Que va faire la Banque centrale européenne en 2013 ?

Alors que la réunion mensuelle de la Banque centrale européenne (BCE) aura lieu dans quatre jours, la grande question est de savoir si l'institution monétaire va maintenir ou non les taux d'intérêt qui sont à leur plus bas niveau historique.
Le siège de la BCE à Francfort. Copyright Reuters

La Banque centrale européeen (BCE) tient jeudi sa réunion mensuelle de son conseil des gouverneurs. La grande interrogation est de savoir si elle va ou non modifier ses taux d'intérêt à cette occasion alors  qu'elle maintient depuis juillet son principal taux directeur à 0,75%, son plus bas niveau historique.  Lors de sa réunion de décembre, à l'issue de laquelle la BCE avait abaissé ses prévisions de croissance, il y avait eu "une large discussion" sur le fait de maintenir ou non les taux, avait reconnu son président Mario Draghi.

Mais la décision de maintenir les taux avait été prise en décembre et "si une baisse des taux ne peut pas être entièrement exclue, nous ne pensons pas que le conseil de la BCE va modifier ses taux d'intérêt" en janvier, estime Michael Schubert, économiste de Commerzbank. 

Un point de vue que partage Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight. "Il semble plus probable que la BCE s'abstienne de baisser ses taux d'intérêt que l'inverse", affirme-t-il, ce qui ne l'empêche pas de parier sur un abaissement des taux "au cours du premier trimestre".

Une baisse des taux apparaît prématurée

Mais pour l'heure, un nouvel assouplissement monétaire paraît prématuré. "Les membres du conseil de la BCE ont essayé ces dernières semaines de calmer les spéculations sur une baisse des taux", rappelle Michael Schubert. Le nouveau membre du directoire de la BCE, Yves Mersch, a ainsi fait part fin décembre dans la presse allemande de son opposition à une baisse des taux, jugeant que ce ne serait pas efficace.

En effet, malgré des taux extrêmement bas depuis des mois, le crédit reste grippé. Les prêts au secteur privé en zone euro ont reculé en novembre, pour le septième mois d'affilée.

La priorité reste la relance de l'économie européenne

Si le président de la BCE Mario Draghi a assuré continuer à veiller à la stabilité des prix, les risques inflationnistes sont bien moins une préoccupation pour la BCE que la relance de l'économie européenne, entrée en récession au 3e trimestre 2012. "Pour le moment il n'y a aucun signe que l'inflation remonte, au contraire", a affirmé Jörg Asmussen, membre du directoire. La hausse des prix est d'ailleurs restée stable en décembre à 2,2% sur un an dans la zone euro.

Même s'il dépasse depuis 25 mois le seuil de 2% visé à moyen terme par la Banque centrale européenne, le niveau d'inflation devrait redescendre prochainement, selon les analystes. Quant à l'accélération de l'inflation en Allemagne en décembre, elle "peut juste donner un peu plus de poids aux arguments de ceux qui s'opposent à davantage d'assouplissement monétaire au sein du conseil des gouverneurs", considère Christian Schulz, économiste à la banque Berenberg.

 Le pire de la crise est-il vraiment derrière nous ? 

La contraction moins forte de l'activité en décembre, calculée par l'indice PMI du cabinet Markit, laisse espérer une amélioration de la situation en zone euro. Plusieurs responsables européens, notamment le président français François Hollande et le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, considèrent d'ailleurs que le pire de la crise est passé. Les membres de la BCE se montrent cependant plus prudents. Certes, l'état de la zone euro est "plus stable" qu'il y a un an, mais "l'élimination des problèmes structurels et de compétitivité durera encore des années", a averti Jörg Asmussen. "Les risques sont toujours là, la situation est toujours fragile", a aussi mis en garde le vice-président de la BCE, Vitor Constancio.

Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy n'a d'ailleurs pas caché qu'il s'attendait à une année "très dure" pour son pays, l'un des plus touchés par la crise. S'il n'envisage pas "à ce jour" de le faire, il n'a pas exclu "à l'avenir" de procéder à une demande de sauvetage global auprès de Bruxelles. Cela reste une condition posée par la BCE pour enclencher son programme OMT de rachat de dette publique qui a, certes, apporté une accalmie sur les marchés depuis septembre, mais n'a pour le moment toujours pas été utilisé.

Avec AFP.

Commentaires 8
à écrit le 06/01/2013 à 23:31
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La question la plus importante est la suivante : les banques privées vont-elles être capables de rembourser les 1000 milliards d'euros que la BCE leur a prétées à taux quasi pour 3 ans il y a un an ? Combien les contribuables vont-ils encore devoir p...

le 08/01/2013 à 1:29
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Sans oublier que, "grâce" à la déréglementation, ces mêmes banques vont encore subir la concurrence d'autres monnaies ou d'autres banques plus "compétitives" en termes de levier car non soumises aux ratios Bâle III plus stricts. On parle aussi d'une ...

à écrit le 06/01/2013 à 23:08
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Goldman Sachs a besoin du robinet monétaire de la BCE pour tenir son futur rôle de bon samaritain contre l'austérité. Juste ce qu'il faut pour étourdir les esprits en réchauffant artificiellement une économie dont il s'est aussi emparé des secteurs s...

à écrit le 06/01/2013 à 16:11
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Goldman Sachs a pris le contrôle du robinet monétaire et ne va pas le lâcher.

à écrit le 06/01/2013 à 14:03
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Facile : elle va continuer de tout faire pour sauver l'Euro. C'est logique, s'il n'y a plus d'Euro, il n'y a plus de BCE. Tous ceux qui profitent de l'Euro essaient de le sauver, aux dépens de tous les autres. Le problème est que ceux qui profitent d...

à écrit le 06/01/2013 à 11:46
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Une fable contemporaine, par Martin Wolf Tout le monde connaît la fable La Cigale et la Fourmi. La paresseuse cigale chante pendant tout l?été tandis que la fourmi fait des provisions pour l?hiver. Quand arrivent les grands froids, la cigale suppl...

le 06/01/2013 à 13:06
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Ca tombe bien, alcide formique. Les banques ne trouvent plus de cigales à qui prêter et réduisent l'ouverture du robinet de prêt. "A force de tuer le consommateur, le prêteur se tarit." (La Fontaine)

à écrit le 06/01/2013 à 11:18
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Ca c'est du message. "Elle ne devrait pas les baisser, mais elle le fera peut-être." "Elle les baissera peut-être, mais elle ne le fera sans doute pas." "S'il fait beau, il ne fera pas moche.". Tout comme aux US, et partout dans le monde, les banques...

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