« L’investissement doit être la priorité des priorités » (NKM)

Dans un entretien accordé à la Tribune, Nathalie Kosciusko-Morizet, la présidente du groupe LR au conseil de Paris détaille son plan de réformes pour relancer l'économie tricolore, ce qui représente un choc de compétitivité de 100 milliards d'euros. Elle plaide pour des mesures immédiates et des réformes dites " à mèche lente " , notamment sur les retraites.
"Il faut un choc de baisse des prélèvements obligatoires de 100 milliards sur les entreprises. Ce qui suppose d'assumer deux choses difficiles: d'abord on concentre les baisses sur les facteurs de production, pas sur les particuliers. Et par ailleurs, on accepte que le déficit se creuse transitoirement "

La Tribune- Vous proposez un choc de compétitivité de 100 milliards d'euros pour relancer l'économie française. Quelle est votre méthode ?

Nathalie Kosciusko-Morizet - Cette proposition part du constat suivant, fondé sur l'excellent travail de l'institut Rexecode : les entreprises françaises paient 120 milliards d'euros d'impôts, de taxes et de cotisations de plus que leurs concurrentes allemandes ! Elles ne luttent pas à armes égales.

Pour pouvoir créer des emplois, il est urgent de relever la compétitivité des entreprises et en particulier la compétitivité hors-prix, il faut donc donner la possibilité aux entreprises d'investir. Tous nos efforts doivent être fléchés vers ce seul et unique but : l'investissement productif. C'est en expliquant la cohérence de cet objectif aux Français, en donnant du sens, que nous pourrons mettre en place un vaste plan de modernisation de notre économie.

Concrètement ?

Ce différentiel entre la France et l'Allemagne pèse essentiellement sur les facteurs de production que sont le capital et le travail. C'est absurde. Il faut un choc de baisse des prélèvements obligatoires de 100 milliards sur les entreprises. Ce qui suppose d'assumer deux choses difficiles: d'abord on concentre les baisses sur les facteurs de production, pas sur les particuliers. Et par ailleurs, on accepte que le déficit se creuse transitoirement. Le choc sur les prélèvements obligatoires et les réformes structurelles qui l'accompagnent sont lancés dans le même mouvement, mais les secondes sont des "mèches lentes". Elles ne donnent pas leurs fruits dans le même calendrier. C'est ce que j'ai appelé "faire descendre les impôts par l'ascenseur, et les dépenses par l'escalier". Côté réformes structurelles, je pense avant tout au marché du travail et aux retraites. La France consacre 14% du PIB aux dépenses de retraite contre seulement 10% en Allemagne. Nous devons lancer le plus rapidement possible le processus remontant l'âge légal de la retraite à 65 ans. Mais je suggère aussi d'instituer à plus long terme un système de retraite par points. C'est un système plus juste et plus lisible, et par ailleurs mieux adapté à la diversité croissante des parcours dans le monde du travail.

A elles seules, ces deux mesures permettraient d'économiser une cinquantaine de milliards d'euros à terme.

Toujours pour relancer l'investissement productif, je souhaite une réforme de l'ISF avec retour du taux marginal à une fraction, - et non un multiple! - des taux d'intérêt, et déplafonnement de l'ISF PME. Avec une telle mesure, on fait une pierre deux coups. D'une part, on retire son caractère confiscatoire à l'ISF, d'autre part, on donne plus de moyens aux entreprises pour investir.

Il ne faut donc pas supprimer l'ISF ?

Dans un monde fiscal idéal, il n'y aurait pas d'ISF. Ceci dit, c'est tellement symbolique, que si on le supprime on risque de ne faire que cela. D'ailleurs beaucoup de ceux qui reparlent aujourd'hui de le supprimer ont été en position d'arbitrer par le passé, et ne l'ont pas fait. Je propose donc plutôt de le rendre inoffensif en terme d'exil fiscal, et d'utiliser son produit au service de l'investissement. Je milite dans la même logique pour un déplafonnement du dispositif Madelin qui permet aux ménages d'alléger leur facture fiscale en investissant dans les PME ainsi que pour une véritable exonération des biens professionnels de l'ISF.

