Comment Orange veut utiliser ses 2,2 milliards d’euros de l’Etat

L’opérateur historique, qui vient de récupérer plus de 2,2 milliards d’euros au terme d’un litige fiscal, songe notamment à racheter les 47% du capital d’Orange Belgium qu’il ne possède pas.
Pierre Manière
Orange précise qu’un quart du pactole servira « renforcer son leadership dans les réseaux en France et à l’international », et au financement de « projets liés à la transition écologique ».
Orange précise qu’un quart du pactole servira « renforcer son leadership dans les réseaux en France et à l’international », et au financement de « projets liés à la transition écologique ». (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

Le mois dernier, Orange a récupéré un sacré pactole. L'opérateur historique a encaissé un chèque de 2,2 milliards d'euros, après avoir obtenu gain de cause devant le Conseil d'Etat dans un contentieux qui l'opposait au fisc. Il restait à savoir comment cette somme serait utilisée, à quoi elle serait consacrée... Fin novembre, la CFE-CGC et des représentants des salariés-actionnaires d'Orange militaient pour que l'opérateur mette le grappin sur Atos, avec l'ambition de grandir dans la cyberscurité et le cloud. Mais l'état-major du groupe en a décidé autrement.

Dans un communiqué publié mercredi soir, Orange précise qu'un tout autre projet, « examiné favorablement par le conseil d'administration » qui s'est réuni le même jour, est dans les tuyaux. L'opérateur envisage de lancer une OPA sur les 47% d'Orange Belgium, sa filiale belge, qu'il ne possède pas encore. « Cette opération s'inscrit dans le cadre des efforts continus du groupe pour adapter la structure de capital de ses filières à leurs enjeux », affirme l'opérateur. Il souligne que cette « proposition » sera soumise à l'autorité des marchés financiers belge, et ne constitue pas, à ce jour, une « notification formelle ».

« Renforcer le leadership dans les réseaux »

Orange précise aussi qu'un quart du pactole servira à « renforcer son leadership dans les réseaux en France et à l'international », et au financement de « projets liés à la transition écologique », sans s'étendre davantage. Un autre quart de l'enveloppe sera consacré à « la transformation opérationnelle du groupe » pour « gagner, notamment, en agilité et en performance ». Le conseil d'administration s'est également prononcé « sur les grandes lignes d'une offre réservée au personnel (ORP) en France et à l'étranger, pour un volume total d'environ 30 millions d'actions, avec pour objectif que les salariés détiennent à terme 10% du capital ».

Le conseil s'est montré favorable au principe d'une « distribution exceptionnelle de 20 centimes d'euros par action ». Enfin, « une partie des fonds » sera consacrée « aux engagements sociétaux » du groupe pour atteindre « la neutralité carbone d'ici 2040 », et la « neutralité numérique ».

« Une occasion manquée vis-à-vis des salariés »

Ces projets ne font visiblement pas l'unanimité. Dans un communiqué, la CFDT déplore « une occasion manquée vis-à-vis des salariés ». Le syndicat salue « l'effort exceptionnel porté pour encourager la souscription d'une ORP à de nouvelles conditions préférentielles ». Mais elle aurait souhaité que « cette rentrée d'argent confortable » permette d'aller au-delà des 10% d'actionnariat salarié. La CFDT aurait aussi préféré « qu'Orange consacre un quart de ce budget exceptionnel au personnel ». Or « les 30 millions de titres supplémentaires n'y suffiront pas », regrette-t-elle.

Aux yeux de la CFDT, le dividende majoré de 20 centimes d'euros aurait dû être réservé aux détenteurs d'actions de plus deux ans « pour éviter des phénomènes spéculatifs ». L'organisation déplore en outre qu'« aucune annonce n'a été faite concernant la politique de rémunération des salariés du groupe, qui n'ont pourtant pas ménagé leurs efforts pour assurer la continuité de l'entreprise en période de confinement et de pandémie mondiale ».

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 04/12/2020 à 1:15
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Rien pour les salaires, misérables, sauf celui du pdg, scandaleux. L’état doit intervenir au nom des contribuables premiers actionnaires d’orange qui investit partout sauf en France

à écrit le 03/12/2020 à 19:00
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L'état aurait du subordonner le versement de cette manne à des travaux en France. Le développement d'Orange en Belgique, Portugal et Roumanie n'aide pas les entreprises françaises et le télétravail dont le français ont besoin.

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