Le Mobile World Congress de Barcelone est le plus grand salon mondial dédié au mobile. Mais pour cette édition 2021, aucun grand équipementier télécoms européen n'est présent. Une première. Au regard de l'épidémie de coronavirus, ni le Finlandais Nokia, ni le Suédois Ericsson, n'ont souhaité y participer. En revanche Huawei et ZTE, leurs grands rivaux chinois, profitent de leur absence pour occuper l'espace, et avancer leurs pions. Tous deux ont déployé d'importants stands pour vanter les mérites de la 5G et de ses applications.
La présence de Huawei et de ZTE témoigne de leurs efforts pour préserver leurs parts de marché sur le Vieux Continent malgré un contexte aussi électrique que défavorable. Les deux géants des équipements mobiles de l'ex-empire du Milieu ont été chassés de nombreux pays pour le déploiement de la 5G. Outre les Etats-Unis, qui leur ont claqué la porte au nez sur fond de soupçons d'espionnage pour le compte Pékin, la France, le Royaume-Uni, la Suède et sans doute bientôt l'Allemagne ont interdit à leurs opérateurs de déployer des antennes chinoises. Leader dans la 5G, Huawei s'est retrouvé en grande difficulté. En parallèle de son exclusion de nombreux marchés stratégiques, le groupe de Shenzhen doit composer avec une interdiction de se fournir en technologies américaines, dont il est très dépendant. ZTE, pour sa part, tente de se relancer depuis trois ans. Avant Huawei, l'industriel a aussi été très affecté par de lourdes sanctions américaines, ainsi que d'une amende d'un milliard de dollars, après avoir violé des embargos vers l'Iran et la Corée-du-Nord.
« On est là, on sera toujours là »
Malgré la Covid-19, les deux groupes ont chacun dépêché plusieurs dizaines d'experts à Barcelone. Pour le personnel chinois, cela n'a rien d'une promenade de santé : de retour au pays, tous se retrouveront en quarantaine stricte pendant une période pouvant aller jusqu'à 21 jours... Mais pour Huawei comme pour ZTE, pas question de rater Barcelone. Leur objectif semble clair: démontrer à leurs clients qu'en dépit des difficultés, ils demeurent déterminés à rester en Europe.
« On est là, on sera toujours là, et on est là pour tout le monde », lance Emmanuel de la Gardette, un cadre français de ZTE. Confronté à de fortes restrictions concernant la vente d'antennes 5G en Europe, l'équipementier chinois mise gros sur ses applications maisons liées à cette technologie dans l'industrie 4.0, la banque ou encore la santé. ZTE a ainsi participé, avec l'opérateur français Orange, au déploiement d'un réseau 5G sur le port d'Anvers. L'équipementier chinois espère multiplier les projets de ce type. Aux dires d'Emmanuel de la Gardette, ZTE a une carte à jouer, dans la mesure où ces applications sont essentielles, selon lui, pour les opérateurs s'ils veulent un jour rentabiliser la 5G.
La 5G, un « catalyseur » pour relancer l'économie
Huawei a aussi de grandes ambitions concernant les usages professionnels de la nouvelle génération de communication mobile. Cette année, son stand n'est pas ouvert au public. Celui-ci est en premier lieu destiné aux professionnels des télécoms. Pour le groupe de Shenzhen, la 5G et les réseaux à très haut débit constituent un « catalyseur »de premier choix pour relancer l'économie après la crise. Parmi les domaines susceptibles d'être « révolutionnés » par cette technologie, Huawei croit beaucoup à l'arrivée des « usines intelligentes ». Celles-ci permettront, grâce à des robots et machines connectées en 5G ainsi qu'à des solutions d'intelligence artificielle, de limiter les coûts tout en gagnant en efficacité. Selon Huawei, le segment de la « smart factory » sera très profitable, et pèsera quelque 232 milliards de dollars d'ici à 2025.
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