Affaire Bettencourt : Eric Woerth n'a "rien à se reprocher", nouvelle enquête judiciaire

Le parquet de Nanterre annonce ce mercredi avoir ouvert une enquête préliminaire sur les allégations de l'ex-comptable des Bettencourt qui a accusé Eric Woerth. Invité mardi du journal de 20 h sur TF1, le ministre du Travail a fermement nié ces accusations publiées le matin même par le site Mediapart. Le rapport de l'Inspection générale des finances sur le rôle d'Eric Woerth dans le dossier fiscal de Liliane Bettencourt sera remis vendredi au ministre du Budget et rendu public, a déclaré ce mercredi François Baroin.

Le parquet de Nanterre a annoncé ce mercredi avoir ouvert une nouvelle enquête de police sur les propos de l'ex-comptable de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, mettant en cause le ministre du Travail Eric Woerth. "Le parquet a ouvert une enquête préliminaire sur les allégations de la comptable Claire Thibout", a précisé une porte-parole du procureur Philippe Courroye. La procédure est confiée à deux services, la Brigade financière et la Brigade de répression de la délinquance sur la personne (BRDP).

Le ministre du Travail Eric Woerth a assuré mardi qu'il n'avait nullement l'intention de démissionner et dénoncé une "cabale" du Parti socialiste pour l'affaiblir et à travers lui Nicolas Sarkozy. Le ministre du Travail est soupçonné d'avoir reçu de la part de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, la somme de 150.000 euros pour le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007

Invité sur TF1, Eric Woerth a laissé perçer une émotion inhabituelle chez lui. "Cette accusation, est insupportable. Tous les jours, tous les jours, depuis trois semaines, j'ai une accusation supplémentaire, sur tel ou tel point", a-t-il lancé. "Je n'ai jamais reçu le moindre euro illégal. Je n'ai jamais reçu de l'argent de cette manière-là dans la campagne présidentielle. J'ai tenu les comptes de cette campagne. Cette campagne a été vérifiée. Elle est vérifiée par des contrôleurs, par des magistrats. Chaque facture est vérifiée".

"C'est pour moi insupportable (...) c'est inacceptable. C'est une cabale politique orchestrée aussi par le Parti socialiste qui sans arrêt souffle du chaud pour essayer de nuire à la vie politique française", a ajouté Eric Woerth. "Cela fait trois semaines que tous les jours j'entends des torrents d'insultes, des torrents de haine alors que je n'ai rien à me reprocher," a-t-il poursuivi. "Tout est faux, c'est une calomnie".

Le ministre du Travail a dit espérer que l'Inspection générale des finances rendrait d'ici vendredi le rapport commandé par son successeur au Budget, François Baroin, ce que ce dernier a confirmé ce mercredi. Il a souligné qu'il n'était pas mis en examen et qu'il n'avait aucune raison de démissionner du gouvernement comme l'avait fait dans le passé le socialiste Dominique Strauss-Kahn, avant d'obtenir un non-lieu.

Un peu plus tôt dans la journée, Nicolas Sarkozy a dénoncé à mots couverts ces accusations, lors d'une table ronde sur la médecine de proximité à Brie-Comte-Robert.

"J'aimerais tellement que le pays se passionne pour les grands problèmes que sont la santé, les retraites, comment on va créer de la croissance, plutôt que de s'emballer à la première horreur, calomnie, qui n'a qu'un seul but, salir sans aucune espèce de réalité. Quel abaissement, une époque où on s'intéresse plus à la personne qui crée le scandale qu'à la personne qui soigne, qu'à la personne qui travaille, qu'à la personne qui construit. Quelle époque !", a-t-il déclaré.

De son côté, François Fillon, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse au parlement européen, a dénoncé "une chasse à l'homme"et une "entreprise systématique de déstabilisation". "Nous ne nous laisserons pas intimider par ces méthode", a-t-il dit. "Depuis le début de ce feuilleton [...] nous n'avons jamais eu un seul fait avéré, qui ait été prouvé ; nous n'avons jamais eu un seul reproche réel à faire au ministre du Travail."

A l'Assemblée nationale, le ton a rapidement monté lors de la séance des questions entre députés UMP et députés socialistes (en vidéo, sur le site de l'Assemblée). Accusés par le ministre du Budget François Baroin de faire le jeu de l'extrême droite sur cette affaire, les socialistes ont quitté en quasi totalité l'hémicycle.

Les membres du PS s'étaient dans la journée saisis de l'affaire. "C'est au président de la république de prendre toutes ses responsabilités et de dire la vérité et d'en tirer toutes les conséquences", avait affirmé le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, qui n'a pas demandé la démission d'Eric Woerth mais a parlé de "crise morale".

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, avait estimé, à propos des affirmations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, qu'Eric Woerth n'était plus "en situation, ni légitime" pour pouvoir continuer à mener la réforme des retraites. Le député PS Arnaud Montebourg avait quant à lui réclamé lundi la nomination d'un "juge d'instruction indépendant" du gouvernement pour "faire connaître la vérité". L'ex-Premier secrétaire du PS François Hollande avait affirmé  qu'un remaniement du gouvernement s'imposait.

Marine Le Pen accuse également Nicolas Sarkozy

La vice-présidente du Front national, Marine Le Pen, a estimé ce matin que "les nouvelles révélations de Mediapart nous permettent de mieux comprendre pourquoi le président déploie une telle énergie pour sauver coûte que coûte son ministre Eric Woerth. Dans l'affaire Bettencourt, en tirant sur le fil Woerth, c'est en effet au final sur Nicolas Sarkozy que l'on tombe".

Elle a estimé également que "la démission d'Eric Woerth, chef de la Camorra [mafia napolitaine, ndlr] fiscale et trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, est plus que jamais nécessaire. Sa chute en entraînera d'autres".

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