Couverture des zones blanches : le flou demeure sur le retard des opérateurs

Le régulateur des télécoms n’a, à ce jour, toujours pas indiqué si les opérateurs ont joué le jeu concernant leurs obligations de couverture des zones blanches mobiles. La Fédération française des télécoms (FFT), elle, affirme que les Orange, SFR ou Bouygues Telecom sont en retard, mais que celui-ci découle seulement de la crise du Covid-19.
Pierre Manière
En avril dernier, Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, a prévenu qu’il n’accepterait « pas n’importe quel motif de retard au prétexte de la crise ».
En avril dernier, Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, a prévenu qu’il n’accepterait « pas n’importe quel motif de retard au prétexte de la crise ». (Crédits : Reuters)

Difficile, aujourd'hui, d'y voir clair. Dans le cadre d'un accord, baptisé « New Deal », signé en janvier 2018 entre l'Etat et les opérateurs, ces derniers se sont engagés à en finir avec les zones blanches, ces territoires où le mobile ne passe toujours pas. A l'initiative des collectivités, l'Etat sélectionne régulièrement, via des arrêtés, des centaines de villages et sites à couvrir. Les opérateurs ont ensuite deux ans, au maximum, pour y installer des pylônes de téléphonie et les mettre en service. Un premier arrêté, qui prévoyait la construction de 485 pylônes, a été publié le 4 juillet 2018. Alors que la période de deux ans pour bâtir ces infrastructures s'est achevée, l'Arcep, qui doit vérifier si les opérateurs ont bien respecté leurs obligations, ne s'est toujours pas prononcé à ce sujet.

Interrogé par La Tribune, le régulateur du secteur se refuse à tout commentaire. La Fédération française des télécoms (FFT), elle, fait état d'un retard des opérateurs. Dans un communiqué publié lundi, le lobby du secteur souligne qu'Orange, SFR ou Bouygues Telecom « ont déployé 340 nouveaux pylônes sur les 449 prévus au 27 juin, date du premier point d'étape de l'accord ». D'après Michel Combot, le DG de la FFT, seuls 449 pylônes sont aujourd'hui concernés, car 36 « vont être prochainement retirés de la liste, car les zones sont soit déjà couvertes, soit [le projet a été abandonné] à la demande des maires ». Un arrêté serait, à ce sujet, en cours de publication. Mais il manque, tout de même, 109 pylônes au compteur.

« Un décalage en raison de la crise sanitaire »

Ce retard, la FFT le justifie par la crise du Covid-19, qui a entravé les déploiements des opérateurs. Elle « évalue », en outre, que tous les pylônes seront construits et opérationnels à la fin du mois de septembre. « Les trois mois de décalages [sont] dus au retard pris en raison de la crise sanitaire », souligne le lobby. Dans ce contexte difficile, la FFT salue le travail « des opérateurs et leurs techniciens » qui « ont continué, dans la mesure du possible, à déployer notamment pendant le confinement ».

Il est clair que la crise du coronavirus a constitué un sérieux frein à la construction de nouveaux sites mobiles. Il n'est donc pas surprenant que les opérateurs soient en retard sur leurs obligations. Le 26 mai 2020, Julien Denormandie, alors ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires, l'a rappelé lors d'une audition au Sénat. « 485 pylônes doivent entrer en fonctionnement avant la fin du mois de juin, expliquait-il. Du fait de la période de confinement, ce nombre ne pourra être atteint. » A l'époque, le ministre précisait que seuls 120 pylônes avaient été activés. « Ce nombre peut paraître assez éloigné de l'objectif de 485 pylônes, expliquait le ministre. Il faut cependant rappeler que, dans ces projets, c'est généralement à la fin de la période que le pylône est monté et livré. De nombreux projets étaient en phase finale. Il restait à effectuer la livraison et le montage final, ce qui était prévu au cours des deux premiers trimestres de l'année 2020. »

La méfiance de l'Arcep

Toutefois, une question demeure : le retard des opérateurs est-il intégralement dû à la crise sanitaire ? Autrement dit : certains d'entre eux n'en profiteraient-ils pas pour justifier ainsi des retards qui n'y sont pas liés ? C'est possible. Le régulateur des télécoms a plusieurs fois tiré la sonnette d'alarme, jugeant que les déploiements n'allaient pas assez vite. C'est pourquoi l'autorité a adressé, l'été dernier, une mise en demeure anticipée à Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. En avril dernier, Sébastien Soriano, le président de l'institution, a également prévenu qu'il n'accepterait « pas n'importe quel motif de retard au prétexte de la crise ». Sur ce front, les conclusions du gendarme des télécoms sont très attendues.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 22/07/2020 à 18:43
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......le régulateur n'a rien dit mais l'usager constate ......la stagnation ! A chacun sa pertinence !!!

à écrit le 22/07/2020 à 9:22
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Ce n'est vraiment pas grave si il reste encore quelques endroits dans lesquels on ne peut pas être connecté, mais alors vraiment pas et même il vaudrait mieux les garder ces zones blanches.

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