Tout le monde dit vouloir redonner confiance aux entreprises. Quelles sont vos propositions ?

Plutôt que la réforme permanente, extrêmement déstabilisante pour les entreprises qui ont besoin de prévisibilité, nous avons besoin de quelques mesures immédiates. Par exemple en simplifiant et en généralisant davantage les possibilités de recours au CDD et en assouplissant les conditions d'exécution de ce contrat. S'agissant du CDI, il faudrait une bonne fois pour toutes préciser ce que sont les causes réelles et sérieuses d'un licenciement. Et bien entendu il faut donner la primauté à l'accord majoritaire en entreprise sur les règles de branche ou édictées uniformément au niveau national. Le pragmatisme plutôt que la doctrine!

Vous plaidez pour un choc de compétitivité mais le gouvernement actuel mène une véritable politique de l'offre. Que vous inspirent par exemple le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), les allègements de cotisations patronales intégrées au Pacte de responsabilité ?

Certaines de ces mesures vont dans le bon sens mais elles ne s'intègrent pas dans une politique cohérente de relance de l'investissement qui est, selon moi, la mère de toutes les batailles. Résultat, le gouvernement peut prendre toutes les décisions possibles, il reste inaudible.

Et s'agissant des mesures à plus long terme ?

Il faut anticiper l'évolution du salariat. Un mouvement profond de mutation est en court, avec le développement, à côté du pilier qu'est le salariat, d'un nouveau pilier fait d'indépendance. Tout y concourt. Parfois ce sont les salariés qui veulent plus de liberté, moins de subordination. Parfois ce sont les employeurs qui veulent moins de contraintes et d'engagement. Le passage d'une économie de produits à une économie d'usage joue un grand rôle dans cette transformation. Les nouvelles technologies permettent de répondre à ces différentes aspirations mais en même temps elles viennent percuter l'économie classique. On le voit, par exemple, à travers le conflit qui oppose les taxis et Uber. Il ne sert à rien de lutter contre cette mutation et l'arrivée de cette nouvelle économie. Au contraire, il faut accompagner et structurer. Il n'est pas question de laisser ces nouveaux indépendants sans protection sociale. Ceci pourrait se faire via une réforme du RSI et en développant la portabilité des droits. Il n'est pas question non plus que ces nouvelle entreprises numériques ne participent pas au financement de la protection sociale. Il faut donc poser de nouvelles règles du jeu.

Commentaires 39
à écrit le 08/07/2015 à 10:49
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La priorité c'est l'investissement... et l'eau ça mouille et les méchants sont pas gentils. Et après une fois aux affaires, les politiques taxent encore plus les entrepreneurs et favorisent les rentiers aussi bien à droite qu'à gauche. Bienvenue en ...

à écrit le 08/07/2015 à 5:49
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J'aime beaucoup NKM, peu de gens le savent mais elle est mariée avec un socialiste et ca lui donne une sorte de comprehension vis a vis de l'autre camp. Juste pour commenter sur l'ISF. Je suis bien loin de payer cet impot. Mais je ne comprends pas qu...

à écrit le 07/07/2015 à 21:28
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Quel programme rien de bien neuf tout dans le discours…. Commençons par le plus grand mensonge de tous les politiques: « Et par ailleurs, on accepte que le déficit se creuse transitoirement » on connait Madame le transitoire en politique il est aujou...

à écrit le 07/07/2015 à 20:07
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Investir c'est créer les emplois de main. Comment puis-je investir alors que je n'ai aucune perspective de profit? Les emplois sont dans les TPE, PME pas dans les grosses structures multinationales qui ont pour territoire le vaste monde! Modifer le...

à écrit le 07/07/2015 à 16:20
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C'est fou les "il faut" et "y a qu'à/faut qu'on" qui arrive avec le temps de plus en plus proche des élections... Ces brillantes personnes ne pouvaient pas le faire avant ?

