« La modernisation des réseaux permet au numérique d’être un outil de réduction de l’empreinte environnementale de nombreux secteurs industriels » (Grégory Rabuel, Altice France)

ENTRETIEN – 5G, fibre, médias, cybersécurité, innovations…, les sujets d’attention du PDG d’Altice France sont nombreuses mais surtout ils constituent autant d’éléments faisant partie de la stratégie de transformation qui assoit les ambitions du groupe français – propriétaire de l’opérateur SFR comme de la chaîne d’information en continue BFM TV, revendiquée comme première chaîne d’info de France – et qui a annoncé, fin février, sa promesse d'achat de 6ter et TFX.
(Crédits : Reuters)

LA TRIBUNE- Il y a un an, Altice présentait son plan stratégique qui doit mener la transformation et conforter les ambitions du groupe d'ici à 2025. En un an, il y a eu également le déploiement de la 5G à Nice, le rachat de certaines chaînes de télé, la guerre en Ukraine. Où en est la feuille de route ?

GRÉGORY RABUEL-  L'accélération de la digitalisation des usages constatée par tous depuis le début de la crise a placé les opérateurs d'infrastructures au cœur de l'activité du pays. Cette dépendance aux réseaux renforce évidemment le rôle des opérateurs et intensifie la nécessité d'investir pour délivrer une connexion devenue indispensable, considérée comme un bien courant aujourd'hui, autant que l'eau ou l'électricité par exemple. L'enjeu est de pouvoir absorber le trafic qui ne cesse d'augmenter chaque année et de s'adapter aux évolutions technologiques. Tout cela génère un investissement, chaque année, de 3 milliards d'euros. En ce qui concerne la fibre et la 5G, nous devrions atteindre les objectifs fixés, c'est-à-dire respectivement 90% des foyers raccordés à horizon 2025 et 98% des villes de plus de 10.000 habitants. Si l'on considère la partie médias, les résultats sont là avec d'excellentes performances côté BFM TV. Nous élargissons notre offre d'information de proximité avec bientôt dix antennes locales.

La 5G était précisément lancée, il y a un peu plus d'un an, à Nice. Où en est le déploiement ?

Le lancement de la 5G à Nice, c'était il y a 16 mois exactement. Et un cap symbolique vient d'être franchi, puisqu'aujourd'hui en France, la 5G de SFR est disponible pour plus de 50% de la population. Ce déploiement permet avant tout de fluidifier le trafic là où il est particulièrement dense. Notre couverture 5G est aujourd'hui très majoritairement réalisée sur la bande de fréquence 3.5 GHz, la seule permettant d'accéder aux meilleurs débits. Cette décision stratégique nous a notamment permis d'être reconnu par le baromètre nPerf 2021, comme opérateur n°1 ex æquo avec Orange sur les meilleures performances en Internet mobile 5G.

Concernant la fibre, celle-ci constitue un élément fondamental pour l'attractivité du territoire et la compétitivité des entreprises. La couverture des zones hors grandes métropoles se pose aussi étant donné l'exode urbain qui mène certains à faire le choix de métropoles ou villes moyennes. Quelle est votre stratégie sur ce point ?

Le déploiement de la fibre, de façon massive, fait intégralement partie de la stratégie. Et cela se fait aussi bien en Zones Très Denses, dans les métropoles, comme dans les Zones Moins Denses. C'est notre contribution à la lutte contre toute forme d'exclusion numérique. Aujourd'hui le réseau de SFR est constitué de plus de 26,5 millions de prises fibre. En 2021, près de 5,4 millions de nouvelles prises fibre ont été construites et commercialisées et nous avons ajouté plus de 6.000 nouvelles communes françaises à notre réseau. C'est aussi une façon de répondre aux besoins de connexion, amplifiés par le développement du télétravail. Avec notre filiale XpFibre, nous répondons à la mise en œuvre du plan d'action gouvernemental « très haut débit pour tous » en construisant un réseau neutre, accessible à tous les opérateurs commerciaux qui le souhaitent, en partenariat avec les collectivités locales.

La transition énergétique est également un point crucial, surtout quand on évolue dans un secteur réputé gourmand en énergie. Comment travaillez-vous sur l'approvisionnement énergétique ? Quels types d'innovations proposez-vous, côté BtoC, en termes d'innovation ?

On a l'habitude de dire que les télécoms consomment. Oui, c'est vrai mais les réseaux télécoms français représentent, d'après le dernier rapport du Haut Conseil pour le Climat, en moyenne 0,4% de l'empreinte carbone en France. Ils constituent avant tout l'une des solutions au défi environnemental car leur développement permet de diminuer, au global, les émissions des gaz à effet de serre, par leur impact sur l'ensemble des secteurs industriels et sur la vie quotidienne des Français. Pour autant, nous sommes conscients des enjeux environnementaux. La modernisation des réseaux avec les dernières technologies -fibre et 5G- moins énergivores et plus efficientes, constitue un élément déterminant pour faire du numérique un outil de réduction de l'empreinte environnementale de nombreux secteurs industriels.

Altice France a fait le choix de s'associer à ekWateur, fournisseur alternatif d'énergie français, pour alimenter la moitié de ses sites télécoms en énergie 100 % renouvelable. Ainsi, l'électricité utilisée pour alimenter près de 25.000 sites SFR est produite grâce à des barrages hydroélectriques, des éoliennes ou des panneaux solaires. Côté BtoC, SFR a ouvert dans la plupart de ses magasins un espace dédié au recyclage et au reconditionnement, ainsi qu'à la sensibilisation des clients à la sobriété numérique et aux usages responsables. Bien d'autres actions éco-responsables sont déployées, comme le développement de coques de protection pour les smartphones à base de filets de pêche recyclés, la fabrication sur mesure dans nos boutiques d'écrans de protection qui évitent bien des déchets plastiques, ou encore notre adoption du moteur de recherche Ecosia pour contribuer à la reforestation.

La guerre en Ukraine impacte-t-elle le groupe ? Quelles décisions ont été engagées ?

SFR a d'abord fait en sorte de faciliter les communications de ses abonnés avec leurs proches en rendant gratuits les appels et les SMS émis depuis le lundi 21 février et ce jusqu'à fin mars vers les fixes et mobiles ukrainiens. Altice Media s'est, par ailleurs, associé au Secours Populaire et relaie sur les antennes RMC et BFM leur appel aux dons lancé le 26 février dernier à travers des spots publicitaires pour venir en aide aux réfugiés. Et puis, il y a aussi les questions de cybersécurité. Dès le lendemain de l'attaque russe en Ukraine, nous avons pris des mesures de sécurité supplémentaires pour faire face à une résurgence éventuelle d'attaques informatiques. Cela se traduit notamment par une vigilance renforcée des équipes chargées de la Sécurité de l'Information, une supervision et des contrôles accentués de nos réseaux télécoms.

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