La numérisation de « toutes les industries », nouveau dessein de Huawei

Fer de lance de la tech chinoise, le groupe de Shenzhen a levé le voile, ce mercredi, sur ses dernières innovations à son événement annuel Huawei Connect à Shanghai. Il ne se présente plus comme un simple équipementier télécoms ou un fabricant de smartphones. Huawei se revendique comme un groupe capable de fournir toutes les solutions, des terminaux au cloud, en passant par les logiciels d’intelligence artificielle, pour numériser tous les secteurs industriels.
Meng Wanzhou, qui assure la présidence tournante de Huawei.
Meng Wanzhou, qui assure la présidence tournante de Huawei. (Crédits : Reuters)

Alors que Huawei est sous la menace de nouvelles sanctions des Etats-Unis, sa présidente tournante, Meng Wanzhou, fait comme si de rien n'était. Elle n'a pipé mot de ces difficultés ce mercredi à Shanghai, en introduction de Huawei Connect, le grand événement annuel du fleuron de la tech chinoise. Une manière de souligner que Huawei continue son bonhomme de chemin, et s'accommode des piques du pays de l'Oncle Sam, qui l'accuse toujours d'espionnage et lui interdit de recourir à nombre de technologies « made in USA ».

Aujourd'hui, Huawei fait partie des équipementiers télécoms de référence, notamment dans la 5G, aux côtés des européens Nokia et Ericsson. Mais désormais, le groupe qui a son siège à Shenzhen, la Silicon Valley de l'empire du Milieu, ne veut plus de cette étiquette. Si les télécoms restent le cœur de métier de Huawei, Meng Wanzhou n'a que peu évoqué ce secteur dans son discours. Certes, la dirigeante a brièvement rappelé que le groupe a déployé des réseaux mobiles « dans plus de 170 pays ». Mais elle souhaite désormais que Huawei soit reconnu comme un partenaire privilégié de la numérisation de « toutes les industries », de la finance aux ports, en passant par les transports ou encore l'énergie.

Huawei veut préserver ses positions à l'étranger

Sur ce front, Huawei se dit en mesure de proposer toutes les solutions pour permettre aux industriels de « digitaliser » leurs activités. Cela va des terminaux, nécessaires à la collecte des données, à la connectivité via des réseaux 4G ou 5G, aux services de cloud grâce à des serveurs maisons, jusqu'aux logiciels d'intelligence artificielle, indispensables pour traiter les informations. Huawei développe d'abord ses solutions « pour la Chine », a souligné Meng Wanzhou, mais constitue aussi une alternative « pour le reste du monde ». En clair surtout en Europe, et notamment en France, où le cador de la tech chinoise est bien implanté.

A Shanghai, Huawei n'a pas levé le voile sur un nouveau smartphone, ou une énième innovation sur la 5G. C'est un nouveau serveur qui s'est, cette fois, retrouvé sous le feu des projecteurs. Son nom ? L'Atlas 900 Super Cluster. Ce nouveau matériel a une particularité : il utilise des processeurs dotés d'une finesse de gravure de 7 nanomètres. C'est-à-dire une technologie similaire à celle utilisée dans le dernier Mate 60 Pro, un smartphone dévoilé fin août, et dont la sortie a provoqué des cris d'orfraie aux Etats-Unis.

La menace de nouvelles sanctions

A Washington, on se demande bien comment Huawei a pu développer de telles puces aussi rapidement et de son propre chef malgré les sanctions qui l'empêchent, depuis 2019, d'utiliser certaines technologies américaines. Il y a peu, le pays de l'Oncle Sam a même lancé une enquête pour savoir si Huawei n'a pas enfreint, d'une manière ou d'une autre, cet embargo. Mais déjà, une partie de la classe politique américaine appelle à durcir les sanctions, et à couper tous les ponts avec le groupe de Shenzhen. Nul doute que la sortie de ce nouveau serveur va alimenter les tensions.

Pas de quoi, pour autant, décourager Huawei. A Shanghai, celui-ci a tenu à démontrer sa résilience dans ce contexte électrique. L'enjeu, pour Meng Wanzhou et l'état-major du groupe, est notamment de rester fréquentable en Europe, un de ses plus gros marché hors de Chine. Or, Huawei marche sur des oeufs sur le Vieux Continent. En juin dernier, Thierry Breton, le commissaire au Marché intérieur, a jeté un pavé dans la mare en affirmant que Huawei et son compatriote ZTE constituaient un risque pour la sécurité de l'Union européenne. Il a même averti que la Commission allait « prendre des mesures de sécurité nécessaires pour ne pas acquérir de nouveaux services de connectivité reposant sur les équipements de ces fournisseurs ».

Huawei furieux de l'appel au boycott de l'UE

La sortie a provoqué l'ire de Huawei. Interrogé par La Tribune, un haut cadre du groupe ne décolère pas, jugeant que Thierry Breton s'est montré « particulièrement maladroit »« De quel droit lance-t-il un appel [à bannir Huawei, NDLR] sans aucune preuve [de malversation ou d'espionnage] ? », s'étrangle-t-il. Le dossier est sensible. Et plus particulièrement dans l'Hexagone.

SFR et Bouygues Telecom doivent bientôt déposer des demandes de renouvellement de leurs autorisations d'équipements de réseau 5G Huawei. La perte de ces marchés serait un vrai coup dur pour le groupe chinois. En parallèle, Huawei doit poser la première pierre, d'ici à la fin de l'année, d'une grande usine d'antennes 5G à Brumath, en Alsace. Les affaires de Huawei en Europe et en France n'ont décidément rien d'un long fleuve tranquille.

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Commentaires 4
à écrit le 21/09/2023 à 15:14
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Et, si un jour il existe un méchant orage solaire qui s'abat sur une partie du monde, pas un petit comme celui du Québec en 1989 (trois jours pour rétablir le courant quand même) mais un connu sous l'évènement de Carrington survenu en 1859 - que se p...

à écrit le 21/09/2023 à 7:02
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Du coup on peut se demander quelle va être la portée de ce discours tandis que les américains ne veulent plus des chinois au sein de leur numérique et de leur réseau internet. Tandis que le monde montre du doigt la tendance active chinoise à l'espion...

le 21/09/2023 à 7:48
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Aucun réveil brutal et massif. La chine et Huawei ont déjà annoncé en 2015 leur intention de mettre la 5G au cœur de la numérisation de tous les écosystèmes industriels. Ils ont créé à cette occasion un groupe puissant présidé par Miao Wei le ministr...

le 21/09/2023 à 8:17
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"Faut suivre" Sous entendu "faut me suivre". Ben non vieux désolé hein, certainement pas, tu sais nous sommes encore nombreux à avoir du goût pour la vérité.

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