Législatives sous le signe de la résignation en Roumanie

reuters.com  |   |  501  mots

par Luiza Ilie

BUCAREST (Reuters) - Quand le Premier ministre roumain Victor Ponta a démissionné en novembre 2015, au lendemain d'une grande manifestation organisée après un incendie meurtrier dans une discothèque de Bucarest, beaucoup y ont vu une occasion de tout changer pour en finir avec la corruption et des services publics déplorables.

L'indignation suscitée par la mort de 64 personnes au Colectiv Club, qui n'avait pas suffisamment de sorties de secours ni les autorisations nécessaires, est aujourd'hui retombée, tout comme l'espoir de faire de la Roumanie un pays plus sûr et plus prospère.

La résignation face à une pauvreté endémique, aux promesses bafouées et aux réformes en souffrances semble même l'avoir emporté pendant la campagne pour les législatives de dimanche.

Les sociaux-démocrates (PSD), qui promettent une revalorisation des salaires et des retraites, accompagnée d'une baisse de la fiscalité, sont en tête des intentions de vote, malgré les scandales de corruption et la condamnation de Ponta, leur chef de file, pour fraude électorale.

"Les gens sont fatigués des promesses. Ils veulent des choses visibles, comme les salaires et il est temps qu'ils augmentent. Ils sont très bas", se plaint Grigore Constantin, chauffeur de taxi à Bucarest.

Le salaire moyen, qui est de 465 euros - soit près de 1.000 de moins qu'en Allemagne -, se situe à l'avant-dernière place européenne et les retraites sont moitié moins élevées.

40% DES ROUTES NON GOUDRONNÉES

La plupart des partis promettent des augmentations salariales, dont le coût sera difficile à assumer, d'autant qu'il y a un besoin urgent d'infrastructures dans la santé et l'éducation, avertissent les économistes.

L'état des comptes publics, affectés par la crise financière de 2008, pourrait être vu d'un mauvais oeil par la Commission européenne, qui réclame déjà un dégraissage de la fonction publique et l'éradication de la corruption.

La gauche, qui a été aux affaires de 2012 à 2015, est déjà revenue sur bon nombre de mesures d'austérité. La fiscalité a été allégée, le salaire minimum des fonctionnaires augmenté et le déficit budgétaire de 2017 devrait être quatre fois supérieur à celui de 2015, selon Bruxelles.

L'ancien commissaire européen Dacian Ciolos, qui dirige le gouvernement d'experts formé pour un an après la démission de Victor Ponta, s'est engagé à améliorer la transparence des services publics. Son équipe a lancé un plan de lutte contre la pauvreté étalé sur quatre ans.

"Le gouvernement ne conteste pas la nécessité d'une revalorisation des salaires dans certains secteurs, comme la santé et l'éducation, mais les médecins se plaignent de l'état des infrastructures et les enseignants comme les parents, de celui des écoles", a souligné le Premier ministre.

Un tiers des hôpitaux ne répondent pas aux normes sismiques, selon le ministère de la Santé, et 40% des routes ne sont pas goudronnées.

(Jean-Philippe Lefief pour le service français)