Statistiques : l'Insee veut aller "plus vite"

Calculées par l'Institut, les statistiques portant notamment sur la croissance seront bientôt publiées 30 jours après la fin de chaque trimestre et non plus 45 jours après. L'indice des prix à la consommation mensuel, le taux de chômage trimestriel au sens du BIT et le taux de pauvreté annuel seront également connus plus rapidement.
Fabien Piliu
Les chiffres de la croissance seront bientôt connus au bout de 30 jours
Les chiffres de la croissance seront bientôt connus au bout de 30 jours

L'Insee n'échappe pas à l'accélération du temps. En effet, en 2016, les statistiques portant sur la croissance trimestrielle, l'indice des prix à la consommation (IPC) mensuels, le taux de chômage au sens du BIT et le taux de pauvreté seront connues plus rapidement.

Concrètement, une première estimation du PIB sera dévoilée 30 jours après la fin d'un trimestre, contre 45 jours jusqu'ici. Une mise à jour sera dévoilée quinze jours plus tard, 60 jours après la fin du trimestre. Les comptes définitifs seront connus au bout de 85 jours.

D'où vient le gain de temps ?

Comment l'Insee parvient-elle à accélérer ses estimations ?

"Cette mise à disposition précoce est rendue possible par le fait que de nombreuses sources sont elles-mêmes disponibles plus tôt qu'avant ", explique Jean-Luc Tavernier, le directeur de l'Insee, précisant toutefois que cette première estimation nécessitera l'extrapolation de certaines données.

En effet, 30 jours après un trimestre, les statistiques du dernier mois portant sur la production industrielle, l'investissement des ménages en logement, les chiffres des Douanes et la balance des paiements ne sont pas connus

Cette nouveauté prendra effet le 29 janvier 2016 avec la publication des statistiques du quatrième trimestre 2015.

Paradoxalement, cette accélération du calendrier ne permettra pas de connaître plus rapidement les statistiques annuelles de la croissance. Il faudra attendre un peu plus longtemps, environ quinze jours, pour connaître l'estimation de la croissance annuelle par l'Insee.

Une marge d'erreur limitée

En devenant le premier pays européen à agir ainsi, l'Insee prend-elle des risques ? Après les 12 tests réalisés par l'Institut, la révision absolue est en moyenne de 0,07 point de PIB.

L'indice des prix à la consommation mensuel est sera également dévoilé plus tôt, dès la fin de chaque mois, soit quinze plus tôt qu'aujourd'hui. Ainsi, l'indice de janvier sera connu le 28 janvier. L'IPC définitif continuera à être publié le 15 du mois suivant au Journal officiel.

Le taux de chômage au sens du BIT sera également dévoilé plus rapidement. Autour du 20 mai 2016, on connaîtra le taux observé au premier trimestre. Cet avancement du calendrier est rendu possible par une nouvelle organisation des traitements de l'enquête emploi amorcée par la refonte de l''enquête en 2013.

Quant au calcul du taux de pauvreté, qui continuera à être publié un an et demi après la fin d'une année civile, il fera l'objet d'une expérience de micro-simulation qui permettra de l'estimer plus rapidement grâce à la modélisation de certaines données de revenus et des barèmes de la législation fiscale et sociale.

Pour justifier l'avancement de son programme de publications, l'Insee fournit plusieurs explications.

" C'est un sujet dont débattent depuis longtemps les statisticiens internationaux. Nous nous alignons sur les méthodes d'Eurostat et sur certaines pratiques déjà en vigueur aux Etats-Unis ", explique Jean-Luc Tavernier.

L'objectif est-il d'être aussi rapide que le Bureau national des statistiques chinois qui publie une estimation du PIB quinze jours après la fin de chaque trimestre ? Compte tenu de la fiabilité douteuse des statistiques chinoises, le risque est faible.

Fabien Piliu
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