ZTE se réorganise pour montrer patte blanche aux États-Unis

Le géant chinois des équipements télécoms a chamboulé son conseil d’administration. L’opération doit lui permettre de se rabibocher avec les États-Unis, qui avaient pris des sanctions économiques à son encontre pour avoir violé des embargos vers l’Iran et la Corée du Nord. Mais ce retour aux affaires de ZTE au pays de l’Oncle Sam n’est pas du goût d’une grande partie de la classe politique américaine, qui fait son possible pour l’entraver.
Pierre Manière
ZTE a aussi accepté de verser une amende de 1 milliard de dollars pour avoir de nouveau le droit d'acheter des composants électroniques aux industriels américains.
ZTE a aussi accepté de verser une amende de 1 milliard de dollars pour avoir de nouveau le droit d'acheter des composants électroniques aux industriels américains. (Crédits : China Stringer Network)

Nouveau conseil d'administration et nouvelle équipe dirigeante pour ZTE. L'équipementier télécoms chinois a fait le ménage, le 29 juin dernier, dans ses chefs de file. Yin Yimin, l'ancien dirigeant du conseil d'administration, a présenté sa démission. Il est remplacé à sa tête par Li Zixue, 54 ans, et ex-représentant du Parti communiste au sein d'une filiale de la China Aerospace Science and Technology Corporation, premier actionnaire publique de Zhongxingxin, qui contrôle près d'un tiers du capital de ZTE. Tous les anciens administrateurs de ZTE ont été remerciés et remplacés.

Ces mesures chocs constituent un des engagements de l'équipementier télécoms auprès de Washington, suite à un accord, annoncé début juin, concernant la levée d'une interdiction pour ZTE d'acheter les composants électroniques américains dont il est dépendant. Dans le cadre de cet accord, le groupe a également accepté de payer une amende de 1 milliard de dollars, assortie de la mise sous séquestre de 400 millions de dollars. Ces sanctions sont, pour ZTE, le prix à payer pour lever les sanctions américaines à son encontre, après avoir violé des embargos vers l'Iran et la Corée du Nord.

La classe politique monte au créneau

ZTE n'avait pas le choix : sans composants électroniques américains, l'équipementier, qui compte 74.000 collaborateurs et est un des bras armés de la Chine pour déployer la 5G, n'était pas en mesure de poursuivre son activité. Mais même si le groupe a montré patte blanche en acceptant et en mettant en œuvre les dispositions de son accord avec les États-Unis, il n'est pas pour autant sorti d'affaire. Outre-Atlantique, une grande partie de la classe politique estime que Donald Trump et la Maison Blanche se sont montrés trop cléments vis-à-vis du géant des télécoms. D'autant que l'accord est intervenu en pleine brouille commerciale entre les États-Unis et la Chine. Celui-ci est ainsi toujours menacé, notamment par un projet de loi du Sénat américain, qui veut réimposer l'interdiction de vendre des composants américains à ZTE.

Fin mai, Marco Rubio, sénateur républicain de Floride, a appelé Donald Trump à enterrer l'accord.

À ses yeux, « procéder à des changements au sein de leur comité de direction et leur infliger des amendes ne les empêcheront pas de nous espionner et de nous voler », a-t-il lancé.

Même son de cloche pour York Chuck Schumer, sénateur démocrate de l'État de New York, qui estimait que l'accord, alors en préparation, ne protégeait pas suffisamment les États-Unis.

« La Chine nous vole notre prospérité et nous devons nous montrer forts et intraitables, a-t-il estimé. [...] Nous exhortons le président à rester ferme, à ne pas laisser ZTE se soustraire aux sanctions sévères que nous lui avons imposées. »

(avec AFP et Reuters)

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 02/07/2018 à 13:37
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"Même son de cloche pour York Chuck Schumer, sénateur démocrate de l'État de New York, qui estimait que l'accord, alors en préparation, ne protégeait pas suffisamment les États-Unis" Tiens tiens, derrière leur opposition de façade nous constatons...

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