Huawei bénéficie-t-il de l'aide de firmes de Taïwan pour se doter d'usines de fabrication de puces dernier cri ? C'est ce qu'a indiqué Bloomberg le 3 octobre dernier. « Plusieurs entreprises technologiques taïwanaises aident Huawei à construire l'infrastructure d'un discret réseau d'usines de fabrication de puces dans le sud de la Chine », écrit l'agence. « Une collaboration inhabituelle, qui risque d'enflammer les sentiments d'une île démocratique aux prises avec la belligérance croissante de Pékin », poursuit l'agence. Les sociétés pointées du doigt sont Topco Scientific, United Integrated Services, L&K Engineering Co et Cica-Huntek Chemical Technology.
Dans la foulée de ces révélations, le gouvernement taïwanais a ouvert une enquête pour savoir si ces entreprises ont enfreint les sanctions américaines à l'égard de Huawei. Le géant chinois des télécoms, accusé d'espionnage par le pays de l'Oncle Sam, n'a plus le droit, depuis 2019, de se fournir en technologies américaines, en particulier dans le domaine des semi-conducteurs. L'enquête doit, en clair, déterminer si les entreprises taïwanaises ont fourni des technologies interdites à Huawei.
Les entreprises nient toute malversation
Elles s'exposent, d'après le gouvernement taïwanais, chacune à une amende qui équivaut à 775.000 dollars. Toutes nient pour l'heure toute malversation. Elles affirment qu'elles n'ont travaillé que sur la gestion des eaux usées, la décoration intérieure ou des travaux de construction, sans fournir d'équipements liés à la fabrication de puces.
Aujourd'hui Taïwan compte plusieurs acteurs majeurs des semi-conducteurs, comme les géants TSMC et Foxconn, qui fournissent des puces à Apple. Ceux-ci travaillent en Chine, mais le gouvernement taïwanais leur a interdit d'y produire les technologies les plus sensibles.
Une enquête des Etats-Unis
L'affaire sera suivie de près. Fin août, Huawei a commercialisé un nouveau smartphone compatible 5G, le Mate 60, doté d'une puce d'une finesse de gravure de 7 nanomètres. Cette annonce a provoqué des cris d'orfraie aux Etats-Unis, où beaucoup se demandent comment le groupe chinois a pu se doter d'une telle technologie aussi rapidement, de son propre chef, et malgré les sanctions. Le pays de l'Oncle Sam a lui-même initié une enquête pour savoir si Huawei n'a pas, d'une manière ou d'une autre, enfreint son embargo.
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