Rentrée tonitruante pour la French Tech : plus de 340 millions d'euros levés en deux semaines

Par François Manens  |   |  847  mots
La French Tech a repris son rythme du premier semestre, qui pourrait l'amener à plus de 5 milliards d'euros de fonds levés sur l'année 2019. (Crédits : French Tech)
Après un mois d'août plutôt calme, la French Tech a annoncé plusieurs dizaines de levées de fonds pour la rentrée. En tout, les startups de l'écosystème ont réuni plus de 340 millions d'euros pour accélérer leur développement technologique et commercial, en seulement deux semaines.

Avec plus de 340 millions d'euros levés en deux semaines depuis le début du mois, la French Tech a réussi sa rentrée. L'écosystème avait déjà attiré des investissements records au premier semestre, puis avait légèrement levé le pied sur le mois d'août. Dans le détail, pas de méga-levée, mais sept startups françaises sont parvenues à récolter plus de 20 millions. Les jeunes pousses hexagonales prouvent leur maturité grandissante, puisqu'elles sont capables de convaincre les investisseurs lors d'une troisième levée de fonds, voire plus loin. Les plus grosses levées font la part belle aux plateformes, mais aussi aux biotechs.

  • Deux levées à 50 millions d'euros et plus

M2i Life Sciences a ouvert le bal dès la première semaine de septembre, avec la plus grosse levée sur la période, de 60 millions d'euros. Cette biotech commercialise des produits alternatifs aux insecticides de synthèse, en reproduisant les odeurs naturelles des insectes pour éloigner les ravageurs des plantes. Avec cette somme, elle compte homologuer de nouveaux produits pour les grandes cultures et asseoir un peu plus sa position de leader européen.

- La deuxième plus grosse levée de cette rentrée est pour JobTeaser, avec 50 millions d'euros. Cette plateforme de recrutement des jeunes diplômés gère l'onglet "Carrières" des sites internet de nombreuses universités et écoles, dans un modèle économique où seules les entreprises payent pour poster leurs offres. La startup va lancer deux nouveaux services et essayer de s'imposer à l'échelle européenne.

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  • Cinq levées entre 20 et 50 millions d'euros

- C'est l'invité surprise : Ubitransport est parvenu à lever 45 millions d'euros... pour sa première levée de fonds. Cette startup bourguignonne équipe des collectivités et des opérateurs avec sa plateforme de gestion des systèmes de transport, déclinée en plusieurs verticales : transport scolaire, transport urbain et bientôt bus et taxis. L'objectif : optimiser les réseaux de transports existants et mieux anticiper les usages futurs. Avec cette somme, Ubitransport compte étendre la vente de son logiciel à l'Europe.

- Avec une levée de 41 millions d'euros, Akeneo veut consolider sa place de leader mondial sur le marché très spécifique de l'enrichissement et l'harmonisation des fiches produits. La startup nantaise, que nous avons surnommé "la fossoyeuse d'Excel", veut désormais conforter sa présence sur le marché américain.

- La biotech Inotrem a récolté 39 millions d'euros pour continuer le développement de son traitement contre les chocs septiques. Cette défaillance circulatoire cumule des anomalies cardiaques et vasculaires, et doit être traitée en urgence, avec un taux de mortalité très élevé. Le médicament d'Inotrem bloque un certain type de protéine présent sur les cellules immunitaires, responsable de l'état inflammatoire généralisé, le tout sans affecter le reste du système immunitaire. En plus des tests du médicament, la startup veut développer un outil diagnostic pour identifier les patients les plus réceptifs à son traitement.

- Dans un autre secteur en pleine expansion, la fintech Spendesk a levé 35 millions d'euros pour sa plateforme de gestion des dépenses opérationnelles en entreprise (frais de déplacement, achats informatiques...). Avec cette somme, la jeune pousse veut multiplier par cinq son nombre de clients, aujourd'hui à 1.500.

- Keranova a levé 24 millions d'euros pour accompagner la validation de son robot de traitement de la cataracte. Cette maladie se manifeste par l'opacification d'une partie de l'oeil, le cristallin, et entraîne une baisse de la vision. La machine brevetée par la startup stéphanoise est équipée de lasers et promet un traitement chirurgical non invasif, en moins d'une minute.

Près de 5 milliards d'euros levés en 2019 ?

En parallèle de ces grosses levées, plus d'une trentaine de startups ont également levé de l'argent, d'après le site spécialisé Maddyness. Parmi les principales, on peut citer Digilinx (18M, plateforme d'événementiel), Checkmyguest (7M, hébergement) ou encore Trustpair (4M, fintech). Grâce à ces deux semaines, la French Tech semble bien relancée, après un mois d'août relativement calme. Elle pourrait ainsi atteindre les projections de levées de fonds pour l'année 2019, fixées entre 4,5 et 5,5 milliards d'euros, après un premier trimestre exceptionnel. Franck Sebag, associé chez EY, nous expliquait le mécanisme derrière ces levées toujours plus importantes :

"On observe une nouvelle échelle de valeur : une levée pour lancer les opérations peut monter jusqu'à 3 millions d'euros, tandis qu'on considère qu'une bonne Série A (i.e. seconde levée) se situe autour de 10 millions d'euros. Par ricochet la valeur des Séries B et au-delà augmente, d'où l'explosion des levées de plus de 20 millions d'euros. La conséquence du relèvement de la Série A est qu'il y a moins de levées entre 5 et 10 millions d'euros et davantage entre 10 et 20 millions d'euros"