Au Portugal, Altice crée une nouvelle filiale dédiée à la fibre

Baptisée Fastfiber, cette structure regroupe les infrastructures de fibre du groupe de Patrick Drahi. La création de cette filiale, en partenariat avec le fonds Morgan Stanley Infrastructures Partners, s’inscrit dans une stratégie globale visant à faire remonter du cash, et diminuer l’énorme dette du groupe.
Pierre Manière
Patrick Drahi, le fondateur et dirigeant d'Altice Europe.
Patrick Drahi, le fondateur et dirigeant d'Altice Europe. (Crédits : PHILIPPE WOJAZER)

C'est fait. Altice a annoncé, ce lundi, avoir bouclé une importante opération visant à mieux tirer profit de ses infrastructures. Dans un communiqué, le groupe de télécoms a annoncé la création d'une nouvelle filiale au Portugal. Baptisée Fastfiber, celle-ci regroupe désormais tout le réseau de fibre du groupe, qui couvre environ 4 millions de foyers. L'opération permet à Altice de dégager beaucoup de cash. De fait, le groupe de Patrick Drahi a fait rentrer le fonds Morgan Stanley Infrastructures Partners au capital de cette filiale. En échange d'une participation minoritaire de 49,99%, celui-ci va débourser 1,573 milliard d'euros. Mais ce n'est pas tout : deux versements complémentaires, de 375 millions d'euros chacun, sont prévus en 2021 et en 2026, en fonction des performances économiques de la nouvelle entité. Outre Altice Portugal, Fastfiber a vocation à louer l'accès, en gros, à ses infrastructures aux autres opérateurs du pays.

Cette opération relève d'une stratégie globale d'Altice Europe. L'objectif? Faire remonter des liquidités et, notamment, réduire son énorme dette de plus de 30 milliards d'euros. Pour rappel, Altice a décidé, en janvier 2018, de scinder ses activités aux Etats-Unis et en Europe. Cette scission a été décidée dans le sillage d'un exercice 2017 tumultueux. A l'époque, le groupe, plombé par d'importantes pertes d'abonnés en France et des inquiétudes sur sa capacité à rembourser son énorme dette, a vu son titre s'effondrer en Bourse. En érigeant une muraille de Chine entre ses activités au pays de l'Oncle Sam et sur le Vieux Continent, Patrick Drahi a voulu éviter que ses déboires en Europe ne plombent aussi ses affaires outre-Atlantique. Dans la foulée, pour rassurer les investisseurs, il a promis de faire le nécessaire pour maîtriser sa dette sans amputer ses capacités d'investissement, cruciales dans les télécoms.

Appétit des fonds d'investissement

Pour ce faire, il a créé, au Portugal et en France, des filiales pour y loger ses infrastructures Internet fixe et de téléphonie mobile. Conscient de l'appétit des fonds d'investissement pour ces actifs, il a ouvert leur capital à ces acteurs. Au Portugal, outre ses 2,3 milliards d'euros dans Fastfiber, Morgan Stanley Infrastructures Partners a aussi cassé la tirelire pour rafler 75% de Towers of Portugal, qui comprend 3.000 sites d'antennes mobiles d'Altice dans ce pays. Montant de l'opération : 2,5 milliards d'euros.

Dans l'Hexagone, la stratégie est la même. En 2018, Patrick Drahi fonde SFR FTTH. Cette nouvelle filiale rassemble toutes les infrastructures fibre du groupe. Après négociations, il fait rentrer trois fonds au capital : Allianz Capital Partners, Axa Investment Managers Real Assets et Omers Infrastructure. Ceux-ci ont alors déboursé 1,8 milliard d'euros contre une participation minoritaire de 49,99%. Enfin, SFR a aussi cédé une participation minoritaire (49,99%) de SFR TowerCo, société gérant plus de 10.000 de ses sites mobiles, au fonds d'investissement KKR, pour 1,8 milliards d'euros.

Orange sur le pont

Si Patrick Drahi, contraint par ses difficultés en Europe, a été un des premiers à valoriser de la sorte ses infrastructures télécoms, la concurrence n'est pas en reste. Ces dernières années, Bouygues Telecom et Iliad, la maison-mère de Free, ont fait des opérations similaires. L'an dernier, l'opérateur de Xavier Niel a cédé 51% d'une nouvelle société, Investissements dans la fibre des territoires (IFT), qui gère ses infrastructures de fibre optique dans les zones moins denses, au fonds InfraVia, pour près de 300 millions d'euros.

En parallèle, Iliad a vendu 7.900 pylônes de téléphonie mobile en France et en Italie à l'espagnol Cellnex pour 2 milliards d'euros. En décembre dernier, c'est Orange, l'opérateur historique, qui a dévoilé une stratégie visant à créer des sociétés d'infrastructures pour mieux valoriser ses actifs dans l'Internet fixe et le mobile. Aux yeux des opérateurs, ces opérations, et les grosses rentrées d'argent qui en découlent, sont plus que bienvenues pour continuer à investir dans le déploiement de la fibre, de la 4G, et bientôt de la 5G.

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 21/04/2020 à 15:00
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Tout est dit ! Remonter du cash, ouais en fait c'est exactement comme le passé, car l'ayant acheté a crédit, comment pourrait supposer que de fait c'est l'unique politique du groupe. De facto, le cost killing qui réduira les services. Au moins,...

à écrit le 20/04/2020 à 20:02
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Mes pauvres Portugais!!!! Regardez ce Drahi a réalisé en France avec ses plans fibre.....catas sur catas

le 22/04/2020 à 14:44
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Avant lecture, le Drahi Basching et l'Anti Israelite, FR, calomniateur L' EVIDENCE !!

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