French Tech- présentait ce mardi les 48 startups qui composent la "première promotion" du Pass French Tech.

Ce dispositif, né de la collaboration inédite entre huit organismes publics dont la French Tech BPIFrance ou encore Coface, met les petits plats dans les grands pour aider les fleurons hexagonaux à fort potentiel à poursuivre leur croissance insolente. "Fière" de "ces entrepreneurs qui cassent les clichés sur la France" et la transforment en "terre d'accueil de l'innovation", Axelle Lemaire leur a même remis un diplôme.

Favoriser l'essor des futures licornes

Le Pass French Tech s'adresse à une catégorie bien précise d'entreprises : les startups en hypercroissance, qui doublent ou triplent leur chiffre d'affaires tous les ans. Une fois acceptées dans le dispositif après une rigoureuse sélection sur dossier, ces pépites bénéficient d'un suivi personnalisé pour répondre à leurs besoins.

Traitées comme des reines, ces startups peuvent ensuite disposer de l'expertise d'acteurs majeurs du soutien au développement des entreprises. BPIFrance, Coface, Business France, la Direction générale des entreprises (DGE), l'Institut national de la propriété intellectuelle (INPI), l'Association française des investisseurs pour la croissance (AFIC) et l'Association française des pôles de compétitivité (AFPC) ont uni leurs forces pour se mettre au service de ces entreprises-stars. Avec un double objectif: simplifier les démarches puisque la startup ne doit remplir qu'un seul dossier, et trouver rapidement des solutions pour lui permettre de se développer.

Corinne Martinez, chargée d'affaires sénior chez Coface, voit cette démarche comme "un renversement du processus traditionnel" entre l'Etat et les entreprises:

"Tous réunis autour de la même table, nous rencontrons la startup. Celle-ci nous expose ses besoins et son business model, puis nous examinons son dossier, lui donnons des conseils et nous revenons avec des propositions. Les sociétés en hypercroissance ont besoin de se développer rapidement mais elles n'ont souvent pas le temps de faire le tour de l'écosystème pour trouver les meilleures solutions, ni la connaissance des aides et des opportunités qu'elles peuvent saisir".

Selon les besoins de l'entreprise -financement, déploiement à l'international, innovation, business développement, visibilité-, les différents acteurs actionnent leurs leviers. "On arrose là où ça pousse, résume Marc Sudreau, chargé de mission Développement et investissement au pôle de compétitivité Cap Digital. L'objectif est d'accentuer l'élan de ces startups en hypercroissance, dont beaucoup ont besoin de se développer à l'international pour changer de dimension et devenir, pourquoi pas, les nouvelles licornes" [entreprises valorisées plus d'un milliard de dollars, NDLR]

Se déployer à l'international

Les 48 startups qui composent la promotion 2014-2015 représentent le fleuron de l'innovation à la française. Parmi elles, AT Internet, qui mesure et analyse le trafic, l'e-réputation et la performance de 3.500 sites web dans le monde, monechelle.fr, une place de marché 100% brico-jardin sans stock ni logistique, Demander Justice, la plateforme en ligne de secours juridique, ou encore la cagnotte en ligne Leetchi.

Sur ces 48 pépites, 26 sont arrivées au bout de leur première année, les autres ayant rejoint le Pass en cours de route. Au moment de leur entrée, 20 d'entre elles réalisaient moins de 3 millions d'euros de chiffre d'affaires, 4 se situaient entre 3 et 10 millions d'euros et 2 émargeaient à plus de 10 millions d'euros. Un an plus tard, seules 13 se situent toujours en-dessous des 3 millions de chiffre d'affaires, 10 se situent entre 3 et 10 millions d'euros, et 3 au-delà.

Toutes louent l'efficacité de ce "service public de l'aide aux startups", qui change l'image des services de l'Etat en introduisant davantage de souplesse. Accepté en juin dernier, Jérémy Vinant, le PDG de FraudBuster, n'attendait "pas grand-chose" du Pass French Tech, mais a été "surpris" par son efficacité. "Ils me font gagner du temps et m'ouvrent des opportunités", explique-t-il.

Son entreprise propose aux opérateurs télécoms une solution de lutte contre la fraude, reposant sur un logiciel d'analyse en temps réel du comportement des abonnés. La startup compte aujourd'hui 25 employés et espère en recruter 15 de plus dans les douze prochains mois.

Prochaine étape : se déployer à l'international, notamment en Amérique latine. "Le Pass m'apporte une expertise, des contacts, et me donne davantage de légitimité pour obtenir des prêts, ce qui me permet d'obtenir des montants supérieurs à mes attentes initiales", ajoute Jérémy Vinant.

Faciliter les démarches

Même satisfecit pour Stéphane Pau, le directeur technique d'Ariase, un comparatif entre opérateurs proposant des forfaits Internet et mobile. "Nous voulions nous développer à l'international mais nous ne savions pas comment nous y prendre", confie l'entrepreneur. Coface a pris en charge les frais de prospection en Allemagne, la cible principale d'Ariase, tandis que Business France est en train de réaliser une étude de marché sur chaque pays où l'entreprise pourrait s'implanter.

Pour Martine Clémente, la directrice Appui aux entreprises et à la recherche à l'Institut national de la propriété intellectuelle (INPI), le Pass joue un rôle de facilitateur auprès d'entrepreneurs débordés.  "Les startups ont tellement de choses à faire qu'elles ne pensent pas forcément à protéger efficacement leurs brevets et leur marque, alors que c'est crucial au moment de se développer à l'international ou pour se donner un avantage sur la concurrence"; ajoute-t-elle.

Outil de communication et de visibilité

D'autres startups se concentrent surtout sur la visibilité et la crédibilité que le Pass French Tech leur offre. C'est le cas de Pradeo Security System, une startup montpelliéraine qui a rejoint le Pass en mars dernier.

L'entreprise édite une solution de sécurité, leader dans le secteur des applications mobiles pour smartphones. Grâce à sa technologie d'analyse comportementale statistique, elle peut détecter l'ensemble des comportements exécutés par une application mobile... et donc révéler les actions cachées comme l'envoi automatique de SMS, la récupération du répertoire téléphonique, des fichiers ou encore des écoutes téléphoniques.

"Pour moi, le Pass représente surtout un label de qualité, une vitrine de communication qui consacre notre crédibilité et un facilitateur auprès des banques. On ne nous regarde pas de la même façon lorsqu'on est labellisé Pass French Tech et qu'on a le soutien d'organismes comme la BPI et de Business France ", confie-t-il.

Lancé en expérimentation il y a 18 mois dans une poignée de territoires, le Pass French Tech est désormais déployé partout en France. Les 13 métropoles labellisées French Tech se chargent de détecter ces entreprises en hypercroissance et de les insérer dans le réseau.

Pour sa deuxième promotion, le Pass va s'ouvrir aussi aux biotech et aux medtech. L'objectif est d'avoir en permanence entre 80 et 100 startups dans le dispositif, contre 48 actuellement.

Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 18/09/2015 à 3:50
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nous lui donnons des conseils ??? des fonctionnaires vont nous dire comment avoir plus de subventions : mais nous n'avons que faire de subventions !!! nous travaillons NOUS !!!

à écrit le 17/09/2015 à 18:17
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je vais pas vous ressasser les eternels pbs d'attractivite de la france je suggere juste aux guignols qui font de la propagande deplacee d'aller prendre qques cours d'analyse financiere ( enfin, s'ils ont deja la base en compta), comme ca ils auront...

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