Christine Boutin tente de limiter les expulsions de locataires

La ministre du Logement, Christine Boutin, a fait savoir ce jeudi qu'une expulsion locative ne serait plus exécutée sans "solution de remplacement", déclaration qui n'a pas convaincu les associations. La Fondation Abbé Pierre a jugé cette proposition "généreuse mais peu concrète" et, au sein d'un collectif de 32 associations, a maintenu sa demande d'un moratoire sur les expulsions.

La ministre du Logement Christine Boutin a fait savoir ce jeudi que dorénavant aucune expulsion locative ne serait exécutée sans "solution de remplacement". "Un préfet ne mettra plus à exécution un jugement d'expulsion sans proposer un relogement ou un hébergement pour les locataires dans l'impossibilité de payer leur loyer", a précisé la ministre dans une interview au "Parisien".

Les associations qui militent pour le logement social, dont la CNL (Confédération nationale du logement) et le Dal (Droit au logement), ont immédiatement jugé la proposition insuffisante, craignant une extension des solutions d'hébergement (accueil temporaire en hôtel ou foyer) au détriment des relogements stables.

La Fondation Abbé Pierre a également jugé ce jeudi les propos de Christine Boutin "généreux mais peu concrets" compte tenu de la "crise gravissime" du logement social. La Fondation a rappelé la montée du chômage et la hausse des loyers de plus de 40 % en dix ans alors que depuis 2001 les aides personnelles au logement ont été amputées de 12,5%. "1,8 million de ménages peinent à s'acquitter de leur loyer", a-t-elle estimé.

La Fondation Abbé Pierre fait ainsi partie d'un collectif de 32 associations (qui compte le Secours catholique, les Enfants de Don Quichotte, la Fnars, l'Uniopss) qui a demandé le 4 mars un moratoire sur les expulsions à la ministre.

Les déclarations de Christine Boutin sont "des effets d'annonce" destinés à "prévenir toute manifestation d'associations d'aide au logement à l'approche de la fin de la trêve hivernale", le 15 mars, a pour sa part estimé Jean Perrin, président de l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI, 247.000 adhérents).

Selon lui, "il y a à l'heure actuelle peu d'expulsions par la force publique sans solution de relogement . Cette annonce ne va donc pas changer grand-chose". Jean Perrin a souhaité plutôt que "des mesures concrètes" soient prises comme "la fin de la trêve hivernale". "Il est en effet mathématiquement plus facile de se reloger sur douze mois que sur six", a-t-il souligné. "Il faudrait aussi maintenir le versement de l'aide au logement pour une personne en situation d'impayé. Il y aurait alors beaucoup moins d'expulsions", a-t-il ajouté.

Selon le mouvement Emmaüs, "500.000 ménages sont en situation d'impayés de loyers". Près de 220.000 personnes occupent un logement sans droit et sans titre à la suite d'une décision d'expulsion. L'an dernier, ce sont plus de 11.000 expulsions de personnes sans solution de relogement qui ont été faites avec le concours de la force publique.

Lundi à Paris, Emmaüs viendra disposer une montagne de matelas sur la place de la République en signe de protestation, tandis que le Droit au logement (Dal) a appelé à manifester dimanche. Les Enfants de Don Quichotte, qui s'étaient distingués en installant des tentes pour les sans-abri au coeur de Paris il y a deux ans, vont quant à eux entamer samedi un tour de France du "mal logement". Sur son site Internet, l'association annonce l'installation de campements partout dans le pays pendant ce tour de France de deux mois qui s'achèvera à Paris le 15 mai.

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