Paris fait de l’œil aux jeunes pousses étrangères

Pour défricher de nouveaux marchés ou s’adapter à la transformation sociétale, c’est auprès des start-up que les grands groupes cherchent l’inspiration. Dans une volonté de s’affirmer sur la scène mondiale de l’innovation, la Ville de Paris en a convié un millier lors d’un « hacking » placé sous le signe de l’international.
Dominique Pialot
Paris climat

Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris chargé notamment du développement économique et de l'attractivité, est formel :

« Paris a vocation à devenir un hub pour les start-up européennes désireuses de s'installer en Afrique, ainsi que pour les start-up africaines souhaitant se déployer en Europe ».

C'est dans cette perspective que le deuxième « Hacking » organisé jeudi par la Ville avec l'agence du développement économique et de l'innovation Paris&Co, résolument placé sous le signe de l'international, a réservé plusieurs ateliers à l'Afrique. Pour sa deuxième édition, cet événement qui consiste à mettre en relation des start-up avec de grandes entreprises et des investisseurs lors d'une journée de pitchs et de speed-dating, a attiré quelque 3000 participants, dont un millier de start-up venues de 50 pays différents et de tous les continents.

L'Afrique en ligne de mire

La mutation économique à l'œuvre sur le continent africain, les relations particulières nouées avec de nombreux pays et l'irruption en force des acteurs chinois incitent la France à se montrer offensive. Les grandes entreprises ne s'y trompent pas. « Comme l'Inde, l'Afrique est un marché essentiel pour nous », témoigne Aymeril Hoang, directeur de l'innovation groupe de la Société Générale, sponsor du « Hacking de l'Hôtel de Ville ». Il s'agit d'identifier les nouveaux usages sur des marchés qui ne passeront pas par les étapes qu'ont traversées les économies matures ou les grands émergents. Autre sponsor de l'événement, Orange, très présent sur un continent qui ne connaît presque pas le téléphone fixe mais où le taux de pénétration de la téléphonie mobile dépasse les 60%, et se prête à de multiples usages dont le paiement. Le groupe y a ouvert déjà cinq incubateurs. « En Afrique, il y a un gap entre les grands groupes et l'économie informelle, affirme Thierry Taboy, directeur des enjeux sociaux et sociétaux du groupe. Les start-up ont un rôle à jouer pour le combler. » Et, plus que dans d'autres pays, les grands groupes français jouent un rôle majeur dans l'éco-système start-up, dont celui de les emmener à l'export.

Un mode d'innovation ouverte inédit

ADP, Elior ou Air France, ces groupes qui ont également choisi de sponsoriser l'événement, sont venus « sourcer des start-up ». ADP veut faire connaître sa politique en matière d'open innovation, qui ne va pas nécessairement de soi pour un groupe public. Elior, présent dans des lieux de toutes natures, des entreprises aux cantines scolaires en passant par les gares ou les hôpitaux, est à l'affût des nouveaux usages qui se dessinent à la faveur de la transformation sociétale. Air France lance un challenge auprès de start-up pour repenser complètement le parcours client.

Certes, tous ces groupes possèdent leur propre stratégie d'innovation ouverte. Mais le « Hacking de l'Hôtel de ville » leur permet de diversifier leur démarche et d'approcher des start-up qu'elles n'auraient pas identifiées avec leurs process habituels. « C'est aussi très bénéfique pour les entreprises de se côtoyer dans ces occasions », témoigne Thierry Taboy. Pour chacun de ces groupes présents, entre dix et vingt personnes sont venues passer la journée à l'Hôtel de Ville pour dénicher les perles rares parmi le millier de start-up invitées. Des « reverse business pitchs » avaient pour vocation de les y aider. Dans un jeu de rôle inversé, cette démarche inédite accorde aux entreprises quelques minutes pour se présenter aux jeunes entreprises.

L'international, pour faire jeu égal avec Londres et Berlin

La Ville de Paris n'est pas en reste, avec pas moins de huit adjoints et une cinquantaine de hauts responsables d'administrations mobilisés sur l'événement. Un « moment d'oxygénation » bienvenu comme le souligne Jean-Louis Missaka, mais aussi

« un levier de transformation de l'administration, qui doit apprendre à travailler moins en silo et plus en mode projet. »

Avec ses 40 incubateurs répartis sur 130 000 mètres carrés, et avant même l'ouverture en fin d'année de la « Halle Freyssinet - 1000 start-ups », Paris s'affiche en leader européen de l'accueil de start-up. Le caractère international de ce deuxième Hacking s'inscrit dans une volonté de  la Ville de se positionner sur la scène mondiale et de faire jeu égal avec Londres ou Berlin. Pour atteindre l'objectif de 30% de start-up étrangères dans ses incubateurs qu'elle s'est fixé à l'horizon 2020, Paris mise essentiellement sur les accords passés avec des villes comme New-York, Tel Aviv, Montréal ou Amsterdam (des négociations sont en cours avec Berlin), notamment pour des programmes d'échanges de start-up de type Erasmus.

Dominique Pialot

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Commentaires 2
à écrit le 26/03/2016 à 19:57
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On va encore préfèrerais acheter à prix d'or ce qui vient de l'étranger plutôt que de favoriser le développement interne. J'aimerais que nous exportions nos managers, malheureusement, ils ne valent pas un sou

à écrit le 25/03/2016 à 18:47
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Le problème en France que je dénonce souvent, c'est le manque de flexibilité pour entreprendre. Je ne pense donc pas que les jeunes pousses étrangères vont venir se confronter à l'administration, payer plus de taxes et impôts, etc. pour avoir le plai...

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