à écrit le 07/07/2015 à 15:58
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"Nous devons lancer le plus rapidement possible le processus remontant l'âge légal de la retraite à 65 ans". Je me demande si des salariés votant FN vont donner leur voix ensuite aux "les Républicains" en cas de deuxieme tour en 2017 avec ce genre...

le 07/07/2015 à 17:51
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J'ai toujours voté R.P.R U.M.P Candidats d' Union droite et centre Républicains. La retraite à 65 ans : là ils m'ont perdu. 42 ans de cotisations, et 65 ans pour le seul régime général. C'est NON : nous avons fait assez de sacrifices retraites, no...

le 08/07/2015 à 0:55
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Alors il faut voter juppé-bèrou, ces vieux qui gouvernaient il y a 25 ans, et qui reculeront toujours face aux syndicats et à la rue. sarkozy fillon lemaire ne reculeront jamais. Nous sommes les seuls a etre saignés, actifs et retraités du privé : ju...

à écrit le 07/07/2015 à 15:29
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...pour une fois, je suis d'accord avec elle sur le fond. Dommage que la forme soit encore politiquement correct, notamment à l'égard de l'Isf ! (je ne suis pas (et de très loin) assujetti à l'Isf; mais quelle foutaise!))

à écrit le 07/07/2015 à 15:10
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Les esprits ne sont pas prêts... tout simplement parce que les chefs d'entreprise ne sont pas a la hauteur, pas encore. Il faut attendre l'arrivée de la nouvelle génération. De plus, il me semble que NKM confond investissement et baisse de charges. E...

à écrit le 07/07/2015 à 14:41
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Je pense que KM nous prend pour des jambons . Elle oublie qu'à force de faire bruler la mèche, même lentement, ce qui a au bout explose . Il y en a marre, l'un fait l'autre défait etc. Qu'elle aille travailler même qu'une seule journée et à son age s...

le 07/07/2015 à 15:32
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C'est ça, ne faisons rien.

le 07/07/2015 à 16:00
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@Mauricius Ca dépend qu'est-ce que tu comptes faire ?

le 07/07/2015 à 18:13
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Elle y était avec Zebulon , et ils n'ont vraiment rien fait à part gesticuler dans tous les sens et faire du vent alors en revenant à nouveau j'ai plus que des doutes . Le grand malheur à tout cela je ne vois pas grand monde . Puis un peu de sérénité...

à écrit le 07/07/2015 à 14:07
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Belle image :elle pourrait faire de la pub pour un dentifrice :la on achète tout de suite mais pour l'investissement ça c'est une autre paire de manches car investir c'est bloquer son argent et le gain éventuel est accaparé par les impôts ,l'Urssaf...

à écrit le 07/07/2015 à 13:19
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@BA 7/7 11:08 Ce que vous écrivez est tellement évident que nos politiques n'osent pas le faire.... Pourquoi ? Avant de dépenser pour des résultats très aléatoires, on baisse les coûts et on arrête le fuite en avant. Quand on a remis de l'ordr...

à écrit le 07/07/2015 à 12:51
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De 2002 à 2012, les amis UMP (ex UDR SAC RPR) de NKM Sarkozie Wauquiez Fillon n'ont pas cessé de casser l'industrie ; De même pour l'innovation / investissements, la France a sombré sans discontinuer : Innovation mondiale : La Suisse, la Suède et...

à écrit le 07/07/2015 à 11:54
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Demander a d'autre d'investir confirme que la confiance n'est pas là pour le faire!

à écrit le 07/07/2015 à 11:47
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NKM a perdu toute crédibilité à mes yeux avec son comportement dans l'affaire de la tour Triangle: politique politicienne et oubli de l’intérêt publique. Merci aux centristes parisiens d'avoir encore le sens des responsabilités et adieu NKM.

le 07/07/2015 à 12:44
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Exactement ! Pas besoin de gens comme elle pour nous représenter.

le 07/07/2015 à 15:12
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C'est Anne Hidalgo qui a perdu toute creibilite, nuances...

