Sur liste noire aux États-Unis, Huawei investit en Europe dans Qwant le moteur français qui se rêve en "Google Killer"

Confirmant des informations parues ce week-end dans la presse américaine, Qwant, qui accumule des pertes depuis des années, a annoncé ce mardi que le géant des télécoms chinois, sur liste noire aux États-Unis, allait lui apporter un financement de 8 millions d'euros. De son côté, Huawei, après les 500 emplois en Alsace, le choix du moteur de recherche français pour ses smartphones, multiplie ainsi les gestes pour conserver ses positions en France.
(Crédits : Dado Ruvic)

Alors que, aux États-Unis, Joe Biden a signé jeudi 3 juin un nouveau décret(*) interdisant aux entités américaines de nouer des relations commerciales ou capitalistiques avec une soixantaine d'entreprises chinoises, dont Huawei, ayant des liens présumés avec les secteurs de la défense ou des technologies de surveillance, en Europe, le géant des télécoms chinois serait le bienvenu dans le tour de table de Qwant.

Qwant vise toujours le statut de "Google Killer" en Europe

Ce moteur de recherche français "qui rêve de damer le pion à Google en Europe", cherche toujours à se développer pour atteindre une dimension européenne.

Pour mémoire, en mars 2020, Huawei, interdit de Google et autres moteurs de recherche américains pour cause de liste noire, avait choisi Qwant pour devenir le moteur de recherche par défaut de ses téléphones mobiles.

Aujourd'hui, Qwant, confirmant des informations publiées ce week-end par le site américain Politico ce week-end, annonce que Huawei va souscrire pour 8 millions d'euros d'obligations convertibles émises par le moteur de recherche français.

"Il s'agit de la poursuite de notre partenariat existant", a indiqué un représentant de Qwant, précisant que cette émission d'obligations convertibles avait été approuvée lors d'une assemblée générale du groupe français, le 18 mai dernier.

"Concrètement, avec son investissement obligataire, Huawei aide Qwant à se développer et à se déployer à l'échelle européenne pour l'ensemble des nouveaux smartphones de la marque qui seront mis sur le marché en France, en Allemagne et en Italie", a-t-il ajouté.

Huawei cherche à préserver ses positions avec la France

Huawei et Qwant ont chacun des raisons différentes de sceller un accord de ce type.

En butte à l'hostilité des Etats-Unis, Huawei n'a jamais renoncé à séduire l'opinion et les autorités françaises. Huawei a ainsi annoncé en janvier dernier l'installation d'une usine dans le Bas-Rhin, et dispose d'un centre de recherches à Paris.

|Lire aussi: Malgré les restrictions, Huawei va construire son usine d'équipements 5G en France

De son côté, Qwant, ex-vedette de la tech française, a des besoins de financement importants et récurrents. Le moteur de recherche technologiquement indépendant n'a jamais réussi tout au long de sa croissance à dégager des ressources commerciales suffisantes pour se rentabiliser.

Début 2020, son flamboyant fondateur Eric Leandri a dû lâcher les rênes de l'entreprise, confiées à son ancien directeur commercial Jean-Claude Ghinozzi. Les pertes ont été divisées quasiment par deux en 2020, à 13 millions d'euros, sur un chiffre d'affaires de 7,5 millions d'euros.

L'entreprise qui accumule les pertes depuis des années avait dû être recapitalisée début 2020 par ses actionnaires, dont la Caisse des dépôts et le groupe allemand Axel Springer, pour un montant "d'une dizaine de millions d'euros", selon une source proche de l'opération. M. Ghinozzi a indiqué que l'entreprise pensait atteindre l'équilibre cette année.

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(*) Cette liste noire du département américain du Trésor établie par le décret du 3 juin, et qui porte sur 59 entreprises chinoises pour lesquelles les entités américaines auront interdiction d'acheter ou de vendre des actions, remplacera l'actuelle liste du département de la Défense et entrera en vigueur le 2 août, selon Reuters.

(avec AFP et Reuters)

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Commentaires 9
à écrit le 16/06/2021 à 9:49
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La vache quel manque de clairvoyance de la part des dirigeants de Qwant ! Adieu Qwant ! La cupidité est mauvaise conseillère.

à écrit le 15/06/2021 à 21:31
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Pour devenir grand ,qwant ne devrait pas s'autocensurer ,nous devrions trouver dans les recherches : les contenues illicites ,le cul ,les sites de piratages ,ect..c'est comme cela que Google est devenu n1 .On peut jouer les pères la morale ,mais alor...

à écrit le 15/06/2021 à 19:09
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On interdit les antennes Huawei de peur que le gouvernement Chinois nous espionne, mais on les laisse investir dans une usine d'équipement 5G et notre futur moteur de recherche hi-tech, c'est vraiment du n'importe quoi à la française ! bien jo...

à écrit le 15/06/2021 à 17:05
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"Les pertes ont été divisées quasiment par deux en 2020, à 13 millions d'euros, sur un chiffre d'affaires de 7,5 millions d'euros". A la même période : Emmanuel Macron et la Caisse des dépôts continuent de soutenir le moteur de recherche prétendu...

à écrit le 15/06/2021 à 16:30
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Qwant est une start-up comme l'était Google à ses dévubuts, Tesla n'a été rentable qu'après avoir dépensé des milliards de dollars. Nous (européens) demandons à nos start-ups européennes d'être rentable aux premières dizaines de millions dépensées et...

à écrit le 15/06/2021 à 13:43
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je croyais qu'il etait interdit de prononcer le mot ' noir' aux etats unis, sous peine de cris haineux des black lifes matter, wok, lgbt , cancel culture, et autre minorite tolerante donc de gauche..........les temps ont bien change, on dirait..........

à écrit le 15/06/2021 à 12:42
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Qu'en pense Le Maire de cet acte de souveraineté française?

à écrit le 15/06/2021 à 11:16
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nos elites sont incapables de gerer et d'organiser le pays avoir recourt a la chine pour developper un comble quand il y a encore moins de 20ans les memes elites offrer la technologie gratos a la chine en racontant ce n'est pas grave jamais il ne...

à écrit le 15/06/2021 à 10:37
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Avant d'atteindre ce statut de Google killer en Europe, faudrait deja l'etre en France. Ce serait pour quand en France ?

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