Alors que dans l'Hexagone, le déploiement de la fibre continue d'aller crescendo, les opérateurs télécoms essuient de sévères critiques. Celles-ci concernent les raccordements à la fibre, qui, trop souvent, se terminent mal. Comme l'a indiqué au printemps dernier InfraNum, un organisme rassemblant les industriels du secteur, 20% d'entre eux se soldent par un échec.
En charge de ces raccordements, les sous-traitants des opérateurs sont pointés du doigt. Souvent mal rémunérés et sous pression, nombre d'entre eux ne travaillent pas dans les règles de l'art. Certains ont pris l'habitude de réaliser les opérations à la vite. D'où la prolifération des « plats de nouilles », qui désignent, dans le jargon, les enchevêtrements de câbles au niveau des armoires de rue dédiées aux télécoms. Outre le fait que certains clients peinent à être raccordés, d'autres sont parfois soudainement débranchés.
Coopération entre les opérateurs concurrents
Conscients de ces problèmes, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free tentent de trouver, conjointement, des solutions pour améliorer les choses. Ce lundi, la Fédération française des télécoms (FFT), le lobby du secteur, a présenté un « livre blanc » à Cédric O, le secrétaire d'Etat en charge du Numérique. Celui contient différents axes de travail pour en finir, dès que possible, avec ces malfaçons. Président de la FFT, et par ailleurs PDG d'Altice Media ainsi que secrétaire général d'Altice France/SFR, Arthur Dreyfuss avait déjà détaillé, le mois dernier, les principales solutions pour en finir avec les « plats de nouilles » :
« Nous allons développer des outils numériques pour centraliser les malfaçons, depuis leur notification jusqu'à leur résolution pour gagner en réactivité, affirme-t-il sur le site de la fédération. Comme avec l'outil numérique en place "check voisinage" qui permet aux opérateurs qui l'utilisent de s'assurer que personne n'ait été déconnecté de manière accidentelle, comme cela peut parfois arriver. Nous proposons aussi la prise de photos avant et après les interventions des sous-traitants pour une traçabilité du travail réalisé. »
L'Etat et l'Arcep mettent la pression
Le dirigeant insiste également sur l'amélioration de la formation des techniciens. Il s'agit, selon lui, d'un « élément incontournable ». « L'exécution du raccordement doit être réalisée dans le respect des règles de l'art », insiste-t-il. La FFT a notamment participé à l'élaboration d'un « guide pédagogique ». Celui-ci est destiné aux sous-traitants des opérateurs et recense les bonnes pratiques.
Cela sera-t-il suffisant pour clore le chapitre des malfaçons ? En face, le gouvernement et l'Arcep, le régulateur des télécoms, mettent la pression sur les opérateurs. « Les dysfonctionnements et problèmes récurrents ne sont pas acceptables », a lancé Cédric O, ce lundi sur Twitter. En mai dernier, le ministre avait même évoqué la menace de sanctions à l'égard des opérateurs « si on ne voit pas les chiffres s'améliorer ».
La présidente de l'Arcep, Laure de La Raudière, a également tapé du poing sur la table. « L'année 2021 doit être l'année de la qualité de service sur la fibre, a lancé début mai la patronne du gendarme des télécoms. Le déploiement ne doit pas se faire à son détriment. » En résumé : les opérateurs sont plus que jamais attendu au tournant.
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