à écrit le 07/07/2015 à 11:39
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même discours ridicule de capitalisme à tout va, baisse des impôts, donc suppression des services publiques.. et ça se dit gaulliste ^^ (le Charles doit faire des bons dans sa tombe...et pourtant c'est pas mon mis) NKM comme les autres chantres du...

le 07/07/2015 à 14:20
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Oui mais alors qui paye les services publics et tout le reste? Le secteur privé? Vous? Qui va investir en France pour financer la dépense publique de 57,5 % du PIB? Pas moi! Adieu la France!

le 07/07/2015 à 15:16
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Mr Jipé, pour qui TINA rime avec seule raison de vivre. PIB , je tairai ma traduction de cet acronyme phallique, car mon commentaire serait supprimé par la modération. Nos impôts sont la pour subvenir aux service publics (vrais services public...

le 07/07/2015 à 15:22
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Certes, il faut sanctuariser la santé, mais que dire des aides au logement? De la prime d'activité? Du mille feuille administratif? Des honoraires du notariat?

à écrit le 07/07/2015 à 11:20
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" d'abord on concentre les baisses sur les facteurs de production, pas sur les particuliers" Comme si l'actionnaire et la société étaient deux personnes ! C'est évident qu'il faut supprimer pas mal d'impôt sur les riches, quelque soit le moment...

à écrit le 07/07/2015 à 11:08
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La dette de 2100 milliards d'euros doit être réduite, l'État ne doit plus dépenser plus qu'il n'a de rentrées fiscales. A lire votre article on note "augmenter les déficits provisoirement" une chanson bien connue , après moi le déluge. On a pas le d...

à écrit le 07/07/2015 à 11:03
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ça ne tiens pas la route, c'est du pur UMP déficitaire !

à écrit le 07/07/2015 à 9:51
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Supprimons les niches fiscales et les aides aux entreprises. Avec ces recettes supplémentaires, baissons les charges de TOUTES les entreprises, très petites et très grandes.

à écrit le 07/07/2015 à 9:38
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En bref je baisse les impots mais pas les depenses en proportions et donc je fais encore plus de deficit... Ca n a jamais marche, c est exactement ce qu on fait chirac et Sarkozy. Sinon je signale a NKM que la principale force de l allemagne c est...

le 07/07/2015 à 11:22
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"En bref je baisse les impots mais pas les depenses en proportions et donc je fais encore plus de deficit... Ca n a jamais marche, c est exactement ce qu on fait chirac et Sarkozy." Chirac a augmenté les impôts. Sarkozy a certes un peut baissé les...

le 07/07/2015 à 12:49
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Le logement coût beaucoup moins cher en RFA qu'en France. Nicolas vous dites n'importe quoi. La France a une bulle immobilière qui est parti de Paris et se répand dans les grandes villes de provinces ou immobilier et revenu possible pour les classes...

le 07/07/2015 à 13:01
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C'est grâce au faible prix de l'immobilier en Allemagne que les lois Hartz ont pu passer sans créer une explosion sociale. On ne saura jamais combien de points de PIB, et de perte de compétitivité, nous ont coûté cette bulle immobilière volontaire...

le 07/07/2015 à 14:12
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Contre exemple :Baden Baden- Munich- Rügen - Hambourg :les beaux quartiers sont encore plus chères que Paris .

le 07/07/2015 à 14:46
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L immobilier est bien moins cher en RFA qu en France. C est pas la peine de prendre Berlin/Paris comme ex qui est en effet fausse (a Berlin il n y a quasiment que le gouvernement) Meme Munich, ville la plus chere d allemagne est moins chere que par...

le 07/07/2015 à 14:52
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Je ne disais pas que Sarkozy ou CHirac ont baissé les impots. Je faisait reference a leur discours AVANT d etre elu. c ets exactement le meme que NKM ! Autrement dit discours chirac7sarkozy/NKM = "je baisse les impots, ca genere de la croissance et ...

à écrit le 07/07/2015 à 9:06
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Il faut relancer l'investissement c'est pourquoi elle s'est oppose au projet de la tour triangle! NKM Sarko meme combat et meme blabla!

à écrit le 07/07/2015 à 9:01
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La tribune vous avez pris une photo de Voici.

à écrit le 07/07/2015 à 8:21
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C'est sur ce genre de constat, partagé par une large majorité des français, que Sarko s'est fait élire en 2007. Huit ans après, dont cinq années où il a eu le pouvoir de changer les choses, on en est toujours au même point. Moralité : même NKM ne va...

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