Malgré la colère d’Orange, SFR va déployer la 5G avec Huawei à La Réunion

L’opérateur historique, qui contestait le feu vert du gouvernement à SFR pour déployer la 5G avec Huawei sur l’île, a été débouté par le Conseil d’Etat. Orange réfléchit à « un possible recours auprès des instances européennes ». Il devra, en attendant, démonter à grands frais ses antennes chinoises.
Pierre Manière
La décision du Conseil d’Etat va obliger Orange à remplacer tous ses équipements Huawei par ceux de Nokia ou d'Ericsson.
La décision du Conseil d’Etat va obliger Orange à remplacer tous ses équipements Huawei par ceux de Nokia ou d'Ericsson. (Crédits : Reuters)

A l'état-major d'Orange, c'est peu dire que la nouvelle fait grincer des dents. Dans une décision datée du 9 juin, repérée par Capital, le Conseil d'Etat a débouté l'opérateur historique, qui contestait le feu vert du gouvernement à SFR pour déployer la 5G avec Huawei à La Réunion. L'opérateur au carré rouge, qui recourt déjà aux services du géant chinois des télécoms pour la 3G et la 4G, avait décroché l'aval de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), qui dépend de Matignon, l'été dernier. Au contraire d'Orange, qui a écopé d'une interdiction, quand bien même il utilise déjà des équipements Huawei dans l'île.

Depuis le 1er août 2019, la loi sur la sécurisation des réseaux 5G permet à Matignon et à l'Anssi de se prononcer sur l'installation des nouvelles antennes dédiées aux communications mobiles. Aussi appelée « loi anti-Huawei », ce texte vise à limiter, voire à interdire, les équipements 5G du géant chinois des télécoms, pour des raisons de souveraineté et de sécurité nationale. Les services de renseignement redoutent notamment que les matériels de Huawei soient utilisés à des fins d'espionnage pour le compte de Pékin. Ou encore qu'en cas de conflit, la Chine soit tentée d'éteindre ces réseaux, avec des conséquences catastrophiques pour l'économie du pays.

Le fait qu'Orange a essuyé un refus de l'Anssi au contraire de SFR a suscité l'ire de sa direction. Orange s'est empressé d'attaquer l'Etat en référé. L'initiative s'est d'abord avérée payante. Le tribunal administratif de Paris a tranché en sa faveur le 22 décembre dernier, suspendant, au passage, les autorisations de SFR liées au déploiement d'antennes 5G chinoises. Mais l'opérateur de Patrick Drahi et le gouvernement ont contre-attaqué en saisissant le Conseil d'Etat. L'institution a finalement balayé les contestations d'Orange, et a levé la suspension des autorisations de SFR.

Dans sa décision, le Conseil d'Etat estime qu'Orange ne peut « se prévaloir de sa qualité de concurrent pour établir son intérêt à contester des mesures de police prises à l'égard d'un autre opérateur [...] dans le but de préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale ». Il estime que la précédente décision du tribunal administratif de Paris, favorable à l'opérateur historique, a carrément été « entachée » d'une « erreur de droit »...

Orange déplore des « conditions discriminatoires »

Pour Orange, c'est la douche froide. L'opérateur se dit surpris de voir sa contestation taxée d'irrecevabilité. « La jurisprudence du Conseil d'Etat considère depuis longtemps qu'il est possible à des tiers de contester les décisions d'autorisations de fréquences des autres opérateurs, explique l'opérateur à La TribuneNous comprenons mal pourquoi il serait moins légitime de contester la décision d'autorisation de SRR [la filiale de SFR à La Réunion, Ndlr] d'utiliser des équipements Huawei pour exploiter un réseau mobile si elle crée des conditions discriminatoires. »

Sur le fond, Orange qualifie d'« incompréhensible » que SFR puisse seul bénéficier du droit de recourir à Huawei pour la 5G, et fustige une distorsion de concurrence. « Sur un même pylône, SRR peut utiliser un équipement Huawei alors qu'Orange ne le peut pas ! », s'étrangle l'opérateur. Il affirme, en outre, qu'à la différence de la métropole, c'est bien SFR qui est « l'opérateur dominant » à La Réunion. A ce titre, c'est lui qui « fournit des services pour l'Etat, la gendarmerie, etc... donc des services sensibles ». Ce qui aurait pu justifier, justement, un refus de l'Anssi.

Orange va devoir remplacer ses antennes

Quoi qu'il en soit, la décision du Conseil d'Etat va obliger Orange à remplacer tous ses équipements Huawei. Il va devoir retirer ses antennes existantes, et les remplacer par des matériels du finlandais Nokia ou du suédois Ericsson. Cela va lui coûter cher, et nécessairement ralentir son déploiement de la 5G. Interrogé par La Tribune, Orange ne fait « pas de commentaire » sur la facture de cette mésaventure. L'opérateur ne compte toutefois pas rendre les armes. « Nous réfléchissons à un possible recours auprès des instances européennes », précise-t-il.

A contrario, chez SFR, on estime que l'affaire est désormais terminée. Surtout, l'opérateur au carré rouge affirme « ne pas avoir d'avance particulière » vis-à-vis d'Orange à La Réunion. SFR redoutait même un « dépositionnement » en cas de décision défavorable. Interrogée par La Tribune, l'Anssi, de son côté, n'a pas donné suite à nos sollicitations.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 15/06/2022 à 9:45
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Votre relent pue l antisemitisme … sa nationalité déclarée/ supposée on s e n fout … quand à ses Chinoiseries la il y a un problème mais le consommateur n’a qu à boycott et sa marque : ce que je fais .

à écrit le 14/06/2022 à 21:40
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Pour du fric Draghi qui est Franco -Israélienne A travers SFR a fait rentrer le loup dans la bergerie ! Il a vendu les intérêts de la France aux Chinois l'avocat de Patrick Drahi a déclaré que celui-ci possède exclusivement la nationalité israélienne...

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