
C'est le dernier grand projet du GSMA, le lobby des télécoms et organisateur du Mobile World Congress, la grand-messe de l'industrie du mobile qui s'ouvre ce lundi à Barcelone. Son nom ? « Open Gateway ». Son ambition : permettre aux éditeurs d'applications de profiter des nouvelles capacités des réseaux mobiles, et en particulier de la 5G. Outre les services de connectivité classiques, les réseaux mobiles offrent des myriades de fonctionnalités qui peuvent être intégrées dans différents logiciels et services en ligne. Celles-ci permettent, par exemple, d'allouer une partie du réseau à une application particulièrement gourmande en bande passante, de géolocaliser des objets connectés, ou encore de vérifier l'identité des clients.
Ces solutions ne sont pas forcément nouvelles. Elles sont parfois disponibles dans certains pays. Mais pas partout, ce qui ne facilite guère leur adoption par le monde des services numériques. Pour y remédier, « Open Gateway » ambitionne de fédérer un maximum d'opérateurs mobiles pour qu'ils élaborent des API (interfaces de programmation d'application) ensemble. Ces nouveaux standards fourniront, in fine, aux développeurs des accès « harmonisés » et « universels », dixit le GSMA, aux capacités de tous les réseaux des opérateurs partenaires. Aujourd'hui, une vingtaine d'opérateurs mobiles participent à ce projet. On y retrouve les cadors mondiaux des télécoms, comme le français Orange, le britannique Vodafone, l'espagnol Telefonica, l'allemand Deutsche Telekom, l'américain AT&T ou encore China Mobile.
Orange et sa « qualité de service sur demande »
« Open Gateway » en est à ses débuts. Mais quelques projets sont déjà bien avancés. Ils seront en démonstration dès ce lundi, au Mobile World Congress. Orange s'est notamment allié avec Vodafone, Telefonica et l'équipementier télécoms suédois Ericsson pour présenter une fonctionnalité de la 5G dans le domaine du jeu vidéo. Dénommée « qualité de service à la demande », celle-ci permet de sécuriser le trafic Internet d'un jeu en ligne, en lui allouant la bande passante dont il a besoin pour éviter des ralentissements ou des coupures. Un cas d'usage similaire concerne la visioconférence, et a été réalisé avec l'application Zoom.
A ce stade, l'objectif du GSMA est de convaincre davantage d'opérateurs de se joindre à son initiative. Atteindre une « masse critique », explique le lobby, est essentiel pour séduire les éditeurs de logiciels et de services numériques. La commercialisation de ces nouvelles fonctionnalités des réseaux mobiles, elle, ne devrait vraiment démarrer que dans le courant de l'année prochaine. Aux yeux de Michaël Trabbia, le patron de l'innovation d'Orange, « Open Gateway » constitue « une opportunité d'améliorer la qualité de service et d'expérience sur les réseaux ». Le géant français des télécoms espère bien, comme tous ses homologues à travers le monde, en tirer profit dans un contexte économique difficile pour l'industrie du mobile. « Open Gateway » pourrait aider les opérateurs à monétiser la 5G, alors que les interrogations vont bon train concernant leur capacité à rentabiliser cette nouvelle technologie, qu'ils déploient à coups de milliards d'euros.
Les Gafa, des clients potentiels
Parmi les clients potentiels de ces nouvelles fonctionnalités des réseaux, on retrouve les géants américains du Net comme Google, Apple, Amazon ou Facebook. On imagine, par exemple, qu'un mastodonte de la VOD comme Netflix pourrait être intéressé par un service lui permettant d'accroître la qualité de ses vidéos dans les plus de 190 pays où il est présent... Interrogé à ce sujet, Michaël Trabbia précise qu'« il est encore trop tôt pour évoquer des contrats ou des accords » avec les Gafa. Mais le dirigeant confirme qu'« Open Gateway » pourrait « constituer un moyen de les faire contribuer au financement des réseaux ». Ce que tous les opérateurs appellent, depuis longtemps, de leurs vœux.
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