Après quatre trimestres moroses, l'emploi intérimaire se redresse

Le nombre d'intérimaires recensés par le ministère du Travail a augmenté de 7.700 au cours du premier trimestre 2019. Cette dynamique est portée principalement par le secteur du bâtiment.
Grégoire Normand
Dans la construction. 11.200 contrats temporaires ont été signés
Dans la construction. 11.200 contrats temporaires ont été signés (Crédits : Reuters)

Le travail temporaire retrouve des couleurs. Selon les derniers chiffres du service de statistiques du ministère du Travail (Dares) publiés la semaine dernière, l'emploi intérimaire s'est redressé légèrement au premier trimestre 2019 avec la création de 7.700 postes (+1%). Après avoir atteint des sommets en 2017, le nombre d'emplois intérimaires a ralenti avec la baisse de l'activité au cours de l'année 2018. À la fin du mois de mars, 795.000 intérimaires ont été recensés par la Dares. Ils représentent environ 3% de l'ensemble des salariés.

En ce début d'année, la croissance a été relativement riche en emplois. D'après les derniers résultats de l'Insee publiés la semaine dernière, les créations d'emplois ont bondi de 93.800 au premier trimestre, soit une hausse de 0,4% après 0,3% au dernier trimestre 2018. Les statisticiens de l'Insee ont révisé à la hausse leurs prévisions pour l'emploi notamment dans les services marchands. Ce rythme pourrait cependant ralentir dans les mois à venir. La banque de France a revu à la baisse ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) à 1,3% contre 1,4% pour 2019.

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La construction en plein boom

Cette hausse masque cependant des disparités entre les secteurs. Entre janvier et mars, les résultats favorables s'expliquent principalement par le dynamisme dans la construction. Après avoir diminué au dernier trimestre 2018 (-3%, soit -4.700), les créations d'emplois ont nettement rebondi pour atteindre 11.200, soit une augmentation de 7,2% dans la construction. Dans sa dernière note de conjoncture, la confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) expliquait que les bons chiffres du secteur s'expliquaient en grande partie par le dynamisme de la construction neuve (+3% en volume). Ainsi, la part de la construction dans l'emploi temporaire total grandit pour atteindre 21% contre 38% dans l'industrie et 41% dans le tertiaire. En revanche, quelques acteurs du secteur redoutent un sérieux coup de frein en fin d'année. La fédération français du bâtiment soulignait dans une note publiée en mars que la perspective des élections municipales risquait de mettre un coup d'arrêt à un certain nombre de projets.

Outre le bâtiment, l'emploi intérimaire se maintient dans l'industrie au premier trimestre après avoir connu une diminution entre octobre et décembre 2018 (-6.400). Sur un an, l'emploi industriel baisse fortement (-6,3%, soit 20.200 intérimaires en moins par rapport au premier trimestre 2018). Ce qui témoigne de la fragilité de l'outil industriel tricolore. Ces dernières semaines et encore plus après les élections européennes, plusieurs grandes entreprises ont annoncé des suppressions de postes comme General Electric. D'autres sites, comme l'usine Ford à Blanquefort, s'apprêtent à cesser leurs activités après des mois de négociations interminables.

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Le tertiaire dans le rouge

Dans le secteur tertiaire, la situation se dégrade encore. Les chiffres reculent pour le troisième trimestre consécutif avec -1%, soit 3.200 postes en moins. À la fin du mois de mars, 324.000 intérimaires ont été recensés dans ce secteur, soit environ 1,6% de l'ensemble des salariés travaillant dans les services.

Cette proportion de l'intérim dans le tertiaire reste bien moins importante que dans la construction (10,6%) ou l'industrie (8,7%). Au niveau géographique, la Bourgogne-Franche-Comté et la Nouvelle Aquitaine connaissent les hausses les plus marquées. À l'opposé, l'Ile-de-France, le Centre-Val de Loire et la région Provence-Alpes- Côte d'Azur enregistrent des baisses.

Montée en puissance des CDII

Moins connu, le contrat à durée indéterminée intérimaire (CDII), mis en place en 2014, monte en puissance. Les derniers chiffres du ministère du Travail signalent que le nombre de contrats signés a progressé de 13,3% entre janvier et mars 2019. Sur un an, il bondit de 37,9% pour atteindre 38.000. Malgré cette montée en charge, ce volume est relativement faible au regard du total de contrats intérimaires signés chaque trimestre. Les recruteurs sont longtemps restés frileux à l'égard ce type de contrat en raison notamment de "la technicité du dispositif" rappelait un rapport de l'observatoire de l'intérim et du recrutement en 2018. Du côté des travailleurs, la baisse du revenu représente une préoccupation importante ajoutent les auteurs du document.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 17/06/2019 à 22:38
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Tiens donc! les contrats de travail courts n'auraient-ils pas une utilité économique pour bien gérer les cycles de croissance?

à écrit le 17/06/2019 à 21:37
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La banlieue c'est morose !

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