Alors que les particuliers sont de plus en plus accros à Internet et que les entreprises se numérisent à toute vitesse, les cyberattaques se multiplient. Cette tendance va crescendo, et n'est pas prête de s'estomper. Le chinois Huawei ne le sait que trop bien, et a décidé, il y a plusieurs années, d'investir fortement dans la cybersécurité. Le mastodonte des télécoms et des smartphones met désormais les bouchées doubles dans ce domaine de plus en plus crucial. Le fleuron de la tech de l'empire du Milieu a inauguré, ce mercredi, son plus grand centre dédié à la cybersécurité et à la protection de la vie privée.
Ce vaste complexe de 20.000 m2 est situé à Dongguan, dans la province du Guangdong. Dans ce centre, les experts de Huawei passeront au peigne fin les équipements de réseau, terminaux et autres logiciels pour s'assurer qu'ils soient correctement sécurisés. Le groupe de Shenzhen souhaite travailler conjointement avec tous ses clients, partenaires et industriels pour faciliter la mise en place de nouvelles normes et standards.
La facture salée des cyberattaques
Selon Huawei, les acteurs de la cybersécurité n'ont d'autre choix que d'unir leurs forces, alors que les attaques informatiques sont de plus violentes. Président tournant de Huawei, Ken Hu a constaté « l'augmentation des cyberattaques contre les infrastructures critiques, telles que l'énergie, la santé et les transports ». « Ces attaques ont affecté la vie de millions de personnes dans le monde », a renchérit le dirigeant. Il a souligné qu'en 2021, les dommages liés à la cybercriminalité pourraient s'élever à 6.000 milliards de dollars selon le cabinet Cybersecurity Ventures.
Il est vrai qu'avec l'arrivée de l'Internet à très haut débit, notamment via la fibre, la 4G et la 5G, beaucoup d'entreprises numérisent leurs activités. Elles voient notamment dans l'Internet des objets et l'intelligence artificielle un levier pour gagner en efficacité, en productivité et en sécurité tout en baissant leurs coûts. Huawei constate, en outre, que les particuliers passent beaucoup de temps sur Internet depuis la crise du Covid-19. En témoigne, par exemple, l'explosion du télétravail. Or ces mouvements étendent, mécaniquement, le terrain de jeu des cybercriminels.
La cybersécurité, une « priorité absolue »
En faisant de la cybersécurité sa « priorité absolue », dixit Ken Hu, Huawei souhaite aussi, d'une certaine manière, rassurer sur ses produits et balayer les craintes de certains états à son égard. Ces dernières années, le groupe s'est fait bannir de plusieurs marchés aux Etats-Unis et en Europe, sur fond de craintes d'espionnage. Le pays de l'Oncle Sam, en particulier, accuse depuis longtemps Huawei d'espionnage pour le compte de Pékin. Ce que le groupe de Shenzhen a toujours nié, arguant que les Etats-Unis n'ont jamais été en mesure de produire la moindre preuve. Ken Hu y a d'ailleurs fait discrètement référence dans son discours. « Notre idée est que la confiance et la méfiance doivent être basés sur des faits, et pas sur des sentiments, des spéculations ou des rumeurs sans fondement », a-t-il lâché.
Il y a deux ans, Huawei a ouvert un centre de cybersécurité à Bruxelles pour permettre aux Européens de tester ses produits, alors que les inquiétudes vis-à-vis de ses infrastructures 5G étaient de plus en plus vives. Aujourd'hui, 3.000 chercheurs du groupe travaillent dans ce domaine, qui représente 5% de ses dépenses de recherche et développement, soit environ 1 milliard d'euros par an. Cela n'a toutefois pas empêché certains pays, comme la France, le Royaume-Uni ou la Suède de claquer par la suite la porte à l'industriel chinois. Malgré ses efforts et ses énormes dépenses en cybersécurité, Huawei a toutes les peines du monde à redorer son blason sur le Vieux Continent.
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